Naguère gouverneur de la région de Gao, Seydou Traoré est un cadre qui traîne des casseroles bruyantes.
Le nouveau gouverneur nommé par Ibrahim Boubacar Keita pour diriger la région de Koutiala n’a pas bonne presse. Anciennement gouverneur de la région de Gao, la cité des Askia lui reprochait d’être très sensible à la fraîcheur de l’argent. Ce qui lui a valu une série de manifestations réclamant son départ.
«Nous en avons marre du gouverneur. Il faut qu’il parte», expliquait un manifestant qui, avec ses compagnons, reprochait au gouverneur de n’avoir aucun respect pour les notabilités et la population de Gao. «Il est corrompu et fougueux. Il est incompétent dans la gestion de la crise des importations et exportations entre Gao et Niamey depuis deux mois. C’est un dictateur et avec lui les programmes et les projets de l’Etat sont mal gérés à Gao», fulminait-il.
L’association «Gao Lama» a lancé des poursuites judiciaires contre Seydou Traoré, pour «assassinat, complicité d’assassinat et incendie volontaire.» Les faits remontent aux manifestations de juillet 2016 réprimées par les forces de l’ordre à Gao, principale ville du nord du Mali.
«La marche pacifique avait été portée à la connaissance des autorités administratives de Gao… Mais M. Traoré a déployé une forte force pour empêcher sa tenue», expliquait Me Malik Ibrahim, avocat de l’association «Gao Lama», dans la plainte.
Pour étayer leur thèse, les auteurs de la plainte ont également évoqué les déclarations d’un colonel tenues sur des télévisions internationales à l’époque des faits. «C’est des tirs à balles réelles, mais c’est des tirs en l’air. Ce n’est dirigé contre personne», avait déclaré l’officier supérieur. Insistant qu’il «n’y a pas de raison qu’on tire sur nos frères.» Mais, selon l’association, Seydou Traoré a autorisé cette répression.
Le dossier n’a pas encore été vidé. C’est pourquoi, pour plusieurs observateurs, Seydou Traoré n’a pas le bon profil pour rendre opérationnelle une nouvelle région. Le président de la République aurait dû attendre que la justice se prononce.
Zan Diarra