Dans la gestion des ressources humaines de l’État et des collectivités territoriales, le Mali est confronté à d’énormes défis, notamment l’existence de travailleurs fantômes, la réalisation de plusieurs paiements pour les mêmes bénéficiaires, des paiements pour un travail non effectué, etc. Des problèmes qui ont entrainé des pertes en ressources financières pour les gouvernements.
Plus d’un milliard de FCFA par an pour près de 400 enseignants
Prenant l’exemple sur le cas des enseignants des Collectivités territoriales, le ministre de la Refondation de l’État, chargé des relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga, a expliqué qu’à la suite de l’adoption de la loi portant statut du personnel enseignant, la Direction des ressources humaines du secteur de l’éducation a procédé à la transposition des personnels concernés.
Cette opération a permis de « comprendre que certains enseignants ont fait l’objet d’une double-immatriculation ou encore partagent le même numéro matricule ou émargent sur le budget de deux académies d’enseignement ». Il a été révélé également à la suite des investigations que certains enseignants émargent souvent au niveau des Collectivités territoriales et des institutions d’enseignement supérieur.
Selon le ministre Maïga, près de 400 enseignants reçoivent annuellement, et « de façon indue », la somme de plus d’un milliard 37 millions de FCFA. Ce problème, lié de façon générale à l’augmentation accrue du nombre d’agents de la fonction publique, n’est pas spécifique au Mali. Ibrahim Ikassa Maïga a indiqué dans son allocution qu’au Tchad, 10 000 fonctionnaires fantômes ont été identifiés, ces dernières années, contre 30 000 au Mozambique et plus de 60 000 au Nigéria.
Pour une gestion efficiente de cette situation de fraude, ces pays ont mené des projets, afin de se doter d’un système intégré d’identification, de gestion des personnes publiques par l’emploi de la biométrie.
Des solutions plus adéquates
À l’instar de ces pays, le Mali a lancé, mardi 24 mai 2022, le Système intégré de Gestion des Ressources humaines des Fonctions publiques de l’État et des Collectivités territoriales (SIGRH). Un projet qui figurait dans le Programme d’action du gouvernement et dans les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), a indiqué le président de la transition, le colonel Assimi Goïta.
« Il apparaît de plus en plus que la gestion des ressources humaines au niveau de la fonction publique de l’État et des Collectivités territoriales est entravée par des difficultés qui exigent des solutions plus adéquates si nous voulons donner un sens à notre projet de refondation », a déclaré le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans son allocution lors du lancement du SIGRH.
La gestion de ce projet sera assurée par deux organes : un Comité d’orientation stratégique et un Comité technique d’exécution. Le processus prévoit des opérations de contrôle physique, de recensement et d’enrôlement biométrique des agents concernés, a précisé le ministre Ikassa Maïga.
Opération de recensement
Selon Mamadou Konta, Porte-parole du Comité technique d’exécution, les objectifs spécifiques de ce projet est disposé d’une base de données fiables sur les effectifs des agents de l’État et des Collectivités territoriales, lutter contre la fraude, réaliser des économies sur les budgets d’État et des collectivités territoriales, disposer d’un système d’aide à la décision.
Le lancement de ce projet, financé sur le budget national et entièrement exécuté par des fonctionnaires maliens, ouvre une nouvelle ère pour la gestion des ressources de l’État. « La vocation principale de l’État est d’assurer le bien-être de l’État », a ajouté le président Goïta.
L’opération de recensement, dans le cadre de cette initiative, débutera dès le mois de juin. Ce processus sera suivi de l’enrôlement, ensuite de la confrontation des données avec celles du RAVEC afin de déceler les doublons. Des cartes professionnelles seront ensuite délivrées aux agents de l’État et des Collectivités territoriales. Le projet prendra fin en juillet 2023.
La rédaction