Selon le Procureur de la République de Kaolack, Abasse Yaya Wane, «Ces actes d’une extrême gravité, relevant de la barbarie, interpellent les autorités et ne peuvent rester impunis. Une enquête est ouverte afin d’identifier les auteurs et engager contre eux des poursuites pénales ». Un responsable local de la Police a confirmé à l’Agence France presse (Afp), l’arrestation de quatre personnes soupçonnées de « faire partie des commanditaires» de ces actes.
L’exhumation d’un corps d’une personne présentée comme homosexuelle, n’est pas une première au Sénégal. En 2008, «la tombe d’un homme présenté comme homosexuel avait été profanée par des villageois qui refusaient qu’il soit enterré dans leur localité de Guinguinéo». L’année suivante, c’est-à-dire en 2009, «des habitants de la ville de Thiès ont exhumé deux fois le corps d’un homme, présenté comme homosexuel, qu’ils ne voulaient pas voir enterré dans un cimetière musulman».
L’acte du 28 octobre, qui a pris plus d’ampleur avec la magie des nouvelles technologies, notamment les réseaux sociaux, continue de susciter le plus grand émoi au Sénégal et au-delà. La population sénégalaise, à l’instar de celles d’autres pays africains, est majoritairement opposée à l’homosexualité. Ce qui est à l’origine des actes d’agression contre ceux et celles qui sont présentés comme des homosexuels.
On peut être contre les personnes homosexuelles. Les citoyens peuvent s’opposer à toute initiative visant à promouvoir l’homosexualité, si les pouvoirs publics tombent dans la tentation. Cela rentre dans le cadre du concevable. Mais aller jusqu’à déterrer le corps d’un être humain, fût-il homosexuel, et le brûler, cela est inacceptable. Il faut combattre la montée des extrêmes avec la plus grande fermeté. L’Etat ne peut pas rester sans réaction face à des telles dérives. L’enquête ouverte par le parquet de Kaolack et les premières arrestations sont à saluer.
Au-delà du Sénégal, il faut reconnaitre que nous assistons de plus en plus à la montée des extrêmes. Ça fait peur et expose nos pays, voire le monde à un avenir plus qu’incertain. L’un des ciments des sociétés africaines demeure la tolérance. Une tolérance qui cède de plus en plus le pas à la violence, devenue le moyen d’expression d’une jeunesse en manque de repère. Il revient aux dignitaires religieux de jouer un grand rôle, dans l’éducation à la tolérance. Il est de leur responsabilité d’agir dans ce sens. Comme aussi de la responsabilité de l’Etat d’agir avec la plus grande fermeté, face à la montée de l’extrémisme.
Par Chiaka Doumbia