Petit vade-mecum de la FMM : Ce qu’il faut savoir sur la coalition internationale armée contre cette secte terroriste.
C’est quoi la Force mixte multinationale (FMM) ?
Selon l’expert en questions de sécurité et de défense, Aimé Raoul Sumo Tayo, la FMM « est une unité de combat multinationale regroupant des formations des différents corps d’armées ». Il s’agit, précise t-il « d’un système d’alliances pour la sécurité collective à l’échelle sous-régionale pour lutter contre la secte islamiste Boko Haram. Concrètement, le Benin, le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad ont décidé d’abandonner l’approche classique post-westphalienne des problèmes de sécurité et de coordonner la lutte contre leur ennemi commun en mettant à contribution leurs armées de terre, de l’air et leurs marines respectives ».
Quand a-t-elle été créée ?
Sur le plan formel, la FMM a été créée à Niamey le 20 janvier 2015. Elle a été entérinée par les chefs d’État africains le 31 janvier dernier lors du sommet de l’Union africaine. Les experts militaires et juridiques des pays concernés, de l’Union africaine, ainsi que de plusieurs pays amis et partenaires réunis à Yaoundé du 5 au 7 février 2015, ont précisé son concept d’opérations et ses règles d’engagement.
Quel est son mandat et peut-elle vaincre Boko Haram ?
Le communiqué final qui sanctionne la réunion des experts tenue à Yaoundé en février dernier et qui a notamment débouché sur la définition du concept d’opérations et des règles d’engagement de la FMM, renseigne que cette Force a vocation à « créer un environnement sûr et sécurisé dans les régions affectées par les activités de Boko Haram et d’autres groupes terroristes, afin de réduire considérablement la violence contre les civils et d’autres exactions, y compris la violence sexuelle et sexiste, conformément au droit international, notamment le droit international humanitaire et la politique de diligence voulue des Nations unies en matière de droits de l’homme ». Toutefois, éclaire Raoul Sumo Tayo, « l’histoire des engagements militaires similaires nous fonde à penser que si les différents contingents s’investissent dans l’interopérabilité, à court terme la Force multinationale pourrait maitriser la menace. Il faudrait qu’elle ait une articulation quasi-atomique, pour gagner en mobilité, occuper le terrain, à démultiplier ses capteurs et ses possibilités d’action. La menace ne sera éradiquée qu’à long terme, lorsque les États s’attaqueront aux racines du mal ».
Quels pays la compose et de combien d’hommes est-elle constituée ?
Les contingents de la Force viendront du Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad. Elle sera constituée de 8 700 hommes, dont 800 du Bénin, 2 450 du Cameroun, 3 800 du Tchad et le reste du Niger et du Nigeria qui n’ont pas encore annoncé la taille de leurs contingents.
Qui la finance ?
En attendant l’éventuel avènement d’une conférence de donateurs évoquée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors de sa visite à Yaoundé en février dernier, le financement de la Fmm est principalement supporté par les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cblt). Le Nigeria par exemple a promis 100 millions de dollars, soit environ 59 milliards de Fcfa. Il faut dire cependant que certains partenaires ont manifesté leur volonté de soutenir cette Force. C’est le cas de la Grande Bretagne et des Etats-Unis qui ont respectivement promis une contribution de 4,4 milliards et 2,9 milliards Fcfa.
Qui la commande ?
C’est le général de brigade nigérian Illya Abbah, nommé à la suite de la visite de travail et d’amitié à Yaoundé de Muhammadu Buhari en fin juillet dernier, qui commandera la FMM. Il sera secondé par le général de brigade camerounais Nka Valère, précédemment attaché de défense à l’ambassade du Cameroun à Abuja. Cet officier général camerounais, commandant en second de la FMM a été nommé le 13 février dernier par décret présidentiel.
Comment va-t-elle fonctionner ?
« A côté du Poste de commandement (Pc) opératif de N’Djamena, l’on aura plusieurs secteurs et donc plusieurs Pc tactiques », explique Sumo Tayo. Le Pc du premier secteur, celui du Cameroun est basé à Mora. L’expert en questions de sécurité et de défense soutient en outre que « l’on a un temps pensé que les soldats de la Force pourraient se déplacer sur toute la zone opérationnelle sans requérir l’autorisation du Nigeria mais, visiblement, chaque contingent opèrera sur son territoire ».
Quand peut-elle entrer en service ?
Selon Sumo Tayo, « le Pc de N’Djamena peut être mis en place dans les deux semaines, ceux des secteurs dans les 30 jours au minimum. Pour que la Force puisse se mouvoir, il faut mettre en place un système intégré et sécurisé de communication ». Il faudra cependant prendre davantage son mal en patience d’autant que d’après l’analyse de notre expert, « la force pourrait véritablement entrer en service dans les 90 jours, car il faut une logistique importante pour le déploiement de 9 000 hommes, notamment le carburant, l’alimentation, les véhicules tactiques, etc ».
Ses forces et ses faiblesses ?
S’agissant des forces, Sumo Tayo indique que « les effets positifs de l’unicité du commandement de la Force, le nombre élevé de combattants, les possibilités de manœuvre communes et celle d’étouffer l’ennemi en découle, sont des atouts ». Quant aux faiblesses, ce dernier révèle que la Fmm « pourrait souffrir des différences des procédures opérationnelles, des problèmes de langue et autres moyens de communication, des égoïsmes nationaux, entre autres. La philosophie de leur organisation suivant les principes “réseau-centriques” est en elle-même un autre problème ».
Source: 237online