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Importation frauduleuse de cuisses de poulet au Mali : El Hadji Yacouba Djittèye démasqué par la DRSV

C’est seulement le mardi dernier que nous évoquions l’introduction clandestine de la chair de volaille dans notre pays. Comme par enchantement, le même mardi, un fraudeur se fait coincer  par les contrôleurs de la Direction Régionale des Services Vétérinaires (DRSV). On peut ainsi dire que bolibana (la course est finie) pour El Hadj Yacouba Djittèye, puisse que c’est de lui qu’il s’agit.

Au Mali, la cupidité et la pratique du raccourci pour se faire de l’argent dans la totale  impunité en procédant par des trafics d’influence est devenue monnaie courante chez certains.

Au même moment où tout le pays craint une contamination de la grippe aviaire, découverte dans les basse-cours d’un pays voisin, un cupide commerçant importateur des poissons de mer a cru pouvoir tromper la vigilance des agents de la DRSV en introduisant tout «un  conteneur» de cuisses de volaille, dont l’origine est ignorée de nos services techniques. Car, toute denrée alimentaire qui entre dans notre pays doit être munie d’un certificat d’origine qui renseigne sur le produit. Mais pour que ce sésame soit demandé, il faut que le produit lui-même, soit autorisé à la vente au Mali. Or malheureusement pour lui, l’importation de la viande de volaille est interdite au Mali, conformément aux Arrêtés interministériels n°09-1651 /MIIC-MEF-MEP-MSIPC du 8 juillet 2009 et n°09-1652 /MIIC-MEF-MEP-MSIPC du 8 juillet 2009 portant respectivement sur l’interdiction d’importation et de transit des oiseaux et produits avicoles et sur l’interdiction d’importation de la viande fraiche de volaille au Mali. Mais, El Hadj Yacouba Djittèye, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a fait semblant d’ignorer ces deux textes. Car selon le chef de division santé publique de la DRSV, Bamba Kéita, beaucoup d’importateurs de poissons avaient demandé l’autorisation d’importer la chair de volaille au Mali. Mais chaque fois, qu’ils reçoivent une demande du genre, ils appellent les intéressés pour les montrer la réglementation. Mais comme El Hadj Yacouba Djittèye est adossé à des gens bien placés, il a cru qu’il peut se permettre de travailler dans le marché noir. Soutenu ainsi par des gens d’en haut, il s’est permis d’importer tout un conteneur de produit (avarié peut-être) pour approvisionner des détaillants de poissons de mer dans les différents marchés de la capitale sans se douter de rien. Mais, le voleur a beau courir, il finira par se faire rattraper par le propriétaire un jour. Et malheureusement, c’est ce qui lui est arrivé le mardi dernier à la poissonnerie Mama Niaré à côté de la station Oryx de Lafiabougou, où travaille un certain Gaoussou Kané, par qui tout est arrivé.

Les masques tombent

A l’origine, tout est parti d’un simple de contrôle de routine. Comme des équipes de contrôleurs de la DRSV sortent tous les jours pour s’assurer de la mise en œuvre effective des textes relatifs à la sécurité sanitaire des aliments, dans le cadre de la protection du consommateur. C’est au cours d’une opération du genre qu’ils sont tombés sur quelques cartons de cuisses de volaille dans les frigos de Gaoussou Kané. Ainsi, conformément aux Arrêtés interministériels n°09-1651 /MIIC-MEF-MEP-MSIPC du 8 juillet 2009 et n°09-1652 /MIIC-MEF-MEP-MSIPC du 8 juillet 2009 portant respectivement sur l’interdiction d’importation et de transit des oiseaux et produits avicoles et sur l’interdiction d’importation de la viande fraiche de volaille au Mali, les contrôleurs procédèrent à la saisie du produit prohibé en lui remettant un certificat de saisie  pour servir de justification au cas où. Selon nos sources, paraphrasant Gaoussou Kané, après le départ des contrôleurs avec la marchandise, il informa son fournisseur, qui s’est transporté dans son magasin pour récupérer le certificat de saisie. Dans ses explications, il est allé montrer cette pièce à un haut gradé de la Police. Qui semble lui avoir dit que la pièce est fausse, car l’entête établie au nom du ministère de l’Elevage et de la Pêche n’existe plus. Quand bien même que le cachet est correct.

Au lieu de chercher à connaitre  les textes qui réglementent le commerce de la chair de volaille, il a attendu de pied ferme la nouvelle visite des contrôleurs. Mais, comme son partenaire Gaoussou Kané est un intellectuel, il a refusé de prendre une nouvelle offre en lui disant qu’il préfère ne pas avoir de soucis avec des agents de la DRSV à cause d’une marchandise à problème. Car, dans le partenariat, il livrait le produit et Gaoussou Kané le vendait, prend son bénéfice et garde le capital qu’il paie au moment du renouvellement du stock. Ce qui a permis d’accroître son chiffre d’affaires. Cette première saisie suscita naturellement l’intérêt des contrôleurs qui ont renforcé la vigilance chez  Gaoussou Kané, qui se méfiait désormais de la marchandise à problème. Mais, à force d’arguments, il réussi à convaincre son client qui a repris du service, jusqu’au mardi dernier, où malheureusement pour les deux, les contrôleurs y ont fait un tour en y découvrant la même quantité marginale certes, mais suffisante pour déclencher une enquête approfondie sur le cas. Mais, en attendant, ils ont décidé de saisir l’existant. Mais, avant que ceux-ci ne se retirent avec la marchandise, Gaoussou Kané a informé son fournisseur, El hadj Djittèye qui s’est immédiatement transporté sur les lieux. D’un ton menaçant, il s’adresse aux contrôleurs en leur tenant des propos désagréables. Il est allé jusqu’à menacer ses interlocuteurs de radiation de la fonction publique en se fondant sur ses soutiens à la Police et ses partenaires avocats. Intimidation ou simple boucan ? Difficile de répondre à cette question. En tout cas, il croyait qu’à l’issue de ses conversations précédentes avec son soutien policier, qui ignore les mesures d’interdiction, il avait raison sur les contrôleurs.

C’est ainsi qu’il fera appel à son parent policier aux épaules biens remplis, qui instruit au commissaire du 14ème arrondissement, basé dans la zone ACI 2000 d’intervenir. Mais, contre son attente, il a failli passer la nuit au « gnouf » de  la Police. Car, contrairement à ses prétentions, le commissaire a exécuté l’ordre avec beaucoup d’intelligence, puisqu’il concerne des agents de l’Etat dans l’exercice de leur fonction. Dès réception du message, celui-ci envoya son adjoint chercher les deux parties pour les emmener au commissariat afin qu’elles s’expliquent. Au cours des discussions, qui s’étaient tenues dans le bureau du commissaire, celui-ci signifia à El hadj Djittèye qu’il ne lui est pas permis d’outrager des agents dans l’exercice de leur fonction surtout lorsqu’on exerce des activités illicites Avant  de lui dire que dans des conditions normales, les contrôleurs de la DRSV devraient être accompagnés par des agents de la Police dans leurs missions de terrain.

« Si j’étais sur le terrain au moment où tu professais toutes ces menaces, je t’aurais fait boucler. Et tu allais dormir en prison pour outrage aux agents en fonction » a-t-il expliqué. En conclusion, il lui a dit que désormais, il est dans leur viseur. Car, c’est tout un conteneur de cuisses de volaille prohibée qui est en jeu. Pour l’instant, le reste est caché, mais jusqu’à quand ?  En tout état de cause, le commissaire a promis à la Directrice Régionale des Services Vétérinaires de l’aider à mettre le grappin sur le reste.

C’est dire que cette interpellation est une alerte pour les autorités. Car, Djittèye a usé des subterfuges pour emballer Gaoussou Kané, qui, malgré son niveau intellectuel, n’a pas réussi à échapper à la duperie. Il l’a convaincu de la légalité de tous ses papiers, y compris des pièces de dédouanements de la marchandise en règle. Ce qui n’est pas évident. Car, le nouveau directeur général des Douanes du Mali, Modibo Kané Kéita est à cheval sur les principes. Pour preuve, dans une récence correspondance de félicitation adressée à ses collaborateurs, il a réitéré son attachement non seulement à l’observation stricte des procédures de dédouanement, mais aussi et surtout leur rôle de gendarme de notre économie. Donc, si dédouanement, il y a, il ne peut être que frauduleux. Signalons aussi qu’au niveau de chaque poste de contrôle (aussi frontalier qu’à l’entrée des grandes agglomérations) une équipe de contrôleurs veillent sur la santé des consommateurs.

Affaire à suivre

Mohamed A. Diakité

 Source: Tjikan
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