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France : quand la force dite de libération vire en troupe d’occupation !

Comme un sinistre Gouverneur de colonie de la belle époque de l’Afrique française à laquelle il rêve sans doute, le porte-parole du chef d’état-major des armées françaises colonel Pascal LANNI déclare sans vergogne sur un plateau de télévision :

 

« Nous avons effectivement différents capteurs qui sont en l’air dans le ciel malien, essentiellement pour renseigner, d’abord pour neutraliser les groupes terroristes. Et nous le faisons dans le cadre des accords qui ont été passés entre les autorités maliennes et les autorités françaises, je pense notamment aux accords qui datent de 2013 et qui sont toujours en vigueur » !

Dans une autre de ces interventions télévisées sur le même sujet, il a l’outrecuidance de persister dans l’arrogance de sa conception d’un autre âge de ce que la France met dans l’enveloppe de statut d’Etat souverain du Mali : « Ce combat contre les groupes armés terroristes s’inscrit dans le cadre d’un accord qui a été passé avec le gouvernement malien qui date de 2013 et qui donne une liberté d’action et une liberté de manœuvre aux forces françaises dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes.

Donc la position de la France est légitime et légale. La France peut continuer à agir librement au Mali. Les accords qui ont été conclus en 2013 sont valables et donc nous continuons le combat contre les groupes armés terroristes » !

Ce colonel propagandiste Pascal LANNI n’a que faire du statut d’Etat indépendant et souverain du Mali dont il se moque, sous le fallacieux prétexte d’Accords qui ont cessé d’exister entre le Mali et la France. Dans sa vieille tête de colon, les piétinements répétés du Traité de coopération militaire franco-malien de 2014 par une série de décisions unilatérales prises par le jeune fougueux et inexpérimenté Président Macron doublement mal conseillé par un traitre ministre des Affaires étrangère transfuge socialiste zélé et une ministre des Armées au profil plus affairiste que militaire, seraient sans conséquence aucune ni sur ledit traité, ni en particulier sur l’Accord sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013 qui en constitue l’appendice.

LES ACCORDS DE 2013 NE PEUVENT SURVIVRE AU TRAITE DE COOPERATION DE 2014 DEJA ENTERRE PAR MACRON

De toute évidence, l’officier propagandiste de l’indéfendable cause française dans cette affaire, paraît totalement de mauvaise foi lorsqu’il tente insidieusement de séparer la validité de l’Accord sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013 de celle du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014.

L’impasse qu’il s’entête de faire sur le sort du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014 est assez révélatrice de ses manipulations et manigances. Il préfère au contraire s’arc-bouter sur l’Accord sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013. Cette imposture ne résiste point à l’analyse.

Les Accords sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013 ne sont en réalité qu’un appendice du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014. Exactement comme un cordon ombilical, ils lui sont liés au travers de l’article 25 intitulé « Combinaison avec les accords conclus antérieurement dans le domaine de la défense ».

Juridiquement parlant, les Accords de 2013 n’ont aucune existence qui soit autonome par rapport au Traité de base de 2014. Ils ne peuvent avoir d’effet que parce que ce Traité de base lui-même n’aurait pas été entaché et fondamentalement remis en cause par la France.
Sans Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014, point d’accords sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013 ! Les choses sont on ne peut plus claires. Si l’on conçoit qu’un article d’un traité ne peut survivre à la fin dudit traité, il faut bien admettre que l’article 25.2 du Traité de coopération et de défense de 2014 relatif à la survie des Accords de 2013 disparaît en même temps que le Traité de coopération de 2014 lui-même, piétiné par Macron et jeté dans les poubelles du Palais de l’Elysée.

Le Traité de 2014 aurait dû d’ailleurs acter l’abrogation des Accords sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013, à l’instar du sort que l’article 25.1 réserve à l’Accord de coopération militaire technique du 6 mai 1985 qu’il a abrogé et remplacé. Contrairement à cet Accord de du 6 mai 1985 abrogé et remplacé, l’article 25.2 du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014 stipule que « l’application du présent traité est sans préjudice de la mise en œuvre d’autres accords conclus entre les Parties, en particulier l’accord sous forme d’échange de lettres signées les 7 et 8 mais 2013 ».

Cependant, en tant qu’accord-appendice du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014, la caducité de ce dernier du fait de sa dénonciation par la France, prive ipso facto de tout effet juridique, l’Accord sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013. Or il se trouve que le Traité de coopération et de défense du 16 juillet a sombré dans la caducité. D’où le ridicule qui ne tue pas chez l’officier propagandiste Pascal LANNI endormi et plongé dans le rêve fou d’un Etat malien souverain dont la France à la fois espionne et subversive, pourrait impunément continuer à violer l’espace aérien par refus d’obtempérer suite aux instructions des services de contrôle aérien, falsifications de documents de vol, atterrissages sans autorisation préalable d’hélicoptères dans des localités hors aérodromes, vols d’avions de renseignement et de drones évoluant à haute altitude. Il a vraisemblablement oublié qu’en droit international, il existe ce qu’on appelle les représailles que peut prendre un État contre les actes illicites commis à son détriment par un autre État.

LE TRAITÉ DE 2014 EST FRAPPE DE CADUCITE PAR LA FAUTE DE MACRON !

Quelle minable destinée pour la soldatesque française au Mali qui, propulsée sur un piédestal par la mainmise multidimensionnelle française exacerbée depuis le tournant de la démocratie bananière amorcée avec Alpha Oumar KONARE au sortir de Mars 91, se voit catapultée dans les abîmes d’une barbare troupe d’occupation finalement bannie et chassée du Mali comme une pestiférée.

Le Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014 ayant fait long feu et désormais caduc n’est plus qu’un vieux souvenir conventionnel. L’on se rappellera simplement qu’à la différence de l’Accord de coopération militaire technique du 6 mai 1985, il ne contient pas de clause de non-assistance. Barkhane ayant pris le relais de Serval, est passé par là !

Il offre une liberté quasi sans limite aux troupes militaires françaises qui ne peuvent être soumises aux autorités maliennes et auxquels il est gratuitement mis à disposition des installations, logements et fréquences pour les communications.

Le Traité du 16 juillet 2014 a quasiment bâti au profit des forces d’occupation françaises, une petite république hexagonale en République du Mali : un Etat fantoche français en plein cœur de l’Etat souverain du Mali !

Heureusement qu’il va au bout du compte s’avérer un instrument conventionnel maudit par le fiasco militaire français sans précédent au Mali. L’absence de résultats d’un partenariat lourdement stérile et vieux de près de 10 ans, aura eu raison des impostures françaises de la propagande officielle de lutte antiterroriste au Mali.

Le Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014 ne va pas tarder à exploser au vol comme une opération kamikaze française, dévoyée, dévêtue et mise à poil par « l’abandon en plein vol » unilatéralement décrété par Macron comme un aveu d’impuissance de sa pléthorique soldatesque.

Les preuves palpables de dénonciation de facto du fameux traité par la partie française sont évidentes et sans commentaires, avec comme conséquence d’impacter l’ensemble de ses dispositions : annonce le 3 juin 2021 de la suspension des opérations militaires conjointes française avec les forces maliennes ; annonce le 10 juin 2021 de la fin de l’opération Barkhane, sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne ; annonce du 17 février 2022 comme quoi les opérations Barkhane et Takuba vont entamer un « retrait coordonné du territoire malien » dans un délai allant de 4 à 6 mois, la France estimant que « les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel ».

Le gouvernement du Mali qualifiant ces désengagements français de « violations flagrantes » du Traité de coopération de 2014, et en prenant acte en tant que de dénonciations, a de son côté ordonné le 18 février 2022, le retrait sans délai des forces Barkhane et Takuba de son territoire national.

Tirant au nom du principe de réciprocité, les conséquences juridiques des multiples actes de dénonciation de la partie française, le gouvernement du Mali précise sans ambages « qu’au regard de ces manquements répétés des Accords de défense, il invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national… ».

En termes de fin de validité, de sortie en vigueur ou de non-applicabilité, les dénonciations françaises ainsi actées par le gouvernement du Mali, ont définitivement scellé le sort du Traité de coopération militaire et de défense du 16 juillet 2014 et de son Accord appendice sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013 qui ne relèvent plus désormais que de l’histoire diplomatique ancienne.

FAIRE PREVALOIR LA RECIPROCITE EN DENONÇANT FORMELLEMENT LE TRAITE DE 2014

Au fond, c’est d’un Etat malien malade, affaibli et privé de ses moyens basiques de souveraineté dont la France aura sauvagement abusé en lui imposant sans aucun état d’âme, les bricolages juridiques des 7 et 8 mars 2013 d’une part et du 16 juillet 2014.

La France aurait dû avoir la pudeur de ne point exhiber ces Accords bâtards de 2013 et 2014. Ce n’est un secret pour personne qu’il ne s’agit que de bricolages conventionnels indignes de relations entre des Etats souverains. On a comme le sentiment que l’Accord de coopération et de défense de 2014 et son appendice constitué de l’Accord sous forme d’échange de lettres des 7 et 8 mars 2013, n’ont pas été conçus pour libérer le Mali, mais plutôt pour sacrifier son intégrité territoriale, son indépendance et sa souveraineté sur l’autel de l’hégémonie française au Mali et dans le Sahel.

Ce n’est pas un hasard si par exemple l’officier propagandiste Pascal LANNI tient autant à l’Accord de 2013 tout en se gardant d’invoquer celui de 2014.

Il est clair que l’Accord de 2013, tout comme celui de 2014, ne répond qu’aux velléités françaises d’occupation militaire des territoires maliens et sahéliens pour servir les intérêts géostratégiques de la France néo coloniale.

Les Accords militaires de 2013 et de 2014 incarnent les modèles les plus achevés et les plus détestables de la déchéance d’un pays couché à plat ventre devant un autre auquel il concède l’essentiel de sa parcelle de souveraineté.

Maintenant que le régime politique du Mali se veut l’opposé radical des régimes antérieurs de gouvernance extravertie qui n’ont servi que les seuls intérêts étrangers et français en particulier, l’on comprend bien que la France et sa soldatesque soient nostalgiques des statuts privilégiés exorbitants des Accords militaires de 2013 et 2014 concédés par ces régimes extravertis.

Ce n’est déjà pas mal de qualifier les désengagements français de violations flagrantes du Traité de coopération de 2014, d’en prendre acte et d’inviter les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du Mali.

Demander par ailleurs la relecture du Traité comme prévue en son article 26.3 selon lequel « les Parties peuvent, à tout moment et d’un commun accord, amender par écrit le présent traité », sont autant d’actes de courage de la part d’un pays souverain victime de tentatives de vassalisation par la France néocoloniale.

Pour autant, ces réactions souveraines maliennes ne paraissent pas à la hauteur de la réponse adéquate en la matière. Le Mali se doit tout simplement de mettre en œuvre de la manière la plus formelle, l’article 26.4 du Traité de coopération et de défense du 16 juillet 2014 où il est stipulé que « chaque Partie peut dénoncer le présent traité par le biais d’une notification écrite ».

ALLEZ AU-DELA DE LA DENONCIATION DES ACCORDS MILITAIRES POUR SE LIBERER DE LA FRANCE NEOCOLONIALE

Dans sa conquête légitime de souveraineté d’Etat, les nombreuses taches d’ambiguïtés et de tergiversions que nous observons de la part des autorités de la Transition commencent très sérieusement à bien faire.

D’évidence, il n’est nullement question ici de jouer au va-t-en-guerre soufflant sur le feu. Mais le Mali en état de légitime défense face aux agressions françaises attentatoires à son intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance, ne saurait avoir la main qui tremble contre les impostures la France.

L’arrogance française, alimentée par le complexe de supériorité à connotation néo coloniale voire raciste parfois de ceux qui s’expriment en son nom, mériterait des réponses énergétiques de mieux en mieux appropriées du côté malien.

Certes, il faudrait dans ce sens et sans complexe aucun continuer d’opposer à l’instinct prédateur français, le discours martial de la souveraineté malienne.

Les autorités de la Transition désormais à la croisée des chemins dans leur volonté politique de se défaire du carcan impérialiste français qui étouffe la souveraineté du Mali, et qui font face au défi du « To be or not to be » (être ou ne pas être), ne peuvent plus s’accommoder de demi-solutions.

Après les Accords iniques célébrant l’occupation militaire de son territoire, il va falloir que le Mali s’attelle à briser également les autres chaînes de l’asservissement militaire français, constituées notamment de l’escroquerie juridique du G5 Sahel et de la prise en otage fonctionnelle de l’administration de la MINUSMA.

Une telle bataille souverainiste n’est évidemment pas gagnée d’avance contre une France néocoloniale à l’instinct bestial de prédation économique, politique, sociale et militaire de ses ex-colonies et d’asservissement mental complet de leurs peuples.

Dr Brahima FOMBA, Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB)

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