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Harber MAIGA, président du collectif des détaillants sur la crise du sucre: ‘‘ nous déplorons l’attitude de l’État’’

Le président des regroupements des commerçants détaillants, Harber MAIGA, a déploré la manière dont les agents de la brigade de contrôle de la direction générale du Commerce et de la concurrence répriment les commerçants détaillants pour avoir vendu le sucre au-delà  du prix fixé par l’État. Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder ce mercredi 10 août 2022, M. MAIGA a regretté le fait que l’État, à travers ses services compétents, tente de mettre la population au dos des commerçants en les présentant comme les seuls responsables de la flambée des prix.   

 

À bâton rompu, Harber MAIGA, nous explique la vraie situation du marché, en ce qui concerne le ravitaillement de certains produits, en général, et le sucre, en particulier.

D’entrée de jeu, il reconnaît que le marché est en rupture de stock.

« Le marché, c’est l’offre et la demande. Si la marchandise est rare, son prix hausse inévitablement. Donc l’Etat a certainement fait des efforts, mais en direction des grossistes et des importateurs, pas à l’endroit des détaillants. Or, à chaque fois qu’une convention est signée entre l’Etat et les commerçants détaillants, nous respectons toujours nos engagements », a-t-il affirmé.

Au paravent, poursuit-il, les commerçants détaillants avaient bénéficié de l’accompagnement de l’État.  Dans le cadre de ce projet, a-t-il rappelé, l’Etat les donnait soit de l’argent pour payer les produits, soit des produits dans l’optique de les vendre aux prix arrêtés par les autorités.

« Mais cette fois-ci, ce ça n’a pas été le cas. On ne sait même pas avec qui trouver du sucre. J’ai personnellement demandé la liste des importateurs en vain. Contrairement aux années précédentes, on ne sait avec qui il faut traiter. Maintenant, l’importateur donne au grossiste. C’est ce dernier qui approvisionne les détaillants. Donc la problématique  de l’accessibilité se pose », a-t-il déploré.

Selon lui, dans ces conditions les détaillants qui vont au marché n’ont pas le choix. Ils se procurent des produits au prix du marché et sont en ce moment  à la merci de ceux qui amènent le produit.

« Donc, on ne peut pas comprendre que l’État, au lieu d’interroger les circuits d’approvisionnement, il va  au niveau de la distribution  finale, c’est-à-dire chez le détaillant, pour contrôler, je ne sais quoi. C’est une situation qui est très complexe. Nous, en tant que responsables, on ne peut pas comprendre cela et on ne peut pas l’accepter », a indiqué Harber MAIGA.   

Il rassure tout de même que les commerçants détaillants comprennent que le pays traverse une situation difficile qui a obligé chacun à consentir des sacrifices.

«Nous sommes dans cette dynamique. La preuve, pendant l’embargo qui nous a été imposé, les gens ont accepté certains sacrifices. On a dit à tout le monde que c’était  une question de dignité, de patriotisme et d’engagement personnel pour que le pays soit sauvé. On peut accepter de réduire la marge du bénéfice, mais ne peut pas demander aux commerçants d’aller acheter des produits pour vendre à perte. On est d’accord avec toutes les dispositions de l’État, mais à condition qu’il nous montre là où on va prendre les marchandises et qu’on nous les donne à des prix acceptables », s’est-il montré disponible.

Il a ainsi rappelé que selon l’arrêté du 06 avril 2022, le sucre local doit être cédé à 23 000F le sac, pour être revendu à 500 F CF le kilo.  Le sac du sucre importé à 27 500 F pour être revendu à 600 F le kilo.

La tonne du  riz importé, notamment les brisures non parfumées, doit être cédée  à 350 000 F, pour que le détaillant le revende à 375 F  le Kilo.

Le bidon de 20 litres de l’huile locale doit être cédé à 18.000 F pour revendre le litre à 1000 f.  L’huile importée est vendue à 1200 F si le bidon de 20 litres est cédé à 22 000 F aux détaillants.

Le sac de la farine alimentaire est cédé aux détaillants à 25 000.

Selon lui,  ces prix ont été fixés, mais la mise en œuvre pose problème, parce que le produit n’est pas là.

«J’insiste pour que les uns et les autres puissent comprendre les détaillants, ce n’est pas notre faute. Le marché, c’est l’offre et la demande. Tant que vous n’avez pas la marchandise sur le marché, vous ne pouvez pas arrêter un prix. Donc, les commerçants détaillants ne sont fautifs de rien.  On a dit à force de contrôler les gens, les gens vont faire de la rétention. Pour que cela cesse, il faut que tout le monde se mette sur la même table et qu’on pose le problème afin de trouver des solutions idoines en ce moment précis où le pays traverse une situation exceptionnelle. Mais toute autre démarche unilatérale va poser problème » a-t-il martelé.

Une synergie d’action pour relever les défis

Il a par ailleurs reconnu qu’un cadre de concertation est mis en place entre le gouvernement et les différents acteurs. Ce cadre de concertation, dit-il,  se réunit pour faire examiner la situation et faire des recommandations. Faut-il noter que c’est un cadre qui est composé des grossistes, des détaillants, des consommateurs et des services techniques.

Il déplore toutefois que ce cadre ne soit pas très fonctionnel, car il peut faire des  mois avant de se réunir alors que selon les textes, c’est à chaque 6 mois qu’une réunion doit se tenir.

Pour lui,  il faut que cela soit respecté pour que toutes les questions soient mises sur la table.

« Nous faisons aussi des rencontres avec la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC). Mais on ne peut que soulever les problèmes, on n’a pas de réponses. Donc il faut rapidement des mesures fortes pour sortir pour nous sortir de là. Et ces mesures, c’est de créer les moyens de mettre à la disposition des détaillants, de créer des chaînes de distributions avec des vrais acteurs du marché qui sont connus par tous et engagés pour atteindre un résultat », a-t-il suggéré.

S’agissant des interpellations intempestives que subissent les commerçants détaillants dans le cadre du contrôle de la DGCC, Harber MAIGA a indiqué que le moment n’est pas propice pour agir avec la force. Il a aussi clarifié la position des commerçants détaillants pour sortir le pays de cette crise.

«On ne peut pas accepter des situations pareilles dans notre pays. Parce qu’on nous met dos à dos avec la population. Nous n’avons rien contre la population. Nous avons toujours apporté notre contribution au développement de ce pays. Nous ne pouvons pas être des ennemis de ce pays. Nous ne pouvons aussi accepter qu’en ce moment précis qu’il ait des dérapages », a-t-il prévenu.

Pour finir, le président MAIGA a insisté que sur le fait que malgré tout, les commerçants détaillants sont porteurs de paix dans un moment critique de notre pays.

«Nous nous sommes mis dans une démarche de sensibiliser et d’informer. Je lance un appel à mes camarades détaillants, à chaque fois que vous n’êtes pas en mesure de vous procurer des produits à un prix fixé par l’État, cessez de le vendre, cela vous évitera de vous créer des problèmes », a-t-il conseillé.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : Info-Matin

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