Les deux hommes qui ont pris la tête des primaires présidentielles républicaines aux Etats-Unis, le milliardaire Donald Trump et l’ancien médecin Ben Carson, retrouveront mercredi leurs rivaux de « l’establishment » lors du troisième débat de la saison.
Les 10 candidats en tête des sondages ont rendez-vous à 18H00 (00H00 GMT jeudi) à l’Université du Colorado à Boulder pour un débat de deux heures, consacré à l’économie, et retransmis sur la chaîne financière CNBC. Quatre autres débattront deux heures avant.
Donald Trump, 69 ans, était au sommet de l’affiche lors des deux premiers débats, en août et en septembre, mais c’est cette fois le docteur Ben Carson qui crée l’animation, en tant que premier candidat à détrôner Donald Trump dans des enquêtes d’opinion.
Le neurochirurgien à la retraite, 64 ans, seul candidat noir, a pris mardi la tête d’un sondage national parmi les électeurs républicains, réalisé pour le New York Times et CBS. D’autres l’ont placé en tête des intentions de vote dans le symbolique Etat de l’Iowa.
L’histoire montre que ces sondages ne sont pas prédictifs des résultats des futures consultations, qui commenceront en février 2016, ou de la présidentielle de novembre 2016. Les candidats qui menaient à ce stade en 2007 et 2011 les primaires sont tombés dans l’oubli.
Mais ils illustrent la popularité de cet « outsider » de la politique parmi l’électorat conservateur dans cet automne ravageur pour les gouverneurs, sénateurs et autres candidats dotés de la moindre expérience politique.
Les enquêtes ont aussi apparemment agacé Donald Trump, qui s’est mis à critiquer Ben Carson avec son verbe habituel.
Il s’est demandé à haute voix si Ben Carson, fidèle de l’église adventiste du septième jour, était bien chrétien. Il s’est moqué de la mollesse de l’intéressé, qui ne se serait peut-être pas rendu compte qu’il montait dans les sondages parce qu’il dormait.
Ce n’est pas le genre de Ben Carson de répliquer sur ce ton. Si l’homme se livre régulièrement à des sorties jugées hasardeuses sur des sujets sensibles comme l’avortement, l’esclavage, l’islam ou l’Holocauste, il le fait toujours d’une voix posée.
Dans les derniers débats, sa discrétion lui a d’ailleurs fait perdre du temps de parole, et il ne s’était guère fait remarquer.
– Une occasion pour Marco Rubio –
Les Américains, cependant, apprennent à le connaître. Selon l’institut Gallup, Ben Carson est le candidat le plus apprécié des sympathisants républicains, avec seulement 8% d’opinions défavorables. Donald Trump, par comparaison, en est à 34%.
Face à ces deux personnalités dominantes, les candidats plus traditionnels tenteront une nouvelle fois de percer.
Le sénateur de Floride Marco Rubio, 44 ans et fan du rappeur Tupac, est l’un des meilleurs orateurs de la course et a su exploiter à son profit le format des débats, qui donnent une prime aux explications percutantes et aux traits d’esprit.
Ce télégénique fils d’immigrés cubains pauvres, né à Miami, tentera probablement de reprendre le thème du rêve américain à travers son histoire personnelle. Son expérience au Sénat, où il ne met certes plus beaucoup les pieds pendant la campagne, l’aidera à compenser sa jeunesse.
Jeb Bush, frère et fils des anciens présidents Bush, est l’un des antagonistes notoires de Donald Trump, dont il dénonce la politique de caniveau. Malgré un formidable réseau de donateurs et des dizaines de millions de dollars de levés, l’ex-gouverneur de Floride ne parvient pas à décoller.
Son équipe veut croire que le « phénomène » Trump passera et parie sur une victoire de longue haleine. « Il veut gouverner », a par exemple dit un grand donateur de Jeb Bush à l’AFP. « Ça ne l’intéresse pas de rentrer dans ce cloaque de sarcasmes et d’imbécilités ».
Parmi les dix candidats du grand débat figureront aussi le sénateur du Texas Ted Cruz, très apprécié parmi les évangéliques et les ultra-conservateurs, et l’ex-PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, qui avait fait sensation au débat de septembre.
Les primaires commenceront dans l’Iowa en février 2016 et se poursuivront dans chaque Etat fédéré jusqu’au mois de juin.