Lors de son déplacement au Burkina, le 28 novembre 2017, Emmanuel Macron avait fait part de son ambition de faire du français la première langue d’Afrique. Pour convaincre l’auditoire de l’université de Ouagadougou, ce jour-là, il avait avancé des arguments tendant à montrer que l’Afrique et les Africains étaient des parties prenantes et bénéficiaires, à part entière, de cette entreprise linguistique : « Notre langue française est une chance. Ce n’est pas simplement un patrimoine à protéger. Elle a un avenir, et cet avenir se joue en Afrique. Son rayonnement, son attractivité, n’appartiennent plus à la France ». Aussi avait-il invité les francophones et les francophiles d’Afrique à prendre part à cette aventure.

Avec trente et un pays et une population estimée à 284 millions d’habitants, selon le rapport 2015 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Afrique francophone représente, à elle seule, plus de la moitié des locuteurs de la langue française. Pour le président de la République française, « il y a longtemps que la langue française n’est plus uniquement française. Elle est autant, voire davantage, africaine que française. »

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C’est probablement sur la même lancée que l’Assemblée nationale française a adopté, le 26 novembre 2020, la proposition de loi défendue par le député Rémy Rebeyrotte (LRM), visant à promouvoir la « France des accents, et à lutter contre les discriminations fondées sur l’accent ». Si l’intégration des particularités du français est une réalité incontestable dans la langue parlée, il en est tout autre dans la langue écrite, notamment chez les éditeurs de dictionnaires.

Les néologismes ne sont pas pris en considération

Certes, le Petit Larousse illustré et Le Petit Robert s’enrichissent chaque année de nouveaux mots et de nouvelles expressions. Pourtant, à bien y regarder, on peut se rendre compte d’une étrangeté quant à la répartition et la qualité des mots intégrés qui sont originaires d’Afrique francophone.

Chaque année, environ 150 nouveaux mots ou néologismes font leur entrée dans Le Petit Robert et le Petit Larousse illustré, ce qui traduit, d’une part, le dynamisme de la langue française et, d’autre part, la diversité de la francophonie. Ces emprunts linguistiques sont la preuve de l’évolution et de la diffusion du français qui est, faut-il le rappeler, la cinquième langue la plus parlée dans le monde.

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Les nouveaux mots doivent, pour être intégrés dans ces dictionnaires, remplir un certain nombre de conditions. Entre autres conditions, ces nouvelles unités lexicales doivent être d’un usage répandu à l’oral comme à l’écrit, ce qui garantit une présence plus ou moins longue dans la langue. C’est dire que les néologismes à la mode ne sont pas pris en considération…Lire la suite sur Lemonde.fr