Pendant la campagne présidentielle, IBK avait promis le changement d’hommes et de système. Avec la composition du premier gouvernement de son mandat, les Maliens ont déjà une idée de la gouvernance IBK. Une gouvernance qui rime avec la promotion d’anciens amis, d’alliés et d’affidés, tous conviés autour du gâteau Mali. La preuve.

Le président de la République avait promis qu’il n’y aura pas de partage de gâteau. Que les portefeuilles ministériels reviendront aux plus méritants. Mais de toute évidence, Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas tenu sa parole. Il y a bel et bien eu partage de gâteau…

Le gouvernement n’est certes pas composé de tous les opportunistes qui ont rallié son camp avant l’élection présidentielle et entre les deux tours. Il n’est pas non plus représentatif des partis politiques de l’Alliance IBK-Mali 2012. Alors d’où sort cette nouvelle équipe gouvernementale, qui divise même les partisans du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Qui a promis le changement des hommes et de méthode. Le chef d’Etat n’a trouvé mieux que de faire appel à des amis, quelques alliés et de partisans pour composer son premier gouvernement.

Les amis

Ces amis ou les vieux chevaux de retour sont des anciens compagnons politiques d’IBK. Ils ne l’ont pas toujours suivi dans ses prises de position. Mais ils sont très proches pour avoir mené le combat démocratique ensemble. Où l’ont apporté, d’une manière ou d’une autre, leur soutien à la présidentielle de juillet dernier. Il s’agit de Soumeylou Boubeye Maïga, ministre de la Défense et des anciens combattants ; Moustapha Dicko, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ; Cheickna Seydi Ahamadi Diawara, ministre du Plan et de la Prospective ; Sada Samaké, ministre de la Sécurité ; Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie et des Finances.

A ceux-ci, on peut ajouter les protégés d’un autre ami, Dioncounda Traoré, pour service rendu. L’homme n’a jamais caché sa complicité avec IBK, dont il a gardé tous les anciens collaborateurs lorsqu’il devient Président de l’Assemblée nationale, en 2007. C’est ce qu’on appelle le retour de l’ascenseur. Le nouveau ministre des domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Tiéman Hubert Coulibaly et du Commerce, Abdel Karim Konaté dit Empé, des proches de l’ancien président de la Transition, ne doivent leur salut qu’à ce titre. Leur maintien  au gouvernement ne trouve son sens que dans les rapports qui lient Dioncounda Traoré et Ibrahim Boubacar Keïta.

Les affidés

Depuis qu’IBK a démissionné de l’Adema pour créer avec ses compagnons d’infortune le Rassemblement pour le Mali (RPM), certains militants lui sont restés fidèles jusqu’au bout. Ces partisans sont aujourd’hui à la première loge du premier gouvernement de son quinquennat. Parmi eux, on peut citer Bokary Tereta, ministre du Développement rural ; Mme Sangaré Oumou Ba, ministre de la promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant ; Abdramane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur ; Mamadou Frankaly Keïta, ministre de l’Energie et de l’Hydraulique ; Ousmane Koné, ministre de la Santé et de l’Hygiène ; Mme Togola Jacqueline Nana, ministre de l’Education nationale ; Ousmane Ag Rhissa, ministre de l’Environnement et de l’Assainissement ; Dr Nango Dembélé, ministre délégué auprès du Ministre du Développement Rural, chargé de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire …

Quelques technocrates jeunes complètent cette liste de partisans, notamment Dr Boubou Cissé, ministre de l’Industrie et des Mines ; Jean Marie Sangaré, ministre de la Communication et des nouvelles technologies ; Moustapha Ben Barka, ministre délégué auprès du Ministre de l’Economie et des Finances, chargé de la Promotion des Investissements et de l’Initiative privée ; Madani Touré, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget ; Me Mamadou Gaoussou Diarra, ministre de la Jeunesse et des Sports.

Les alliés

Le gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly comprend, outre les amis et les affidés, des alliés du président de la République. De ce point de vue, le chef de l’Etat aura respecté la promesse faite aux alliés. Parmi ces alliés, il y a les anciens (IBK Mali 2012) et les nouveaux notamment ceux des partis politiques et de l’ex junte,  qui ont plus que mouillé le maillot pour la victoire du candidat IBK à la présidentielle. Qui ne se souvient pas de la bourde de ministre de l’Administration territoriale, qui voulait proclamer la victoire d’IBK dès le 1^er tour. Moussa Sinko Coulibaly a été maintenu dans le même ministère malgré son rejet par une grande majorité de la classe politique nationale. « On ne remplace pas un bon joueur », dit-on du côté de Koulouba. Son compagnon de l’ex junte, Abdoulaye Koumaré a aussi gardé son poste à l’Equipement et aux Transports.

A ceux-ci, il faut ajouter d’autres alliés, Bocar Moussa Diarra, président de l’UM RDA et ministre de la Fonction publique ; Cheick Oumar Diarrah, ministre de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du nord ;  Berthé Aïssata Bengaly, ministre de l’Artisanat et du Tourisme ; Moussa Mara, ministre de l’Urbanisme et de la politique de la ville. Le seul ancien candidat ayant été récompensé parmi la vingtaine ayant couru pour apporter leur soutien à IBK au second tour de la présidentielle.

Idrissa Maïga