Le refus de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) et du FSD (Front pour la Sauvegarde de la Démocratie) de participer au dialogue national inclusif, les points de l’accord pour la paix qui font polémique, la lutte implacable lancée contre la corruption et la délinquance financière par le Pôle Economique et Financier…
Tels sont, entre autres, les thèmes abordés dans cette interviou que le Chef de l’Etat nous a accordée. C’était le week-end dernier, à sa résidence privée de Sébénikoro. Entretien. Sans concession.
Mr le président, le dialogue national aurait-il encore un sens sans la participation de la CMA et du FSD, qui viennent d’y suspendre leur participation ?
Le dialogue national gardera tout son sens, avec ou sans leur participation. Le Mali n’appartient ni à la CMA, ni à l’opposition. Et ce sont les Maliens qui décideront de ce qui sera leur pays demain. Et non une poignée de personnes, plus promptes à défendre leur bifteck que l’intérêt général.
L’idée de ce dialogue national inclusif est venue de Soumaïla Cissé lui-même, président du FSD. Si j’ai accepté de l’organiser, c’est pour permettre à tous les Maliens d’échanger autour des grandes préoccupations de l’heure, afin de trouver les voies et moyens, capables de sortir notre pays de cette crise multiforme dans laquelle il se débat depuis plus de sept ans.
Pourquoi la CMA suspend t-elle sa participation à ce dialogue national ?
Selon leur communiqué laconique diffusé par les réseaux sociaux, c’est parce que j’avais annoncé que certains points de l’accord pour la paix y seront discutés. Si tous les problèmes de la nation doivent être mis sur la table et discutés, je ne vois pas pourquoi l’accord n’y ferait pas partie.
Car, disons-le, sans langue de « boa », pardon de bois, l’un des plus gros problèmes du Mali, actuellement, c’est cet accord, dont l’application n’est pas sans conséquence – à court, moyen et long termes – sur l’intégrité de notre pays.
Ce sont les Maliens qui demandent que certains points de l’accord soient discutés et corrigés. Et ce sont eux qui décident de ce qui sera leur pays.
Si la CMA, composée d’une poignée d’individus au service des impérialistes, croit que leur absence au dialogue national inclusif obligerait les Maliens à accepter l’accord tel quel, elle se trompe. Les points de l’accord, qui empêchent son application, seront discutés, et les résolutions, qui en seront issues, seront exécutoires.
La suspension de la participation de la CMA au dialogue national inclusif n’est-elle pas une façon pour elle de se faire prier, avec à la clé, une mallette pleine de billets de banque, comme c’est souvent le cas ?
C’est vrai que, parfois, le gouvernement a l’habitude de motiver les leaders de la CMA, financièrement parlant, pour les amener à participer à certaines rencontres.
Mais cette pratique n’est plus de saison. C’est fini, terminé ! Comme la carotte ne marche plus avec les leaders de la CMA, nous allons essayer le bâton.
N’est-il pas temps, Mr le président, de mettre fin à leur hébergement à l’hôtel ONOMO aux frais de la République ?
Si les leaders de la CMA refusent de participer au dialogue national inclusif, ils doivent s’attendre aux conséquences.
Lesquelles ?
Le gouvernement mettra un terme à leur hébergement aux frais de la République du Mali. Autrement dit, si les leaders de la CMA ne participent pas au dialogue national inclusif, ils vont devoir quitter l’hôtel ONOMO pour les montagnes de Tegargar. A eux de choisir.
Mr le président, la lutte contre la corruption et la délinquance financière est entrée dans une phase décisive, avec l’interpellation du tout-puissant Bakary Togola et le président du Conseil régional de Kayes et leurs proches.
Cette lutte contre la corruption ira jusqu’au bout. Et ce ne sont pas les jérémiades des uns, ou l’abject chantage des autres, qui me feront changer d’avis.
Se sentant dans le viseur du Pôle Economique et Financier, certains ambassadeurs – dont nous tairons les noms pour l’instant – ont lancé une cabale contre le Bureau du Vérificateur général et son personnel pour les discréditer et, du coup, tenter de sauver leur peau…
Je vois de qui vous voulez parler, même si vous refusez de les citer pour des raisons, facilement, imaginables.
Mais, ils perdent leur temps. S’ils croient pouvoir s’en tirer à bon compte ainsi, ils se gourent. Tôt ou tard, ils apprendront à leurs dépens qu’IBK a changé. La justice malienne, aussi.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Canard Déchaîne