La protection de l’environnement et des espèces animales et végétales fait partie des missions des chasseurs partout au Mali. En tout cas les chasseurs du village de Diogo qui ne badinent pas avec ce serment ont édicté des mesures strictes au respect desquelles ils veillent scrupuleusement afin de préserver dame nature contre les prédateurs. Avec les bénédictions du chef de village, Bakary N’Golo Coulibaly, ils ont interdit certaines pratiques comme les coupes abusives de bois. Quiconque est trouvé en possession du charbon est sommé de justifier comment et où il l’a acquis. L’amende est salée et gare à celui qui ne paye pas !
La coupe du bois pour en faire du charbon est formellement proscrite à Diogo depuis plusieurs années. Même l’exploitation à cette fin d’arbres déjà morts sur pied ou cassés requiert l’approbation préalable des chasseurs, devant lesquels toute transformation en charbon doit être réalisée. Mieux personne n’est autorisé à faire du charbon même avec du bois mort de son champ sans au préalable informer et se faire assister par un donzo. Les amendes conséquentes auxquelles s’exposent les contrevenants renforcent ainsi l’efficacité de cette mesure dissuasive.
Cette démarche proactive préserve la densité forestière de Diogo et empêche la propagation des pratiques destructrices observées dans d’autres localités. Le village a pris le devant pour éviter que la quête d’argent au détriment de la forêt ne devienne une norme. Au-delà de la protection actuelle, Diogo envisage de redonner vie à un vaste espace dédié en patrimoine aux chasseurs. Autrefois, sous la seule autorité du chef des chasseurs, cet espace demeurait inviolable. Durant les périodes propices aux feux de brousse, cette restriction était universellement respectée.
Toutefois, pour préserver et revitaliser cet espace proche du village, un ambitieux projet de reboisement est envisagé. Les donzos cherchent du soutien pour sa concrétisation. Cette initiative alliant préservation environnementale et anticipation des défis futurs reflète l’exemplarité des chasseurs de Diogo. Leur démarche va-t-elle inspirer d’autres communautés à prendre des mesures similaires pour préserver dame nature ? Nous l’espérons.
Drissa Togola
Le Challenger