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IBK, DOUZE MOIS AU POUVOIR Mots pour maux

Demain 19 septembre, le président de la République va certainement se rappeler qu’il y a un an, jour pour jour, il jubilait au stade du 26 mars, devant le peuple malien et devant des chefs d’Etat africains et français qu’il avait conviés à assister à son gala d’investiture en grandes pompes. Ce jour, il a repris son serment et tenu la promesse de relever le pays, de laver l’honneur du Mali battu par quelques mouvements rebelles terroristes narcotrafiquants, d’œuvrer pour le bonheur des Maliens qui vivaient le martyre. Douze mois après, qu’en est-il ?

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Le serment trahi   
Il y a un an, fraichement élu président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita prêtait serment devant le peuple malien, jurant de préserver l’intégrité territoriale, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, de ne viser que l’intérêt supérieur du peuple.
Aujourd’hui, la région de Kidal, le cercle de Ménaka et plusieurs localités des régions de Gao et de Tombouctou sont sous le contrôle des groupes armés terroristes. la démocratie est malmenée par certains dont la volonté est de faire du RPM, le parti présidentiel, un parti-Etat, un parti unique non constitutionnel. Les compétences et le mérite ne sont plus nécessaires pour prendre l’ascenseur et accéder aux postes juteux, il suffit juste d’avoir une carte du parti, d’avoir l’oreille attentive et intéressée du père, du fils ou de Saint-Isaac.
L’unité nationale est menacée par la perspective d’un statut particulier à accorder aux trois régions du nord, consacrant officiellement la partition du pays en Nord-Mali et Mali du sud. L’intérêt supérieur du peuple, « le Mali d’abord », est délaissé au profit du prince, de sa famille, de sa belle-famille et de quelques baronnets et courtisans. 
                                      
Douze mois au pouvoir : un anniversaire dans la disette
Il y a un an, lorsqu’IBK prêtait serment devant le peuple malien, les autorités de la transition étaient déjà parvenues à mobiliser la communauté internationale afin de lui arracher une promesse de financement de la reconstruction nationale. Trois mille milliards de Franc Cfa ont été promis au Mali par différents partenaires techniques et financiers.
Si certains de ces généreux donateurs avaient bien commencé à honorer leurs engagements, IBK fête aujourd’hui son premier anniversaire dans la disette et le dénuement économique, la peine et la douleur du peuple malien.
La raison en est que le FMI, la Banque mondiale, l’Union européenne et bien d’autres partenaires bilatéraux ont préféré fermer le robinet financier en attendant de voir clair dans la passation de certains marchés publics relatifs à un avion pour quelqu’un dont les ancêtres ne se plaisaient qu’à cheval, à du matériel militaire et à des équipements pour les forces armées et de sécurité.                       
 
D’autre part, la France voudrait bien connaitre la nature exacte des relations amicales et fraternelles entre un Corse présumé ripou et un supposé authentique Malinké. Ces relations ne seraient-elles pas plutôt leur goût partagé pour le lucre des jeux de hasard et des courses de chevaux ? La question n’est pas superflue si on se rappelle que c’est le Premier ministre IBK qui a permis l’implantation au Mali du PMU (Pari mutuel urbain) et rêverait de créer le PMR (Pari mutuel rural). 
                                         
Un an après : toujours pas de déclaration publique de biens
Le 19 septembre 2013, IBK a fêté son investiture en grandes pompes au Stade du 26 mars bourré de militants, devant un parterre de chefs d’Etat africains et français en fonction, d’anciens chefs d’Etat maliens. Deux jours plus tard, il devait se plier à l’obligation constitutionnelle de déclarer ses biens. Il ne l’a pas fait publiquement à ce jour.
Le président de la République serait-il gêné de révéler au peuple malien, qui a le droit constitutionnel de le savoir, qu’à cause de son goût prononcé pour le luxe et le confort, les strass et les paillettes, les honneurs et les considérations, il ne lui resterait rien ou presque rien de tout ce qu’il aurait pu gagner en ses qualités reconnues de ministre, Premier ministre, président du  prétendu plus grand parti politique africain après l’ANC de Nelson Mandela, président de l’Assemblée nationale ou député ?
Ce qui est sûr c’est qu’au jour du 4 septembre 2013, le nouveau président malien possédait bien une propriété à Sébénicoro. Mais aujourd’hui, cet héritage familial non déclaré publiquement n’a plus rien à voir avec cette résidence princière qu’occupe le chef de l’Etat à la même place.
Les mauvaises langues affirment en grognant que c’est avec l’argent public que la propriété a été transformée en palais présidentiel bis. Ce que nie IBK, selon qui, l’extraordinaire transformation serait l’œuvre de sa belle-famille. Possible, mais curieux quand même que ses beaux-parents aient attendu qu’il soit élu au Palais présidentiel de Koulouba pour lui offrir un palais secondaire à Sébénicoro. Histoire de lui assurer un « après-palais » ?   
                                                   
La paix par les religieux : l’irrationnel au menu des négociations
Après avoir flirté avec les putschistes de mars 2012 et séduit les associations et mouvements islamiques pour forcer les portes du destin, le président s’en remet à Dieu pour la gestion diligente des affaires immanentes et imminentes. Cet ancien ( ?) adepte de Bacchus et de Dionysos, qui ne cracherait pas sur un vieux millésime Bordeaux ou un bon Moët et Chandon, a enfin décidé de donner du travail à son ministre du business religieux et cultuel.
Ainsi, les imams, les prêtres, les évêques et les autres ministres du culte ont été sollicités par les plus hautes autorités afin qu’ils prient et implorent incessamment Dieu pour une issue heureuse des négociations en cours à Alger entre le gouvernement d’une part, Belzébuth et Satan réincarnés d’autre part. IBK espère que pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens, le Tout-Puissant, dans sa transcendance, prendra la défense de l’homme contre le diable, lui permettant ainsi d’exercer sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national.
Non, Monsieur le président ! ces gens également connaissent Dieu. C’est en son nom qu’ils tuent, égorgent, lapident, mutilent et fouettent. Une guerre  contre eux est trop sérieuse pour être confiée à l’irrationnel et au surnaturel. C’est ici, en ce bas monde, que ça se passe, c’est entre hommes que ça doit se régle. Il est temps de sortir enfin du luxueux Boeing pour revenir sur terre.            
                                            
IBK, le RPM et Moussa Mara : « Oh mon Dieu, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »
Loin d’être ce panthéiste qui voit Dieu en tout et partout, le président IBK a décidé d’avoir deux avions présidentiels pour pouvoir s’envoler, voler toujours plus haut afin d’exposer au Tout-Haut, Tout-Puissant ses doléances, et lui demander pardon pour ces camarades du RPM qui ne savent pas ce qu’ils font : débarrasser le pays du turbulent et impétueux calculateur Moussa Mara.
Plus lucides, gourmands et féroces mais moins loyaux, reconnaissants et honnêtes qu’IBK, ses camarades ont mis la tête du Premier ministre à prix. Ayant perdu son latin depuis longtemps, IBK, qui commence toujours ses discours en invoquant le nom de Dieu, se retrouve en Moussa Mara. Le Premier ministre serait un pieux musulman qui ne descend de sa peau de prière que pour aller à la mosquée, en laissant le soin à ses très nombreux et inutiles collaborateurs et ministres de conduire les affaires du pays.
Ces ministres et collaborateurs, se trouvant débordés par le travail infructueux, ont décidé de débarquer Moussa Mara de son fauteuil de président de la mouvance présidentielle, qu’il occupe injustement lui qui n’a qu’un seul député à l’Assemblée nationale, afin qu’il s’occupe plus sérieusement de la gestion des affaires publiques, des problèmes de la primature et des difficultés du président.
Samedi dernier, une réunion s’est tenue au Cicb à l’initiative des caciques du RPM, lesquels ont élaboré une convention qui prévoit la création d’une nouvelle plateforme qui sera dirigée par un membre du parti présidentiel. Ce nouveau document est censé remplacer le pacte que Moussa Mara leur avait soumis, quelques jours après sa nomination en avril dernier, pour avoir leur allégeance, mais vise en réalité à remettre le Premier ministre dans la minorité dont il n’aurait jamais dû sortir.
Il y a longtemps que les responsables du RPM travaillent à cela, et c’est d’ailleurs le seul point sur lequel ils sont parvenus à s’entendre. La suite du programme ? Faire démissionner, bien entendu, Moussa Mara de la primature. IBK n’est pas d’accord mais doit se plier à la volonté de ses camarades. Il a également compris que s’il veut aller au bout de son seul et unique mandat, un fusible autre que lui doit bien sauter. Ce serait l’intrus.
IBK en Chine : le cadeau n’est-il pas empoisonné ?
Ayant pris part aux travaux du Forum économique et mondial auquel il s’est fait inviter, IBK en a profité pour plaider la cause du Mali auprès des autorités chinoises. Celles-ci lui ont fait un don de dix-huit milliards et accordé un prêt de huit milliards. Mais surtout, les Chinois, à travers plusieurs contrats et conventions, promettent la mise en œuvre de projets et chantiers pour plus de cinq mille cinq cents milliards.
Tout cela est fort bien, sauf que les Chinois, les plus grands spécialistes de la piraterie informatique et de la contrefaçon, n’ont jamais fait bénéficier aucun partenaire d’un quelconque transfert de compétence. Partout, c’est avec des cadres, ingénieurs et techniciens chinois qu’ils utilisent au détriment des compétences locales. Celles-ci sont très souvent réduites à faire la main d’œuvre et la sale besogne.
En contrepartie à cette importante moisson en cette période de grande disette, les autorités maliennes auraient décidé d’accorder à leur bienfaiteur l’exclusivité de l’exploration du sous-sol malien et, peut-être de son exploitation. Sans avoir réfléchi auparavant au fait que si des dizaines de pays se mobilisent au chevet du grand malade Mali, ce n’est surtout pas pour les beaux yeux des Maliennes ou par peur de la musculature des Maliens. Pour le pétrole, l’or et l’uranium, les Occidentaux ont déstabilisé et divisé plus d’un pays, surtout si ces pays sont déjà affaiblis par les germes de l’implosion qu’ils cultivent eux-mêmes.
Cheick TANDINA

Source: Le Prétoire

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