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Hommage : Aly Badara Keïta, un monument du football malien

Il est né pour le sport, Aly Badra Keïta. Sa passion, particulièrement pour le football et le basketball, lui a fait vivre de passionnants moments durant sa longue carrière de journaliste sportif semée d’embûches. Les lecteurs attendaient impatiemment ses reportages sur des matches de football du week-end qu’il narrait dans les colonnes de l’Essor avec une objectivité qui ne plaisait pas à tout le monde, en particulier à un membre influent de la dictature militaire qui avait pignon sur rue et qui s’était épris d’une passion démesurée pour un club de la capitale.

Son enlèvement par des policiers dans les tribunes au cours d’un match de football, le 11 mai 1975 est suivie d’une bastonnade dans les vestiaires. Il est resté dans un état critique pendant trois jours. Après les premiers soins à Bamako, il fut évacué à Dakar. “Laisse venir le pardon, tout en évitant le penchant de la haine. À défaut du pardon, laisse venir l’oubli”, a dit Aly magnanime après la disparition de son bourreau.

Cette mauvaise passe lui inspire la rédaction du livre “Le jour où j’ai failli mourir”. Cet ouvrage relate les péripéties de cet attentat au stade Modibo Kéita, mais aussi d’autres mésaventures survenues lors de sa vie de reporter sportif.

Ainsi, à Abidjan lors de la finale retour d’un match de Coupe d’Afrique des clubs, il fut enlevé, dans le feu de la passion, par la police ivoirienne qui le soupçonnait d’être le féticheur du club malien. Il fut enfermé dans un container et ne dut son salut que grâce à une supportrice qui passait près de son cachot et qui alerta les autorités maliennes sur place.

«Le jour où j’ai failli mourir» est le troisième livre édité par Aly Badara Keïta. Il fait suite au “ 50 ans du football malien : 1925-1975” et “Légendes et vérités du football malien”. Son parcours en tant qu’ancien footballeur et dirigeant sportif lui a servi d’inspiration pour se lancer dans le journalisme sportif.

Et, dans le but de laisser un souvenir entre les mains de la nouvelle génération, il leur a laissé ces ouvrages.
En 1999, il est tiré de sa retraite par le président du Comité d’organisation de la CAN (COCAN) Sory Ibrahim Makanguilé, et le président de la commission média, Daouda Ndiaye, pour magnifier l’image d’un comité d’organisation dans une revue qui visait à rassurer l’opinion face au grand défi de l’organisation de cette grande messe du football africain.

Aly Badara Keïta est né à N’Kourala vers 1936, dans le pays Sénoufo. Il obtient le Certificat d’études primaires en 1950, avant de décrocher le BEPC en 1954 au Collège Marius Moulet de Bamako.

Ensuite, il obtient au Collège Ouezzin Coulibaly de Bobo Dioulasso le baccalauréat.Son ambition de faire carrière dans la presse l’amène à écrire dans deux journaux : “Afrique Nouvelle”, un journal sénégalais, et “Omnisports d’Abidjan”.

À l’éclatement de la Fédération du Mali avec le Sénégal, il retourne au Mali où les autorités envisageaient de recruter des journalistes. Il saute sur l’occasion et, au terme de trois mois de formation, il est affecté à l’Agence nationale d’informations du Mali (ANIM), l’actuelle AMAP pour servir au journal l’Essor.

Déjà formé dans la rédaction des articles après ses expériences au Sénégal, il s’impose dans l’animation de la rubrique sportive. Il partira ensuite en URSS d’où il revient avec le Diplôme de l’Institut supérieur de la presse en 1968. Devenu reporter et chroniqueur, il a couvert de grands événements sportifs et participé à plusieurs stages de perfectionnement.

De par sa compétence et son sens des relations humaines, la Confédération africaine de football (CAF) lui a décerné le prix du meilleur reporter sportif africain. Aussi, le Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA) lui a décerné la Médaille du Mérite sportif en 1985. C’est en 1991 qu’il prit sa retraite.

Cela coïncida avec la création de journaux privés dont “Le Républicain” au sein duquel il travailla jusqu’à sa nomination à la Commission média du Cocan. Aly Badra Keïta a définitivement rangé son stylo ce samedi 25 septembre 2021 après une vie bien remplie. Il laisse ses nombreux enfants et petit-fils éplorés.

Dors en paix, doyen !

Kabiné Bemba Diakité

Source : L’ESSOR

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