Via son programme de fidélité « All », le groupe AccorHotels a signé un contrat de sponsoring maillot supérieur à 50 millions d’euros par an.
À la « Factory », le siège du PSG situé à Boulogne-Billancourt, on sait plus qu’ailleurs que tout peut être planifié. Hormis les accidents sportifs – ne leur parlez pas de « remontada » ! –, chaque aspect permettant de faire grandir le club est travaillé avec abnégation, patience et stratégie. C’est le cas pour le sponsoring et la communication. Mercredi dernier, alors que les rumeurs de l’arrivée d’un partenaire maillot se propagent au Parc des princes, silence radio des dirigeants à ce sujet. L’heure est à une autre signature (MSC Croisière pour deux millions d’euros par an) et au festival sur le terrain contre Montpellier (5-1).
Au lendemain d’une journée bien remplie, enfin, le nouveau sponsor maillot est connu. Ce sera « All », « Accor Live Limitless », le programme de fidélité du groupe AccorHotels. Il remplacera Fly Emirates sur les tuniques parisiennes dès la saison prochaine. L’enjeu était de taille depuis que la marque d’aviation de Dubaï avait annoncé ne pas prolonger son contrat commencé en 2006. Pour le PSG, il fallait trouver un sponsor aussi prestigieux à l’échelle internationale, tout en s’assurant de revenus conséquents.
Et la mission est réussie : d’après plusieurs indiscrétions, AccorHotels devrait débourser entre 52 et 60 millions d’euros par an (la durée du contrat n’est en revanche pas connue), alors que Fly Emirates ne versait « que » 25 millions par an. Une aubaine pour le club de la capitale qui est toujours dans le viseur de l’UEFA à propos du fair-play financier. D’ailleurs, l’UEFA a refusé de donner son accord au renouvellement du contrat avec QTA (l’office du tourisme du Qatar) qui prend fin en juin. Le montant de ce contrat était soumis à débat : les Football Leaks révélaient qu’il s’établissait à 145 millions, alors que le gendarme du football européen l’estimait à 58 millions euros.
Sébastien Bazin, une longue histoire commune avec le club
AccorHotels, présent sur tous les continents, a également le sens du timing : l’annonce a été faite le même jour que la publication de ses résultats annuels. Et bien entendu, le nouvel engagement du groupe y figure déjà. Derrière ce mariage de raison, il y a de nombreuses connexions entre le premier groupe hôtelier de France et le meilleur club de l’Hexagone. L’actuel PDG d’AccorHotels n’est autre que Sébastien Bazin, patron de Colony Capital qui détenait le PSG de 2006 à 2011.
Entre 2010 et 2011, il avait mené les discussions avec le Qatar afin de contribuer à la vente du club. Interviewé sur BFM Business hier, Sébastien Bazin s’est enthousiasmé : « Le PSG, ce sont 395 millions de followers. Nous avons 265 millions de clients. Quand on additionne ces deux données, on crée quelque chose d’extrêmement puissant. »
Sarkozy et « l’heureuse coïncidence »
Sébastien Bazin est également un proche de Nicolas Sarkozy, dont il avait encouragé la nomination au conseil d’administration de l’entreprise en 2017. L’ex-président ne cache pas sa proximité avec les dirigeants du PSG, lui qui était encore au Parc des princes mercredi dernier. Mais ne prêtez pas à Nicolas Sarkozy un rôle dans ce nouveau contrat, comme tient à le rappeler un proche de l’ex-président cité dans L’Équipe ce vendredi : « C’est une heureuse coïncidence que deux maisons qui lui sont chères se rapprochent. Cela ne peut être qu’une grande fierté. »
Ce qui n’est pas une coïncidence, en revanche, ce sont les liens ténus entre AccorHotels et le Qatar. L’État du golfe est en effet le deuxième actionnaire du groupe via QIA (Qatar Investment Authority) avec 10,44 % du capital. QIA est également présent dans le capital de plusieurs entités françaises, dont Vinci, Total ou encore LVMH. Ce nouveau contrat ne devrait pas inquiéter le PSG auprès de l’UEFA : Manchester City n’a jamais été sanctionné pour avoir un sponsor maillot dont l’entreprise (Etihad à 52 millions d’euros) est détenue par le propriétaire du club (le cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan, membre de la famille royale des Émirats arabes unis).
Avec « All », le PSG intègre le groupe des cinq clubs aux sponsors maillot les plus rentables au monde, derrière le Real Madrid (Fly Emirates, 70 millions d’euros), Manchester United (Chevrolet, 68 millions d’euros) et le FC Barcelone (Rakuten, 55 millions d’euros). Pour lever des fonds auprès de ses partenaires, le PSG s’active également vis-à-vis de Nike. L’équipementier est engagé jusqu’en 2022, mais le club espère revaloriser le contrat avant son terme. Si les employés s’activent dans les bureaux de la « Factory », les joueurs devront également suivre le rythme. Et pour l’instant, ils y arrivent brillamment.
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