Incident à caractère raciste majeur dans un match du championnat portugais de football, dimanche 16 février. Moussa Marega, l’attaquant international malien du FC Porto, a inscrit le but de la victoire de son équipe à Guimaraes avant de quitter le terrain, ne supportant plus les cris racistes dont il faisait l’objet.
Le FC Porto revient à un point du Benfica Lisbonne en tête du championnat du Portugal. La défaite des Lisboètes samedi 15 février contre Braga (0-1) et la victoire des Dragons dimanche 16 février sur le terrain du Vitoria Guimaraes (2-1) relance la course au titre.
Mais le résultat sportif de Porto n’est pas l’enseignement majeur de cette 21e journée de Liga Nos. De ce match gagné par les Portuans dans le nord du Portugal, on retient surtout le spectacle consternant qui a amené à la sortie enragée de Moussa Marega bien avant la fin de la rencontre.
Insulté, Marega répond avec un but et une célébration particulière
À la 60e minute de jeu, alors que le score était de 1-1, le Malien, lancé en profondeur, a remporté son duel avec le gardien Douglas Jesus d’une balle piquée. Un but qui s’avèrera décisif puisque Porto ne lâchera plus cet avantage d’un but. Mais juste après son 6e but de la saison, Moussa Marega a défié certains supporters du stade Dom Afonso Henriques, l’antre du Vitoria Guimaraes.
L’Aigle n’a pas fêté sa réalisation avec la joie habituelle du buteur. Non, il a plutôt montré plusieurs fois son avant-bras en direction des tribunes, comme pour désigner sa couleur de peau. Une attitude qui n’a pas plu à certaines personnes, qui ont commencé à jeter des projectiles dans sa direction, dont des sièges arrachés.
L’arbitre a adressé un carton jaune à Moussa Marega, coupable à ses yeux d’avoir provoqué les supporters. L’homme au sifflet ignorait peut-être les raisons qui ont poussé le joueur à réagir ainsi. Mais la suite lui a sans doute permis de comprendre davantage. Car l’incident ne s’est pas arrêté là.
Personne n’a pu l’empêcher de quitter le terrain
Loin de se calmer, Moussa Marega a laissé exploser sa colère. Dans le stade de Guimaraes, certains individus ont proféré des insultes à caractère raciste à son égard. Ce n’est pas une première en Europe, bien au contraire même. Mais cette fois, l’attaquant de 28 ans a riposté avant de dire stop.
Ses coéquipiers et plusieurs joueurs du Vitoria Guimaraes ont tenté de le convaincre, mais sa décision était prise : Marega a décidé de quitter le terrain. Sous les sifflets, le Malien, après plusieurs minutes de discussions vives avec les protagonistes sur la pelouse, a demandé à être remplacé, tout en adressant des pouces en bas en direction des tribunes.
Choqué par l’attitude de ces supporters insultants, le coach de Porto, Sergio Conceiçao, leur a crié plusieurs fois : « C’est une honte ! » Et avant de rentrer au vestiaire à la 71e, Moussa Marega, fou de rage, a envoyé des doigts d’honneur aux tribunes où se trouvaient ses agresseurs.
« Nous sommes une famille, sans distinction de nationalité, de couleur de peau ou de couleur de cheveux »
L’incident de Guimaraes relance une nouvelle fois le débat sur la conduite à adopter en cas d’injures racistes dans les stades. Le FC Porto, lui, fait bloc derrière son joueur. Quelques minutes après la fin du match, Sergio Conceiçao a fait part de son indignation en conférence de presse. L’ex-coach du FC Nantes a tenu un discours fort : « Nous sommes une famille, sans distinction de nationalité, de couleur de peau ou de couleur de cheveux. Nous sommes humains et nous méritons le respect. Ce qui s’est passé est lamentable. »
Le technicien a poursuivi : « Nous sommes complètement indignés par ce qui s’est passé. Je sais qu’il y a beaucoup de passion au Vitoria Guimaraes (club qu’il a coaché pendant quatre mois entre 2015 et 2016, ndlr) et je crois que la plupart des supporters ne se reconnaissent pas dans l’attitude de certains individus qui insultaient Moussa depuis l’échauffement. » L’attitude des instances, l’UEFA et la Fifa en tête, sera à suivre ces prochaines heures après cette énième agression raciste dans le football européen.
Source :
Nicolas Bamba