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Grogne sociale : Que vaut (encore) la parole d’IBK ?

À l’aune de la grève des Magistrats, l’on sait désormais que la «parole donnée» de notre Chef d’État, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’est plus gage d’assurance. Contre la parole du Président de prendre en compte les doléances des Magistrats, ces derniers ont refusé préférant en lieu et place de cette parole des actes concrets. 

La semaine dernière, le Président de la République, El hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, avait rencontré le Conseil Supérieur de la Magistrature. À la suite de cette rencontre, le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui s’était inscrit dans une logique de bras de fer avec les Magistrats en faisant recours à des mesures drastiques, telles que  suspension de leurs salaires et leur réquisition a fini par essayer de mettre  de l’eau dans son vin. Il a décidé de payer les salaires du mois de septembre des Magistrats. Si d’aucuns ont qualifié cet acte comme une première victoire des Magistrats et d’une capitulation du Premier Ministre, pour ce dernier, il n’en est rien. Car, dans le communiqué de la Primature pondu suite à la décision de payer les salaires du mois de septembre, l’on pouvait lire que cette mesure a été prise pour un retour à l’accalmie et non une quelconque reculade face à la «puissance» des Magistrats. L’on ne pouvait en attendre moins d’un «Tigre».

Mais malgré ces mesures visant à l’«accalmie» qui ont succédé aux propos et mesures de va-t’en- guerre, les Magistrats sont restés de marbre tout en exigeant  que soient prises totalement  en compte leurs doléances après plus de 80 jours de grève.

Et comme la promesse du Premier Ministre d’organiser en décembre- janvier un dialogue social qui permettra de s’entendre sur les dispositions à prendre pour que les Magistrats et tous ceux qui sont en grève puissent trouver satisfaction ne convainc pas, il a été fait recours à la «Sacralité» de la parole présidentielle.

En effet, le Ministre de la Justice, Tiéna Coulibaly, a rencontré les Magistrats grévistes avec comme seul argument «la promesse du Président IBK»  de satisfaire les doléances des Magistrats.

Mallui en a pris ; car, il a été désagréablement surpris de voir que ces Magistrats n’ont aucune confiance en la parole du premier Magistrat du pays.  Alors même qu’avant  ce désaveu, le Ministre confiant se disait que «  l’engagement du Président de la République est plus important qu’un Accord écrit obtenu du Gouvernement». Il pouvait le dire; car, si nous  en sommes aujourd’hui là, c’est parce que les engagements pris par le Gouvernement en 2014 sous un de ses prédécesseurs, Me Mamadou Ismaël Konaté, n’ont pas été respectés.

Et, comme réponse à cette « main tendue » du Président IBK que les Magistrats disent ne pas réfuter, ils ont renvoyé le Ministre de la Justice vers le Président avec des mesures urgentes à prendre avant toute chose.

La réponse des Magistrats à la promesse présidentielle 

Pour qu’ils réintègrent les tribunaux, les Magistrats demandent non pas des promesses, mais des mesures concrètes et urgentes qui ont été signifiées au Ministre de la Justice à transmettre à IBK. Il s’agit de : demander au Premier Ministre de rapporter son Décret de réquisition (c’est-à-dire qu’IBK désavoue SBM) ; l’adoption par le Gouvernement du tableau synoptique à lui proposer par les syndicats suivant les modalités dégagées par le même document relatif à la question sécuritaire et, enfin, que le Gouvernement s’engage à adopter la nouvelle grille salariale avec comme plancher 700 et comme plafond 2500 avant fin février 2019.

Contrairement à ce que peut penser le Ministre de la Justice, les Magistrats préfèrent un «Accord écrit obtenu du Gouvernement » plutôt qu’un «engagement» présidentiel. Ils ne sont pas Magistrats pour rien. Entre l’écrit et le verbal, ils ont vite fait le choix.

Si le Garde des Sceaux a pris bonne note des contre-propositions des Magistrats, il ne s’en ira pas les rapporter à IBK sans s’étonner que les Magistrats aient osé «assortir leur acceptation de l’engagement présidentiel de ces conditionnalités». Il n’a pas compris que les Magistrats n’ont plus confiance en la «parole donnée» du Président de la République. «D’ailleurs, cette parole que vaut-elle encore ? », s’est interrogé soudainement un d’entre eux.

Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT

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