Pour couvrir à 100 % les besoins d’électricité au Mali en 2024, il faut 500 millions de litres d’hydrocarbure ; ce qui fait le contenu de 11 000 citernes de 45 000 litres et la bagatelle de 309 milliards de F Cfa… C’est ce qu’a annoncé le Directeur général d’EDM, Abdoulaye Djibril Diallo lors de sa conférence de presse dans la matinée du jeudi dernier (7 mars 2024). «Afin de permettre aux usagers de s’organiser, nous publierons régulièrement un plan de délestage… Avec ces plans, nous pensons que la population va mieux s’organiser et mener à bien ses activités», a annoncé Abdoulaye Djibril Diallo à propos des dispositions prises pour le ramadan.
Et pour réunir les moyens de sa stratégie, il a naturellement opté pour une hausse des tarifs. C’est la solution de la facilité parce que cela ne lui coûte rien. Au contraire, cela risque de réduire la demande puisqu’il est sûr que nous serons nombreux à ne plus pouvoir faire face à nos factures de courant déjà trop salées par rapport à la moyenne africaine. D’ailleurs, ces deux dernières années, EDM SA a augmenté combien de fois ses tarifs à l’insu de la clientèle ? Cette question, ils sont nombreux les consommateurs qui se la posent fréquemment parce que constant que les factures d’électricité ne baissent pas malgré la baisse de la consommation. «J’ai l’impression que mes factures ne sont pas établies sur la base des relevés des agents d’EDM. Pendant la période de froid, je n’ai pas utilisé mon clim, les ventilos et le frigo étaient également moins sollicités. Mais, cela était à peine perceptible sur le montant de mes factures. Pis, mes factures n’ont pas baissé malgré que le courant n’est maintenant fourni que quelques heures par jour. Alors sur quelle base est établie la facturation d’EDM ?», nous interroge un père de famille désabusé.
Il n’est pas le seul. En effet, beaucoup se demandent «si ce n’est pas l’obscurité qu’Énergie du Mali facture aux Maliens». Des sources proches de la société parlent de la hausse générale des impôts et des taxes imposées par le gouvernement pour renflouer les caisses de l’Etat. Mais, de l’avis de certains experts interrogés, cela ne peut pas expliquer les hausses constatées sur les factures d’électricité des ménages depuis plus d’un an. Sans compter, ces derniers temps, la tarification unilatérale pour les recharges via un service digital.
Le hic, c’est que le Directeur général d’Energie du mal, pardon Energie du Mali, a annoncé une nouvelle hausse des tarifs d’électricité sans aucune garantie d’une fourniture régulière. Même si la société promet un plan pré-établi de délestages pendant ce mois de ramadan.
«On attendait beaucoup de la conférence de presse du DG. Mais, au finish, rien de nouveau. Sinon que le client va payer le courant plus cher dans les mois à venir», s’est plaint un activiste. «Le moment est très mal choisi en ce temps de délestage, de désagréments et de tort à la clientèle. En lieu et place de solutions idoines et concrètes pour l’apaisement du climat, on nous jette à la figure une telle information inopportune», déplore un cadre du pays. «Cette décision est un abus de la résilience des Maliens», conteste un activiste.
En temps de crise, c’est tout le monde qui doit consentir des sacrifices. Ainsi, comme au Bénin, les responsables d’ EDM auraient dû commencer par supprimer tous les privilèges accordés aux cadres et agents de la société, qu’ils payent le courant comme tous les citoyens. Et cela d’autant plus qu’ils sont en partie les principaux responsables de la situation qui nous a conduit dans cette impasse énergétique.
Malheureusement, ce sont les consommateurs qui doivent toujours avaler la pilule amère alors que les dirigeants et les principaux responsables de la crise sont dans le luxe. Cette pilule aurait été facile à digérer si on était sûr que cela allait nous assurer un vrai répit par rapport aux coupures ruineuses pour les économies locale et nationale. Quelle garantie les responsables d’EDM peuvent-ils donner aujourd’hui aux Maliens que l’impact de cette hausse ne va pas être plutôt ressenti sur des comptes bancaires personnels ?
Ce qui est sûr, comme réagissait un confrère, «il semble que la lumière au bout du tunnel soit encore lointaine… Aucune solution immédiate ou à moyen terme ne semble se profiler». Les Maliens ont-ils aujourd’hui d’autres choix ? «Nos regards sont maintenant tournés vers les Associations de consommateurs et des centrales syndicales. Nous osons espérer que pour une fois les défenseurs des consommateurs sauront faire fi de leurs propres intérêts afin de montrer leur muscle aux décideurs politiques de la Transition», espère un enseignant à la retraite. Sauf que, visiblement, le vent semble être tiré !
Kader Toé