Selon des sources concordantes, c’est pour tromper la vigilance des partenaires et la population de Gao, que la cérémonie de lancement du projet de rénovation du tombeau des Askia a enfin eu lieu, le 10 mars dernier dans la Cité des Askias. Sauf que la comptabilité autour du financement du projet, 300 millions F CFA, laisse apparaître un trou, objet de divers soupçons d’indélicatesses.
Le lancement du projet a eu pour cadre la salle de conférence de Pied à terre de Gao. Cet événement a enregistré la présence du ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, accompagnée d’une forte délégation, composée de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maiga, le représentant de la fondation ALIPH, le représentant de l’UNESCO, le Directeur national du patrimoine culturel, Moulaye Coulibaly et le Directeur national de l’action culturelle, Lamouta Traoré. Comme l’exige la tradition, ils ont d’abord rendu une visite de courtoisie chez les notables de la cité des Askia. Il s’agit du chef Arma, le chef songhoy et le président du comité de gestion du site du tombeau des Askia, Ali Bady Maiga. Depuis 07heures et demi, il y a eu une forte mobilisation des artistes au niveau de la salle de conférence pour réserver un accueil chaleureux à la délégation
Etaient également présents à la rencontre, le maire de la commune urbaine de Gao, le représentant de l’autorité intérimaire, les notables, les Directeurs des services techniques et les organisations de la société civile.
Au cours de ce lancement, aucun détail technique n’a été donné dans le cadre de la mise en œuvre du projet. Il s’agit de la date exacte du démarrage du projet. « A quand l’appel à candidature pour le recrutement du personnel du projet? », s’interrogent les acteurs et observateurs de la scène culturelle malienne.
Selon, une source proche du Cabinet du département, “Ces fonds étaient disponibles depuis 2019, et sur les 300 millions F CFA, 50 millions ont été déjà décaissés…. Comment ont-ils été utilisés ? Silence et boule de gomme ! Des réflexions sont en cours pour justifier ces 50 millions et voir encore d’autres sommes à détourner avant le démarrage réel des travaux’’.
Ainsi, après huit ans au poste de ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo n’a jamais mis pied à Gao, si ce n’est quand elle a senti l’odeur des importants fonds en jeu pour la réhabilitation du tombeau des Askias. Et ceci, malgré la crise de 2012, qui avait affecté l’un des principaux patrimoines culturels de notre pays, le tombeau des Askia, au cours de l’occupation. Bien qu’ayant été physiquement usé par les aspérités de la nature, ce tombeau n’a pas fait l’objet de crépissage, interdit par les groupes armés. Ce qui a provoqué des fissures et des trous sur les bâtiments.
La crise a également provoqué le déplacement des autorités responsables de la gestion du bien, regroupées au sein d’un comité de gestion. La destruction du matériel de l’orchestre régional de Gao “le Songhoy Star” et les espaces culturels par ces mêmes groupes jihadistes.
Il a fallu d’abord un projet juteux de réhabilitation du tombeau pour que madame la ministre puisse effectuer un déplacement sur Gao. Il s’agit donc du projet de réhabilitation du tombeau des Askia, qui la préoccupe beaucoup…
L’objectif de ce projet est d’assurer la conservation durable du tombeau des Askia et sa promotion par la valorisation de l’architecture traditionnelle à travers les savoirs, les savoir-faire et les matériaux locaux de construction.
Il s’agira de consolider les piliers, d’alléger le poids du banco sur le toit, de renouveler toutes les charpentes et de renforcer l’ensemble des structures du bâtiment. Il a été élaboré et soumis en 2018 à la fondation Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH)par le ministère de la Culture à travers la Direction nationale du patrimoine culturel (DNPC)). Le financement, d’un montant de 500 000 francs suisses, soit environ 300 millions F CFA, était acquis en 2019, mais avant le déblocage des fonds, la fondation ALIPH a saisi toutes les institutions internationales œuvrant dans le cadre de la protection du patrimoine culturel, comme l’UNESCO, par exemple, afin de revoir ensemble le budget du projet, qui a été jugé exorbitant. Mais le département de la Culture, avec à la tête du projet, le Directeur national du patrimoine culturel, Moulaye Coulibaly et son équipe, ont coûte que coûte défendu ce projet. Est-ce par patriotisme désintéressé ou pour en tirer des profits sonnants et trébuchants ?
Par ailleurs, selon nos sources à Gao, la ministre N’Diaye Ramatoulaye Diallo s’est précipitée pour quitter Gao avec sa délégation, sans daigner faire un tour pour tâter du doigt le chantier de la grande maison de la salle de spectacle, qui reste toujours inachevée.
Baba Djilla SOW
Le Challenger