Mécontents de la décision du gouvernement de réduire la subvention des intrants agricoles à hauteur de 50 % en pleine campagne agricole, les paysans semblent dans la logique de boycotter la culture du coton pour sanctionner le gouvernement. La majorité des paysans a préféré cultiver des céréales en lieu et place des cultures commerciales. L’atteinte des objectifs de la campagne cotonnière est d’ores déjà compromise.
Entre le gouvernement et les paysans, le divorce semble consommé. La décision du Premier ministre de réduire la subvention des intrants agricoles à hauteur de 50 % est à la base de cette incompréhension. Une décision qui a complètement bouleversé le plan de campagne des paysans. Si les producteurs de l’Office du Niger ont haussé le ton face au gouvernement, les paysans des autres régions du pays ont préféré se taire et prendre leur mal en patience.
Cependant, dans la discrétion, les paysans n’ont pas abandonné pour autant la lutte pour la survie de leur secteur. Au cours de notre enquête dans les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou, nous avons constaté que la culture des cultures commerciales (coton, canne à sucre, tabac) a brusquement chuté au profit des céréales comme le maïs, le riz, le mil et le sorgho…
Au cours de nos investigations, certains paysans n’ont pas caché leur colère face à la décision des autorités qu’ils qualifient de trahison. “Nous sommes en colère, car le gouvernement nous a piégé et nous avons décidé de bouder la culture de coton. Nous avons cultivé le maïs pour nourrir nos familles. Comme le gouvernement a coupé son engrais, à notre niveau, nous boycottons la culture du coton. Si vous n’avez pas l’engrais, c’est risqué de cultiver le coton”, a déclaré T. Coulibaly.
Pour A. Traoré, entre le commerce et la survie le choix est vite fait. “Nous n’avons pas le choix. Faute d’engrais, nous sommes obligés de donner la priorité aux cultures vivrières. Si le gouvernement veut qu’on cultive le coton, il doit mettre les moyens. Nous déplorons la manière. L’engrais est inaccessible et le coût est élevé”.
De Koumantou à Banamba en passant par Koutiala et Bla, partout, les paysans sont sur le pied de guerre et boudent les cultures commerciales au profit des cultures vivrières. Les nombreux déplacements du ministre de l’Agriculture et du président de l’Apcam n’ont pas servi à inverser la tendance. Face aux besoins urgents, les beaux discours sont insignifiants. Malheureusement, le ministre ne détient pas entièrement les clés de la situation.
Si le Conseil supérieur de l’agriculture table sur une prévision de 800 000 tonnes de coton graine pour une superficie de 782 000 ha en 2019, une production de 900 000 tonnes pour une superficie de 850 000 ha en 2020 et une production de 1 million de tonnes pour une superficie de 877 000 ha en 2021, ces objectifs semblent déjà compromis. Suite à nos constats sur le terrain, l’objectif ne sera pas atteint à 50 % en 2019.
Par contre, les objectifs de production céréalière 2019 portent sur 11 126 012 tonnes, soit un taux d’augmentation de 10 % par rapport à 2018-2019, seront sûrement atteints. Les paysans handicapés par la pénurie d’engrais sont déterminés à donner toute leur force à la culture des céréales….Lire la suite sur Aumali
Affaire à suivre
Y. Doumbia
Source: L’indicateur du Renouveau