François Hollande au cours de sa conférence de presse à Addis-Abeba, le 25 mai 2013. AFP / BERTRAND LANGLOIS
François Hollande est en Ethiopie pour les festivités marquant le 50ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine (UA), où il a tenu, samedi 25 mai, une conférence de presse. Il a notamment annoncé que la France s’apprête à convier « l’ensemble des dirigeants africains » à un sommet pour la paix et la sécurité sur le continent africain prévu les 6 et 7 décembre à Paris, et où sera traitée la question du terrorisme. Une annonce qui vient deux jours après les attentats au Niger. Extrait de sa conférence de presse.
Que sait-on des auteurs des attentats du 23 mai à Arlit et Agadez, dans le nord du Niger?
François Hollande : Le Mujao a revendiqué. C’est une hypothèse sérieuse puisque nous savons que le Mujao est présent dans la région. Nous n’avions jamais confirmé la mort de Mokhtar Belmokhtar (jihadiste algérien qui aurait « supervisé » le double attentat au Niger, ndlr). Il peut être effectivement un des commanditaires. Mais il n’en reste pas moins qu’il y a une menace terroriste dans cette région ! Notamment des groupes qui peuvent venir du sud de la Libye, ou d’autres qui ont fui le Mali et se sont réfugiés, y compris au Niger. C’était un petit groupe avec peu d’éléments, à la différence, par exemple, de ce qui avait été mené en Algérie (lors de l’attaque et la prise d’otages d’In Amenas, en janvier, ndlr).
Nous avons pu éliminer, avec les Nigériens, tout le groupe. Mais est-ce que ce risque est pour autant écarté ? Non ! Nous aurons, de toute manière, à protéger un certain nombre d’installations dans toute l’Afrique de l’Ouest, avec nos amis Africains.
Est-ce qu’il faudrait étendre la mission de l’opération de maintien de la paix à d’autres pays que le Mali ? Pour l’instant, il n’y a pas cette nécessité.
En revanche – et je l’avais précisé dès le départ – une partie de nos forces qui ne seront plus au Mali, seront disposées dans des pays proches, pour faire face, effectivement, à des risques d’agression dans les pays concernés, voire même au Mali. Notre dispositif est cohérent. Et ce n’est pas parce que nous nous retirons en bon ordre du Mali, que pour autant, nous nous retirons du Sahel.
Les évènements du Niger, les menaces au sud de la Libye… Est-ce que cela ne remet pas en cause le calendrier de retour des forces françaises qui sont au Mali en ce moment ?
Non. Nous avons notre calendrier. Vous savez qu’à la fin de l’année, il ne devrait y avoir plus que 1 000 soldats français au Mali. En revanche, il y aura plusieurs milliers de soldats sous la bannière de l’ONU dans le cadre de l’opération de maintien de la paix.
Et c’est la logique que j’avais moi-même fixée dès le départ, dès la première décision, que nos forces puissent être les premières à intervenir, avec les Maliens et avec les Africains qui pouvaient être dépêchés sur place – cela été le cas pour les Tchadiens – puis ensuite de nous retirer, pour laisser la place aux forces africaines. Ce calendrier est maintenu. Ce qui en revanche, doit être renforcée, c’est notre présence dans la région pour prévenir tous les risques et pour venir en appui et en formation des armées africaines.
Croyez-vous vraiment que des élections puissent se tenir le 28 juillet au Mali ? Et que veut la France à Kidal, ville instable du Nord et fief de l’irrédentisme touareg?
Le report des élections serait considéré, soit comme une impossibilité, parce que la sécurité ne serait pas revenue au Mali, soit comme un renoncement par rapport à la volonté d’organiser des élections. Donc, les élections doivent se tenir à la date prévue.
Deuxièmement, elles doivent se tenir sur tout le territoire malien, y compris le nord du Mali et notamment à Kidal. Et le MNLA (le Mouvement national de libération de l’Azawad, ndlr) doit accepter que les élections se tiennent, y compris dans des zones où il est présent. Que va faire la France ? La France va accompagner l’administration civile malienne, pour qu’elle puisse tenir partout et notamment à Kidal, les élections.
Dans un premier temps, il doit y avoir l’administration civile. Dans un second temps, les autorités maliennes doivent pouvoir – avec leur propre armée – être présentes partout au Mali, y compris à Kidal.
Source: RFI