Les «Jelis» du Mali, autrement, «les maître de la parole», ceux qui font encore «l’effort de mémorisation afin de conserver les acquis culturels du Mandé», tiendront, du 29 au 30 avril 2016, la première édition du «plus grand SANDIA» sous la direction du «Djélitonba», dans la ville symbole de Kita. En prélude à l’événement, ses organisateurs ont animé, vendredi dernier, un point de presse, au CICB pour expliquer le sens de la manifestation.
La conférence, qui a regroupé plusieurs personnalités de la grande famille des « Niamakala», était principalement animée par le chef du «Djélitonba» du Mali, Mamadou Diabaté.
Selon le conférencier, «SANDIA», qui signifie la bonne année, est une fête de réjouissance chez les populations du Mandé (Mandeka) au rythme de la musique et des pas de danse qui s’exécutent lors des grands événements (récoltes, cérémonies de mariages, de baptêmes…
Les danses chez les «Jélis» tirent leurs inspirations des grandes guerres de l’épopée mandingue. Chaque geste et chorégraphie sont des langages qui se combinent à l’utilisation d’épées pour les hommes et de foulards pour les femmes. Chaque danseur de par l’éclat qu’il transmet par les gestuelles, donne une interprétation assez particulière relatant un fait.
Selon le conférencier, cette grande fête populaire verra la participation effective des griots de chaque région du Mali et aussi des grands chefs griots de la sous-région. Toutes les démarches ont été déjà effectuées, dans ce sens, nous a-t-il expliqué.
‘’Exceptionnellement, cet événement réunira toutes les couches Jelis du Mali et de la sous-région et plus de 200 musiciens. Cette manifestation dont l’objectif est la revalorisation de la culture du Mandé se déroulera, pour cette première édition, à Kita, au regard de toute la signification de cette ville pour les Jélis de notre pays. Toutes les générations de griots se convergeront vers Kita pour donner et recevoir, ce que fut cette caste dans l’empire mandingue et le rôle que fut la sienne à Kouroukanfouga», nous a expliqué Madou Diabaté.
Ainsi, le public découvrira, les différentes facettes de l’art oratoire et musical du Mandé, ceci avec la démonstration des légendaires pas de danses symboliques en péril, actuellement, a indiqué le conférencier.
Les festivités du « SANDIA» seront, non seulement une grande occasion de faire redécouvrir et de revaloriser ce riche patrimoine immatériel du Mandé, mais aussi de recréer entre les Jélis, un climat de confiance et de cohésion favorable au développement du Mali.
Ce projet, combien salutaire dans un Mali en crise est l’aboutissement d’une concertation menée à la base par les acteurs et bénéficiaires, qui ont défini les problèmes liés à la perte de valeur de la pratique du «SANDIA » qui est et reste un patrimoine immatériel inexploité, a dit le conférencier.
De tout temps, selon M Diabaté, les jélis sont les grands témoins de grands événements. C’est pourquoi le projet «SANDIA» doit être au centre des festivités de célébration des fêtes au Mali afin de respecter la tradition, a indiqué M. Diabaté.
Cette grande fête se déroulera sur un grand espace aménagé, à cet effet, où les acteurs se livreront à la démonstration des pas de danses majestueuses aux sons et rythmes des Djembés, «Dourn doum», Tama et Balafon soutenus par les voix des cantatrices du Mandé.
Dans l’histoire, particulièrement du Mali et au Mandé, le jéli participe à la consolidation de la mémoire sociale d’un peuple. En effet, la capacité d’improvisation et d’interprétation du jéli entre dans la conservation du patrimoine culturel.
Les festivités du « SANDIA» seront une grande occasion de découvrir les fondements de ce grand patrimoine immatériel du Mali.
Au cours de cette rencontre, en marge des réjouissances populaires, une importante place sera réservée aux conférences, animées par des détenteurs confirmés de la tradition.
« Il s’agira pour nous, à travers cet événement, d’asseoir une plateforme d’échanges culturels», a indiqué le chef des Jélis du Mali.
Les invités viendront notamment de toutes les régions du Mali ; de la Guinée, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Gambie, du Niger, bref de la sous-région et du reste du monde. Plus de 25 000 spectateurs et sympathisants et 200 artistes Jelis sont attendus à ce rendez-vous.
Il est prévu, une grande conférence-débat sur le thème : «Le Jéli d’hier, d’aujourd’hui et de demain» et «Rôle et place du Jéli dans la société et dans la consolidation de la paix et la réconciliation».
Le plus grand SANDIA du cinquantenaire se déroulera les 29 et 30 avril 2016 sur la grande
place de Kita et réunira toutes les générations de jélis et également des sympathisants.
Par Sidi Dao
Source: info-matin