Il avait affiché son intention de candidater à la présidentielle. Après y avoir renoncé, le célèbre comédien, Habib Dembélé « Guimba » évoque dans un entretien avec le Journal du Mali les raisons de cette non candidature.
Pourquoi n’êtes-vous plus candidat à la présidentielle ?
Je ne suis plus candidat parce que je n’ai pas obtenu le quota de parrainages requis à Kidal, Tombouctou, Mopti et Bamako, alors que la loi électorale dit qu’il faut réunir 5 parrainages dans chaque région. Pour ne rien vous cacher, dans certaines régions les parrainages se vendaient entre 25 000 et 600 000 francs CFA. Une élue de Kanadjiguila, près de Bamako, nous a clairement dit : pas d’argent, pas de parrainage. À Mopti et à Bamako également. Au Nord, la fourchette était entre 500 et 600 000 francs CFA.
Vous pensez qu’il y aura un jour un changement au Mali pour que les élus fassent le travail pour lequel ils sont élus ?
S’il n’y a plus d’espoir tout est foutu. Il n y aura plus de Mali, ce n’est plus la peine que nous nous battions. Nous avons des élus corrects, c’est avec eux qu’il faut travailler. Ce Mali est extraordinaire, il y a des jeunes qui se battent tous les jours dans les associations pour changer les choses autour d’eux. Ce Mali est fier de Gassama, de Bathily, qui sauvent des vies en Europe. Des jeunes, dans les endroits les plus reculés du pays, sans électricité, sans hôpitaux, innovent. Des gens s’organisent, cotisent pour améliorer leur vie alors que c’est le travail de l’État. Il n’y a pas de petite action, il n’y a pas de petit Malien.
Si vous aviez pu être candidat, votre action se serait-elle bâtie sur ces valeurs ?
Nous avons un programme détaillé, disponible et accessible sur les réseaux. Il est fait pour s’implanter dans le débat politique. C’est le but de notre mouvement Mali ye anw bè ta ye. Au Mali il y a des élus honnêtes, entre autre ceux du PRDM, qui nous ont donné sans aucune condition leurs parrainages.
L’idée c’est de continuer travailler avec eux ?
Notre devoir humain nous impose de les contacter à nouveau. Je ne suis pas un ingrat. Ils nous ont donné leurs parrainages de façon honnête et démocratique, quand ils auront besoin de nous, nous répondrons. Nous ne sommes pas des politiques, nous sommes issus de la société civile et nous sommes fiers de ce statut. Il y a trois conditions pour que nous rejoignons un candidat : qu’il ait l’esprit démocratique, qu’il prenne en compte notre programme, qu’il prenne en compte l’avis de ceux en qui nous croyons, les membres de notre mouvement, de partout au Mali et de la diaspora.
L’on ne peux vous interroger sans faire un parallèle entre vous et Coluche, candidat en France à l’époque et également comédien…
Je suis allé plus loin que Coluche, je suis allé aux urnes J’ai le même âge politique que les autres candidats maliens. IBK s’est présenté pour la première fois, comme moi, en 2002. Soumaila Cissé idem. Nous étions là avant eux. Les pièces Wari et Fereke nyagami bougou, à la base de la grogne sociale et à l’origine de la révolution, nous les jouions sous la dictature, quand eux n’étaient pas là. Mes candidatures sont toutes aussi légitimes que les leurs, elles ne sont pas de façade, elles sont réelles et plus que sérieuses.
L’art est-il une forme d’engagement ?
Oui c’est tout à fait ça. Je suis venu au théâtre par hasard, j’y suis resté car j’avais conscience du rôle qu’il pouvait avoir. C’est l’arme la plus efficace.
Parce que par la catharsis on dénonce ?
Oui absolument. Pour revenir à Coluche, j’ai beaucoup de respect pour lui. Il fait partie des personnes les plus intelligentes que l’humanité ait connues. Il était d’une finesse incroyable. Je pense que l’intelligence et la beauté se situent au niveau du détail. Et ça c’était Coluche!
Pensez-vous qu’en l’état actuel des choses, nous pouvons aller aux élections ?
Je pense que beaucoup de changements de dernière minute ont altéré les choses. Il est évident qu’on aurait pu organiser plus efficacement ces élections. Je ne sais pas si elles seront transparentes et si les gens voteront partout au Mali, si on regarde l’état du centre et du nord. Si les choses avaient été autres, on aurait pu avoir des élections dans de meilleures conditions.
Journal du mali