A Koulogo, dans le Cercle de Bankass, Région de Mopti, où il s’était rendu, le vendredi 4 janvier 2019, à la suite de l’attaque tragique soldée par 37 morts d’innocents civils, le Chef de l’Etat a rappelé que l’unité du Mali et l’union des Maliens sont la chose la plus urgente. «Que chacun reprenne la raison et songe un peu à ce pays», a souhaité le Président Ibrahim Boubacar Kéïta
Le 1er janvier 2019, premier du jour du nouvel an, le village de Koulogo a vécu la période la plus sombre de son Histoire. La localité a été la cible d’une attaque meurtrière qui a fait 37 morts, des cases et des maisons incendiés ainsi que des greniers pillés. Une attaque perpétrée par les ennemis de la paix. Cette barbarie a meurtri les cœurs et les esprits de chaque citoyen malien qui n’en revenait pas.
Deux jours après, le Président de la République a effectué un déplacement de 24 heures sur le site, accompagné d’une forte Délégation composée des membres du Gouvernement, des parlementaires, des Officiers Supérieurs de la haute hiérarchie militaire nationale et de Représentants de la société civile. Le Président IBK, très ému et attristé, a constaté sur place les séquelles de ces incidents sur les populations.
«Nous avons été à Koulogo, et dans la douleur, nous avons vu l’horreur, un village avec des maisons calcinées, des cases, des greniers, une population effrayée, inquiète. Et nous avons été nous recueillir sur la sculpture collective des 37 corps. On ne peut pas sortir d’une telle expérience totalement indemne. Il y a taches profondes. Cette tragédie que nul ne souhaite, qu’elle survienne où que ce soit dans le monde à fortiori dans son pays », a déclaré le Chef de l’Etat malien. Et IBK a invité solennellement les uns et les autres à raisonner: «C’est pour cela que je souhaite vraiment que chacun reprenne la raison et songe un peu à ce pays, à ce Peuple meurtri au lieu que d’en rajouter. Quand on va allègrement sur des Sommets en donnant des chiffres fantaisistes de victimes, on n’a pas besoin de ça. Ce qui est déjà avéré, qui a été mis en terre est suffisamment dramatique et tragique pour qu’il faille en rajouter, un peu de pudeur, de décence, d’honnêteté intellectuelle, c’est tout ce qu’on demande. Et, si on aime ce pays autant qu’on le proclame urbi et orbi, on devrait avoir ce sens ».
Selon le Chef de l’Etat, c’est une population meurtrie, violentée, mais digne et calme, qui a accueilli avec respect la Délégation et qui a apprécié le déplacement effectué, même si certains tendent à incriminer les autorités du fait de ne pas se rendre promptement dans la localité.
«Nous l’eussions fait d’ailleurs plus tôt, n’eut été notre obligation de présider les cérémonies d’hommage national au Docteur Seydou Badian. Mais, je pense que notre présence a été un réconfort autant qu’on puisse réconforter en pareille situation », a justifié Ibrahim Boubacar Kéïta.
Le Chef suprême des Armées a révélé qu’il a été décidé non seulement de maintenir des éléments de sécurité sur place, mais de renforcer la sécurité dans l’ensemble de la zone qui faisait déjà l’objet de soins attentifs de la part du Gouverneur de la Région de Mopti. Et, il n’est pas exact de prétendre, estime le Président IBK, que des éléments de sécurité avaient été improprement retirés de cette zone avant l’attaque fatale.
«Je pense que cela aussi, ça demande également que l’on fasse preuve d’honnêteté intellectuelle à ce niveau. Je pense que ce drame, dans son tragique, vient encore une fois nous interpeler tous autant que nous sommes sur l’urgence qu’il y a dans ce pays à ce que nous nous entendions, à ce que nous cessions de nous quereller, que nous songions un peu au confort du Mali, au quotidien des Maliennes et des Maliens, au lieu de continuer de traduire le plan sur la comète par rapport à des ambitions débridées, je crois que ce n’est pas ça qu’il y est de saison. Et, vraiment, l’unité de ce pays, l’union des Maliens est la chose la plus urgente », a martelé le locataire de Koulouba.
Le Chef de l’Etat a révélé qu’un projet est en cours pour la tenue d’une rencontre de tous ceux qui sont d’influences certaines, à quelque niveau que ce soit, et qu’ensemble « nous voyons ce qu’il convient de mettre en place, en œuvre, de convenir pour que l’apaisement revienne, pour que l’on cesse de s’entretuer, parce que nul n’y gagnera, même ces oiseaux de mauvaises augures qui voudraient, tel de charogner sur un champ de bataille trouver à se repaître n’y gagneront rien du tout, nul n’y gagnera. Koulogo est une tragédie, cela doit cesser».
Le Président de la République a expliqué que le Mali a besoin aujourd’hui de paix et que le Centre du Mali, plus qu’aucune autre Région de ce pays, a besoin de paix. Et souffler sur la braise et attiser le feu n’est pas de convenance aujourd’hui. Car, le Malien est assez grand déjà.
« Nous avons trouvé hier les ressources au plus profond de nous-mêmes pour l’apaisement ici dans cette zone. La dîna de Cheick Amadou avait imaginé des systèmes, des mécanismes de résolution de conflits, de gestion des parcours pastoraux pour que les conflits qui venaient de naître, qui peuvent naître, la coexistence des systèmes économiques différents et sociaux se gèrent dans la fraternité, dans la quiétude, dans la paix, et conformément à ce que notre Sous-région de paix souhaite. Ce temps-là était un temps de raison, il faut qu’on n’y revienne », a-t-il souhaité.
Depuis Koulogo, le Chef de l’Etat a également eu une pensée très profonde pour les populations de Ménaka et de Bankass qui ont aussi souffert des violences et des pertes en vies humaines. A ses dires, le cycle infernal doit s’arrêter. «Que cela s’arrête, que le Mali se dédie de nouveau à sa seule mission de paix et de développement pour que l’ensemble de ses populations du Nord au Sud, d’Est en Ouest, du Centre, et qu’ensemble nous bâtissions ». Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta espère qu’une Nation autrefois enviée qui aujourd’hui a encore sa place dans le concert des Nations et qui ait comme destin non pas sa petitesse mais la grandeur faite d’honneur et de dignité, pas les petits calculs.
Au passage, le Président IBK a témoigné de sa compassion et présenté ses condoléances et celles du Peuple malien tout entier aux populations endeuillées de la localité après ce massacre. Dans la même foulée et après avoir rassuré et réconforté les populations de Koulogo, il a invité les populations locales à rester dans leur village. Pour le Président de la République, le Mali ne mérite pas de tels actes criminels.
Avant de quitter la localité, le Chef de l’Etat s’est recueilli sur la tombe des victimes. Il a prié pour le repos de l’âme des innocents disparus et pour un prompt rétablissement des blessés.
Cyril ADOHOUN
Source : L’Observatoire