La Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) a abrité hier un atelier diagnostic de l’interprofession pomme de terre du Mali. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le représentant du doyen de la FSEG, Pr. Georges Hadji Keïta, en présence du coordinateur du projet, Dr Ousmane Mariko et du président national du Groupement interprofession pomme de terre (GIPT), Abdoul Karim Sanogo.
Porté par la FSEG avec le soutien du Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique (FCRIT) du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet de recherche «évaluation systémique de la dynamique d’organisation des filières agricoles en interprofession et ses effets sur la performance des exploitations familiales et de l’employabilité agricole».
Ce projet, démarré en mars dernier, concerne l’ensemble des filières agricoles qui connaissent une dynamique d’organisation en interprofession agricole. Sa pertinence réside en la volonté des autorités publiques à responsabiliser les entités du secteur privé et de la société civile, comme constituant le moteur du développement dans tous ses aspects.
Cependant, la quasi-totalité de ces entités sont au même moment confrontés à des enjeux et des défis d’ancrage organisationnel et institutionnel importants.
D’où l’organisation de cet atelier qui, selon les organisateurs, fait suite à une large consultation de l’ensemble des familles d’acteurs membres du groupement interprofessionnel de la pomme de terre, les alliés, les décideurs et les partenaires techniques et financiers.
Sa finalité est d’établir un diagnostic exhaustif des familles d’acteurs considérées individuellement et du Groupement interprofessionnel de la pomme de terre pris dans sa globalité. Il sera assorti un plan d’actions de renforcement, en tenant compte de son environnement interne et externe.
Intervenant à cet effet, le président du GIPT a rappelé les acquis du secteur. Au titre de la campagne 2018-2019, la production nationale de pomme de terre est estimée à 310.000 tonnes, contre un besoin national évalué à 400.000 tonnes, a relevé Abdoul Karim Sanogo. Le chiffre d’affaires s’est établi à 64 milliards de Fcfa. Selon lui, le GIPT possède des chambres froides d’une capacité de 3.500 tonnes.
Aussi contribue-t-il, aujourd’hui, à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, à l’amélioration du revenu des producteurs, à la réduction du taux de chômage et de l’exode rurale. En ce sens que les jeunes constituent 80% des producteurs et commerçants en gros et détail, a ajouté M. Sanogo.
Pour consolider ces acquis et améliorer l’apport de la filière à notre économie, Abdoul Karim Sanogo a attiré l’attention des décideurs sur quelques contraintes majeures qui restent à lever. Pour ce faire, il a suggéré la subvention des intrants (semences et engrais spécifique à la pomme de terre) pour diminuer les coûts de production qui sont de 110 Fcfa/kg, contre 35 Fcfa/kg dans d’autres pays.
Le président GIPT a aussi demandé la réalisation d’infrastructure de conservation en chambre froide pour prolonger le délai de stockage afin d’étendre la commercialisation sur toute l’année, le développement d’unités de transformation de la pomme de terre pour les femmes et les jeunes, et l’installation d’une chambre froide d’une capacité de 15.000 tonnes dans la zone aéroportuaire de Bamako pour le stockage.
Car, «Bamako consomme près de 60% de la production nationale», a-t-il justifié. Avant de remercier les partenaires du FSEG pour leur initiative, première du genre à l’endroit de la filière.
Le coordinateur du projet s’est, quant à lui, penché sur ses attentes. «Nous pensons à l’employabilité des diplômés de nos Universités. Il s’agira pour cela de mettre en place des programmes de formation adaptée au monde agricole en général, à celui de la production de pomme de terre en particulier», a plaidé Dr. Ousmane Mariko.
Des pouvoirs publics, il attend un accompagnement permettant de faire de cette filière un des vecteurs du développement de notre pays. Cela peut passer, selon Dr. Ousmane Mariko par les subventions. «Nous constatons que la filière ne reçoit pas l’accompagnement des pouvoirs publics, en terme d’importation d’engrais.
L’État doit l’accompagner soit par des exonérations soit par des subventions en engrais», a-t-il recommandé. Cela permet, selon lui, de réduire le coût de production pour les producteurs et rendre les produits plus accessibles à la population malienne.
Amadou GUÉGUÉRÉ
Source: L’Essor-Mali