Que dire donc des dirigeants de l’aile Gbagbo (lepeniste) du front populaire ivoirien qui désigne comme candidat un Gbagbo dont on sait qu’il a été condamné à 20 ans de prisons, et qu’il est ainsi privé, de facto, du droit de se présenter à une élection. Dans ces deux-cas, on aurait pu en rire, s’il ne s’agissait pas d’une comédie qui met en scène un ancien Chef d’État et engagent des centaines de milliers de ses partisans.
L’autre acte de cette pièce de théâtre sans fin s’est joué autour de l’annonce d’un retour imminent de Gbagbo dans son pays. L’avocate, une fois de plus, est montée au créneau pour communiquer sur le dépôt d’une demande de passeport, par son client, à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles. Or, Me Touré n’est pas sans ignorer qu’en sa qualité de pensionnaire de la CPI, seule cette institution est habilitée à demander un document de voyage pour le prévenu. Ça c’est sur la forme. Dans le fonds, l’annonce d’un retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire relève de la pure escroquerie intellectuelle, une hérésie qui ne peut distraire que les seuls partisans imbécilisés du prisonnier en liberté conditionnée.
En effet, les déplacements de l’ancien président ivoirien ne se font qu’avec l’autorisation de la juridiction internationale, dont l’arrêt sur ses conditions de circulation précise qu’il ne pourra se rendre que dans les États qui coopèrent entièrement avec la Cour. La Côte d’Ivoire est implicitement exclue des pays où la CPI pourrait autoriser Gbagbo et son complice dans les massacres de masse, blé Goudé, à séjourner. Et pour cause, depuis quelques années, Abidjan est considéré comme un pays qui ne coopère plus pleinement avec la CPI, pour avoir refusé de remettre à la haute juridiction internationale Simone Gbagbo et le général dogbo blé, tous deux poursuivis par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Si Me Habiba Touré ignore que la CPI n’autorisera jamais Gbagbo à se rendre en Côte d’Ivoire avant la fin de son procès, on devrait sérieusement s’en inquiéter et conseiller à Laurent Gbagbo de changer d’avocat.
En conclusion, ce n’est donc pas demain que l’ancien homme fort d’Abidjan retournera chez lui. Si ses partisans ne peuvent faire leur deuil de Gbagbo, notamment en choisissant un autre candidat pour la présidentielle d’Octobre, les dirigeants de sa formation, s’il leur reste un brin d’honnêteté et de respect pour les militants, devraient clairement annoncer, sans tarder, qu’ils n’auront pas de candidat à la prochaine présidentielle.
Ce qui est vrai, est vrai !
Saïd Penda