Les femmes des campagnes sont confrontées à de multiples difficultés qui les empêchent de jouer pleinement leur rôle d’acteurs du développement
La Journée internationale de la femme rurale est célébrée le 15 octobre de chaque année dans notre pays depuis 1995. Cette année, la célébration a été décalée en raison de l’agenda de la ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. C’est pourquoi les festivités ont eu lieu le 25 octobre dernier à Bandiagara dans la région de Mopti. Le thème international retenu pour cette 19è journée dédiée à la femme rurale était : « L’an 2014, année internationale de l’exploitation familiale : rôle et place des femmes rurales, impact sur leur autonomisation ».
Notre pays a adapté ce thème aux priorités nationales : « Emergence socioéconomique et politique des femmes rurales pour un développement durable du Mali ». Instituée suite aux recommandations faites par le comité des femmes de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA) lors de la conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing, la journée dédiée à la femme rurale rappelle les efforts déployés par cette couche de la population.
Elle se veut un espace de communication permettant aux femmes rurales de s’informer et de se former. Elle permet également de rehausser le profil de la femme rurale tout en relayant son rôle dans le développement et les enjeux auxquels elle est confrontée. Cette journée permet aussi aux femmes rurales de s’exprimer, d’être sur le devant de la scène publique, de faire comprendre à la société et au gouvernement les réalités de leur vécu ainsi que leurs besoins.
Les représentants du monde rural, les décideurs et les partenaires étrangers se sont donc donnés rendez-vous à Bandiagara pour célébrer les femmes rurales. Le thème de la journée, a expliqué Mme Sangaré Oumou Ba, rappelle le rôle majeur joué par les femmes en général et en particulier les femmes rurales dans la sécurité alimentaire ainsi que dans le développement durable et la stabilité des campagnes. En outre, l’émergence socioéconomique des femmes revêt une importance particulière pour éradiquer la faim et la pauvreté.
D’où l’appel à une mobilisation accrue lancée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en faveur des femmes rurales. Celui-ci recommande d’investir dans les femmes rurales, en éliminant les discriminations dont elles sont victimes en droit et en pratique. L’on doit veiller également que les politiques répondent à leurs besoins, tout en leur garantissant le même accès aux ressources qu’aux hommes. Les uns et les autres sont aussi exhortés à accorder aux femmes rurales un rôle à jouer dans la prise de décision.
Mme Sangaré Oumou Ba a relevé le faible taux d’alphabétisation des femmes (environ 79 sur 100 sont sans instruction et analphabètes, source EDSM V). Aussi, le faible accès des femmes aux facteurs de production, combiné à un environnement agro-écologique fragile et capricieux, ralentit leur contribution aux activités de production et freine leur savoir-faire. Du coup, a-t-elle soutenu, depuis plusieurs décennies, on constate une féminisation de la pauvreté.
Malgré ces handicaps, les femmes rurales ont un apport important dans le domaine de la production et de la productivité agricole, a souligné Mme Sangaré Oumou Ba qui s’est réjouie du fait que des activités qui étaient exclusivement réservées aux hommes, sont investies de nos jours par les femmes. Même si celles qui sont actives dans le secteur agricole restent confrontées à des défis comme les problèmes d’accès aux facteurs de productions, aux intrants et crédits agricoles. A cela, il faut ajouter les difficultés d’écoulement de leurs productions dues en partie à l’enclavement des zones de production, ainsi qu’aux exigences des normes et qualités liées à la transformation, au conditionnement, à la vente et à la consommation des produits agricoles transformés.
Compte tenu de ces difficultés, l’Etat, de concert avec ses partenaires techniques et financiers, œuvre à apporter des soutiens propres à amoindrir les inégalités et créer des conditions pour une réelle prise en charge des femmes rurales, a assuré Mme Sangaré Oumou Ba.
Auparavant, la présidente de la Fédération nationale des femmes rurales, Mme Goundo Kamissoko, avait plaidé pour un renforcement continu des capacités des femmes rurales, l’acquisition d’équipements productifs en nombre et en qualité en plus de la consolidation du suivi et de l’appui conseil et technique des femmes.
Pour la ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Berthé Aïssata Bengaly, la promotion de l’artisanat et de celle des femmes vont de pair. Voilà qui explique certainement les différentes visites touristiques effectuées par la délégation ministérielle dans le cercle de Bandiagara.
La journée a aussi été marquée par la visite des réalisations des femmes de Bandiagara, la remise de diplômes de mérite et de reconnaissance ainsi que de matériel et d’équipements aux groupements des femmes. Une visite des stands d’exposition des femmes rurales a mis fin aux festivités de cette 19è édition de la Journée internationale de la femme rurale.
M. A. TRAORE
Encadré
Brainstorming
La célébration de la 19è édition de la Journée internationale de la femme rurale à Bandiagara a aussi été marquée par des animations culturelles, une foire d’exposition des produits agricoles, des visites de sites touristiques. Une conférence débat s’est attachée à informer et sensibiliser les femmes rurales sur leurs droits et sur le contexte de la journée internationale. Au cours de cette rencontre, des experts ont développé des thèmes comme « l’an 2014, année internationale de l’exploitation familiale : rôle et place des femmes rurales, impact sur leur autonomisation », « la politique foncière agricole : quelle stratégie pour les femmes rurales », « l’appui du cadre intégré aux initiatives féminines rurales ».
Une réunion technique a permis aux directrices régionales de la promotion de la femme de faire l’état des lieux et des réalisations 2013-2014 au bénéfice des femmes rurales. Les différentes communications ont été suivies d’un débat au cours duquel des suggestions ont été faites pour enrichir les perspectives de 2015.
L’édition 2014 de la Journée de la femme rurale a aussi mis l’accent sur le tourisme qui depuis les évènements du Nord, tourne au ralenti. Ainsi en collaboration avec le ministère de l’Artisanat et du Tourisme, une visite des sites touristiques de Bandiagara a été organisée.
L’initiative entendait administrer ainsi la preuve que les visites touristiques dans cette zone sont désormais possibles. L’invite est adressée à ceux qui le désirent de visiter Bandiagara ou d’autres sites touristiques dans notre pays.
Une prière pour la réconciliation et la paix au Mali a été organisée dans la mosquée de El Hadji Oumar Tall dans le village Déguenbéré.
M. A. T