‘’Barkomo’’ ou la grotte, c’est le nom du film de deux jeunes cinéastes maliens, retenu par le jury du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) 2018, dans la catégorie long métrage.
Ils y a 20 films retenus dans la prestigieuse catégorie long métrage pour cette édition du Fespaco, dont le film malien ‘’Barkomo’’. La nouvelle est tombée en début de semaine dernière lors de la conférence de presse de la commission d’organisation, à Paris.
La présence de ce film à ce niveau très fermé du cinéma africain relève d’un miracle, car rien ne le prédestinait à ce succès, compte tenu des conditions et les moyens de ses producteurs.
En effet, ‘’Barkomo’’ est un film d’une heure 15 minutes, réalisé dans un petit village dont il porte le nom, dans le cercle de Bandiagara, région de Mopti. Il est réalisé par Aboubacar Draba et Bocari Ombotimbé, deux jeunes qui croient en leurs génies. Le scénario est coécrit par Bocari Ombotimbé et Erica Pomerance. Il est produit par DARK FACE FILMS. L’originalité de ce film réside dans ses conditions de réalisation. Ses auteurs racontent qu’il a été tourné avec presque zéro franc, car les comédiens et acteurs étaient volontaristes. Ils sont de Bamako et du village de Barkomo. Aboubacar Draba raconte que tous croyaient en l’aventure et ont donc travaillé sur la base de la confiance. Il rassure qu’aucun financement n’accompagne la production à part une contribution matérielle de Koriam Médias Prod. Tourné sur 14 jours, le réalisateur estime le budget à un million et demi de francs CFA.
L’histoire du film
Barkomo ou la grotte est une fiction tirée d’une histoire réelle. Il retrace la création d’un village du nom de Barkomo. Elle met en scène Salimata Tapily dans le rôle d’actrice principale, avec le surnom de ‘’Yamiyo’’. Cette femme n’avait toujours pas d’enfant après dix ans de mariage. Alors, elle proposa à son mari de prendre une seconde épouse pour assurer sa postérité. Le mari épousa une seconde femme qui donna naissance à un garçon. C’est alors que tout le malheur de la première a commencé. Yamiyo subit régulièrement des insultes et des humiliations de la part de son mari et de sa coépouse parce qu’elle n’avait pas d’enfant. Un jour qu’elle se disputa avec sa coépouse, son mari l’a battue. Lasse de supporter cette situation, elle décida de mettre fin à sa vie en se jetant du haut d’une falaise. Elle survit par miracle. Elle se dirigea vers un autre village qui ne connaît que des malheurs. Ici, il ne pleut plus depuis longtemps, la famine et la pauvreté sont le quotidien des habitants. C’est alors que Yamiyo fut accueillie et hébergée. Elle se rendit compte qu’elle était enceinte d’un garçon. A sa naissance, l’enfant rapporta le bonheur et la joie de vivre dans le village qui a décidé de le baptiser ‘’ Anabalé’’ (gaucher). Ce garçon était choyé de tous. Grandi, il tomba amoureux de la fiancée du prince. Anabalé n’avait d’autres choix que de fuir avec sa dulcinée pour fonder le village de Barkomo.
Les thématiques
Ce film, d’une originalité, met l’accent sur plusieurs thématiques dont l’actualité brûlante du centre du Mali, avec les affrontements intercommunautaires ; l’émancipation de la femme ; la pratique des rituelles ancestrales, entre autres.
L’incroyable destin de deux jeunes réalisateurs
C’est lors des derniers jeux de la Francophonie qu’Aboubacar Draba et Bocari Ombotimbé, tous mordus de cinéma, ont décidé de se mettre ensemble pour la réalisation de ce film. Alors, ils commencèrent le tournage le 3 janvier 2018 pour terminer deux semaines plus tard. Ils terminent le montage en juin et envoient leur produit au Fespaco en octobre. Avec des moyens rudimentaires, soient deux caméras dans un coin perdu du centre du pays. Sans électricité pour recharger les batteries des caméras, il leur faut marcher chaque jour plus de 7 km pour se rendre sur le lieu de tournage. Si les deux jeunes réalisateurs n’en reviennent pas encore que leur film ait été retenu parmi les 20 présélectionnés par le jury pour la catégorie long métrage, ils reconnaissent avoir toujours rêvé d’une participation au Fespaco. « Notre objectif principal, c’est de remporter l’Etalon de Yennega, mais à ce stade, il est atteint à moitié », affirme Aboubacar Draba.
A noter que la participation de ce film à la prochaine édition du Fespaco est une fierté nationale, car à ce jour c’est le seul film retenu pour cette catégorie alors même que les inquiétudes commençaient à gagner les Maliens qui n’en croyaient presque plus. En prélude au festival, les réalisateurs annoncent la projection de l’avant-première courant le mois de février, au Cinéma Babemba.
Hamadoun MAIGA
Source: Azalaï-Express