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Habib Dembélé dit Guimba : Une vie de comédien

Le public malien l’a découvert grâce au personnage de Guimba qu’il a magistralement incarné dans la pièce de théâtre « Wari ». Depuis, l’artiste n’a plus quitté les planches et les plateaux de tournage de films. Il est très sollicité aussi bien dans notre pays qu’ailleurs dans le monde.

Journaliste travaillant à Tombouctou, l’acteur apprend qu’il y a un tournage sur le personnage de Bartleby dans un pays d’Europe. Il décide d’aller y faire un reportage tant il avait été fasciné par le livre qu’il avait découvert sous le sable dans sa ville. En effet, pendant l’occupation djihadistes de cette ville, les habitants avaient caché les manuscrits anciens et d’autres livres sous la terre afin de les préserver. Car les Tombouctiens craignaient que « les fous de Dieu » n’emportent les manuscrits ou détruisent les autres livres venant d’ailleurs. Habib était ainsi tombé par hasard sur celui de « Bartleby le scribe » de l’écrivain américain Herman Melville, publié en 1856.

Il avait été séduit par le personnage de Bartleby.
Tel est le résumé du rôle que joue Habib Dembélé dit Guimba national dans l’adaptation théâtrale intitulée : « Mon frère » de l’écrivain français à succès Daniel Pennac, et mise en scène par Clara Bauer. Une œuvre très attendue en Europe et aux états-Unis. Elle est déjà surbookée, car les théâtres et autres festivals se l’arrachent. La pièce « Mon frère » effectuera une tournée mondiale de plusieurs dizaines de date en 2021. Guimba national joue le rôle de Habib aux côtés notamment de l’auteur lui-même Daniel Pennac, Matthias Castegnaro, Marie-Elisabeth Cornet, Alice Loup, Laurent Natrella (de la Comédie-Française).

De Youssouf DOUMBIA

Il s’agit d’une « œuvre d’introspection, très humaine qui amènera le spectateur à s’interroger sur le sens même de l’existence », commente l’acteur malien. C’est pour apprivoiser le deuil, l’adoucir, poursuivre encore un dialogue avec son frère disparu, l’écrivain choisit d’incarner sur scène le personnage de la nouvelle. Il raconte l’aventure dans « Mon frère » (Éditions Gallimard), portrait sensible d’un aîné complice, souvenirs et échanges avec un autre admiré et maître en littérature. Cette grosse production a été préparée presque deux mois durant, de septembre à octobre, au Mans puis à Paris, précisément au Théâtre du Rond-Point où seront données les premières représentations dès début février 2021.

L’actualité de notre Guimba national s’est aussi sa propre œuvre « Kanouté ka visa ko », ce « One man show » qu’il a écrit, poursuit sa « vie » depuis bientôt cinq ans à travers festivals et rencontres théâtrales aussi bien au Mali, en Afrique et même en Europe. En effet, Habib Dembélé a dû traduire la pièce en français suite à de nombreuses commandes pour des publics qui ne parlent pas la langue de Bazoumana Sissoko. Aussi, il en a donné un certain nombre de représentations en Allemagne au Festival de Weimar.

Curieusement, annonce-t-il, les Allemands ont beaucoup apprécié l’œuvre car elle cadre complètement avec leur perception de l’immigration et techniquement le « One-man-show » n’est pas très pratiqué chez eux. Pour la langue, pas de souci, le comédien joue normalement dans sa langue, et la traduction est assurée par le sous-titrage. Un écriteau, placé sur le front de la scène permet aux spectateurs de lire le texte du comédien.

Amadou Hampaté Ba


Une autre ancienne œuvre : « Le fabuleux destin d’Amadou Hampaté Ba », un texte écrit par le Français Bernard Magnier, et mise en scène par le Burkinabé Hassane Kassi Kouyaté permet à Habib Dembélé de continuer à parcourir les scènes d’Afrique, d’Europe et de la Caraïbe. Il est accompagné cette fois-ci par le musicien et comédien malien Tom Diakité. Ce dernier chante, psalmodie au fond de la scène tandis que Habib Dembélé lit des textes, conte des légendes, remonte la vie et l’œuvre du grand écrivain malien. Au fond de la scène, un projecteur montre tour à tour la carte du Mali et le visage souriant de l’écrivain Amadou Hampaté Ba.

« En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». Souvent reprise, parfois tronquée ou attribuée à la tradition, cette phrase a pourtant bien été prononcée en 1960 par Amadou Hampâté Ba. Des falaises dogon au Mali où il est né en 1900 aux assemblées de l’Unesco, des bureaux de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) à Dakar aux pupitres des conférences internationales, des correspondances échangées de par le monde aux audiences accordées dans sa résidence d’Abidjan jusqu’à la fin de sa vie en 1991, Amadou Hampâté Ba a connu une destinée exceptionnelle dont son œuvre porte la trace.

Habib et Marie-Elisabeth Cornet lors de la répétition de la pièce Mon Frère

Il s’est saisi de tous les genres littéraires : contes et légendes, bien sûr, mais aussi récits aux accents romanesques, poèmes, essais, livres pour enfants et, publiés juste après sa mort, deux volumes de mémoires, « Amkoullel l’enfant peul » et « Oui, mon Commandant ». Profondément attaché à sa culture traditionnelle comme à sa religion, il a fait de l’une et de l’autre une lecture tolérante, à l’écoute de l’autre.

Nourri de citations puisées dans l’œuvre de l’écrivain et sur une trame resituant l’auteur dans le contexte géopolitique, ce spectacle met en lumière cette personnalité remarquable et son œuvre accessible, d’une grande sagesse, teintée d’humour et d’un extraordinaire sens de la formule qui s’avère aujourd’hui d’une urgente et immédiate actualité.

Pour cette pièce, Hassane Kassi Kouyaté dit avoir « choisi de travailler avec le grand acteur et conteur malien Habib Dembélé qui a lui-même connu et côtoyé Amadou Hampâté Ba. Il sera accompagné par Tom Diakité, musicien et chanteur multi-instrumentiste (collaborateur de Manu Dibango, Touré Kunda, Salif Keïta, Mory Kanté…) qui, par sa musique, fait voyager, le spectateur, à travers différentes sonorités des musiques de l’Afrique de l’Ouest. Cet univers sonore aide à matérialiser les régions parcourues par Amadou Hampâté Ba.

À travers cette pièce, produite par le « Tarmac – La scène internationale francophone » et écrite par Bernard Magnier, il s’agit d’apprendre à connaître Amadou Hampaté Bâ, à la fois le grand défenseur de l’oralité, qui, bien souvent, préféra prononcer un conte plutôt qu’un long discours, à la tribune de l’Unesco ou ailleurs, mais aussi le disciple du maître soufi Tierno Bokar, attaché à sa religion dans l’ouverture à l’autre. Ou encore l’auteur majeur de la littérature africaine, dont les Mémoires, publiées en 1991, juste après sa mort, constitue le premier best-seller de la littérature d’Afrique francophone en Europe.

OSS 117
Comme toute grosse production cinématographique «OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire», laisse filtrer très peu d’informations. Dans ce film, Habib Dembélé incarne Bamba, un dictateur africain, nous raconte-t-il, lors de notre entretien chez lui-même à Magnambougou, à Bamako. Il n’en dira pas plus car l’intrigue est jusque là tenue secret. Il profite d’un mois de pause et du second confinement pour se ressourcer au Mali.

Ce film est le pendant français de James Bond alias 007, le célèbre film d’espionnage anglais. Il s’agit d’une aventure burlesque. Dans cette 4è de la série, le réalisateur met en scène le célèbre acteur français Nicolas Bedos, un espion qui vient chez le dictateur Bamba en Afrique. Tourné en septembre 2019 à Paris (France) et au mois de février 2020 à Naïrobi (Kenya), le film est produit par Mandarin Production et sera distribué par Gaumont en mai prochain sur les écrans français.

 

Homme de théâtre et de cinéma

Habib Dembélé dit Guimba national s’est révélé au public malien en 1988 grâce à l’énorme succès de « Wari », la pièce de théâtre de référence du Kotèba national. Depuis, Guimba a conquis le cœur de nombre de nos compatriotes et poursuit sa riche carrière sur les planches.

Imitateur de talent, il doit son sobriquet de Guimba au personnage de Wari qu’il incarna. Dans cette pièce, il a joué à merveille le rôle d’un ingénieur formé en Allemagne et qui, de retour au pays, se heurte au chômage des jeunes diplômés. La pièce dépeignait une période sombre au cours de laquelle plus de 60% des jeunes diplômés de notre pays étaient au chômage. L’armée de ces jeunes diplômés, privés de perspective dans la vie, se reconnaissaient en cet ingénieur qui finira par sombrer dans l’alcoolisme pour noyer ses tourments.

Le jeune comédien formé à l’Institut national des arts (INA) ne s’est pas laissé grisé par ce succès. Il continua à travailler, à se former et à se cultiver. Il créera en compagnie du metteur en scène et dramaturge Ousmane Sow, et son ami feu comédien Michel Sangaré une troupe de théâtre privée dénommé Gwakoulou.
Habib Dembélé est aussi connu pour ses « One man show » comme « 52 » sur les aides ménagères. Ses prestations drainaient des foules au théâtre Bazoumana Sissoko. Une première au Mali.

Habib Dembélé est également un acteur de cinéma. Il est l’initiateur, le scénariste et l’acteur principal des « Aventures de Séko Boiré » (2005), pour la télévision nationale du Mali. De 1993 à 2016, il a joué dans plus de 25 films.
Sa carrière prend une dimension internationale à partir de 1998 quand il a joué dans le conte théâtralisé « À vous La Nuit » qui a reçu le Prix RFI du meilleur spectacle vivant. La même année, sous la direction de Sotigui Kouyaté, il a joué en Europe dans « Antigone », qu’il a co-adaptée, puis dans « Le Pont » de Laurent Van Wetter (2003).

Entre-temps, Peter Brook, le célèbre metteur en scène et directeur du Théâtre des Bouffes du Nord (Paris), l’engage pour jouer dans « Hamlet » (2002), puis dans « Tierno Bokar », d’après Amadou Hampâté Bâ (2004), et dans « Sizwe Banzi est mort » d’Athol Fugard (2006). Ces trois spectacles feront le tour du monde.

C’est en 2015 que Habib Dembélé dit Guimba national a initié « Les Journées Théâtrales Guimba National » afin, expliquait-il, de « partager sa petite expérience avec ses frères et enfants ».

De 2011 à nos jours, Habib Dembélé a joué dans des dizaines de films et de pièces de théâtre. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages littéraires qui lui valent le titre d’écrivain et dramaturge.

Y. D.

Source: L’Essor

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