À l’occasion de la 20ᵉ édition de la Journée mondiale du lait, célébrée ce dimanche au Palais de la Culture Amadou Hampathé BA, le ministre de l’Élevage et de la Pêche, M. Youba BA, a réaffirmé l’engagement de l’État à faire de la filière lait un pilier de la sécurité alimentaire. Malgré le potentiel de ce sous-secteur, notre pays importe plus de 20 milliards de FCFA en lait et produits laitiers pour couvrir les besoins de sa population.
Face à une assistance composée de professionnels du secteur, d’acteurs agricoles et de partenaires techniques, le ministre a dressé un état des lieux à la fois lucide et volontariste de la filière, soulignant ses potentialités comme ses insuffisances structurelles.
« La stabilisation du cheptel, facteur de souveraineté de notre élevage avec les aménagements pastoraux et l’incitation à la culture fourragère pour augmenter quantitativement et qualitativement la production en lait cru local » était le thème de cette journée célébrée chaque pour promouvoir l’élevag laitier.
La célébration de cette 20é édition a été présidée par le ministre de l’élevage et de la pêche, Youba BA, en présence du représentant de la FAO au Mali, Isais Angue OBAMA ; du président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), Sanoussy Bouya SYLLA ; du président de l’AMAFILAIT, Hamadoun DICKO.
En plus de son apport à l’atteinte de la souveraineté alimentaire, le secteur représente une proche de recette importante pour l’Etat de par sa contribution pour près de 15% au PIB, 24% à la production du secteur rural, 80% aux révenus des populations rurales et près de 20% aux recettes d’exportation, a relevé le représentant par intérim de la FAO.
Au régard de ces chiffres, dit-il comprendre « l’importance, voire la souveraineté de l’élevage au Mali ainsi que toutes les conditionnalités à réunir afin d’y parvenir » qui passe notamment par la stabilisation du cheptel dans le pays.
Pour le président de l’APAC, le projet présidentiel, dont la vision est de stabiliser notre cheptel sur le territoire national, prévoit de créer des emplois et des conditions favorables pour les éleveurs.
« Ce projet suscite un immense espoir. Je demande à tous les acteurs de faire de cette décision une opportunité afin que le Mali et les Maliens puissent profiter des produits et sous-produits de l’élevage », a exhorté M. SYLLA, tout en saluant la décision des autorités d’accorder 10% de graines de coton au monde rural.
La mesure a été un régulateur sur le marché et a contribué à la stabilisation du prix de l’aliment pour bétail, a affirmé le président de l’APCAM, plaidant ensuite pour une augmentation du quota de graines de coton à 20 %.
Profitant de cette cérémonie qui concrétise la volonté des autorités du pays, à travers le ministère de l’Elevage, de faire du monde rural le fer de lance de l’économie nationale, le président SYLLA a interpellé sur les attentes de la profession, notamment en matière de financement, de promotion de la culture fourragère, de recensement des exploitations et de délivrance de cartes professionnelles agricoles, indispensables selon lui à une organisation rationnelle et durable du secteur.
Par ailleurs, il a averti que sans la création des forages, il est difficile d’atteindre les objectifs à travers la culture fourragère dans un pays où la saison pluvieuse ne dure que 3 mois.
Pour le ministre Youba BA, avec un cheptel estimé à plus de 14 millions de bovins et une production annuelle potentielle de plus de 2,5 millions de tonnes de lait, notre pays dispose d’un des plus vastes réservoirs laitiers de la sous-région.
Pourtant, selon les données de la Direction nationale des productions et des industries animales (DNPIA), à peine 1,1 million de tonnes de cette production est actuellement exploitable. Pire encore, la consommation moyenne par habitant reste autour de 30 litres par an, loin derrière la norme de 60 litres préconisée par la FAO.
En cause : les aléas climatiques, les déficiences dans la conduite des troupeaux, l’insuffisance des infrastructures de collecte et de transformation, ainsi que des difficultés récurrentes de conservation et de distribution du lait cru.
Conséquence, a relevé le ministre BA « le Mali demeure un des plus grands pays d’élevage de la sous-région qui importe plus de 20 milliards de FCFA en lait et produits laitiers pour couvrir les besoins de sa population. »
Face à ce paradoxe, le gouvernement a adopté depuis 2008 une stratégie nationale de valorisation du lait local, aujourd’hui renforcée par le Projet de Développement et de Valorisation de la Production Laitière au Mali (PRODEVALAIT).
Lors de son intervention, le ministre Youba BA a aussi annoncé plusieurs avancées concrètes dans le cadre de la promotion de sous-secteur. Parmi lesquelles, il a cité la rénovation de 18 centres de collecte de lait, l’équipement de 500 unités laitières pour les éleveurs, la construction de 4 centres stratégiques à Tienfala, Kassela, Ouéléssebougou et Katibougou, la mise en place de l’Interprofession de la Filière Lait, outil de gouvernance et de dialogue sectoriel.
PAR SIKOU BAH