Des innocents sont-ils en train de payer pour les coupables ? Ce qui se passe dans le secteur de l’enseignement privé ressemble bien fort à cela. Les nouvelles mesures prises par l’Etat dans la gestion parcimonieuse des subventions à l’enseignement privé sont passées par-là. Elles pénalisent des établissements scolaires privés qui n’ont rien à se reprocher concernant les irrégularités constatées dans la gestion des subventions et bourses que l’Etat versait au secteur privé de l’éducation durant ces cinq dernières années, c’est-à-dire pendant la période couverte par l’étude de l’Office central de l’enrichissement illicite (OCLEI).
Dans ses constats, l’OCLEI a fait ressortir des irrégularités graves dans la gestion desdites subventions, avec des actes de promoteurs d’écoles qui frisent la délinquance financière. Non sans préconiser des poursuites judiciaires, l’OCLEI recommandait aux autorités, en charge de l’Education au Mali, de revoir le système de gestion desdites subventions en vue d’une meilleure transparence et traçabilité. C’est ainsi que le ministère de l’Education nationale, en contrepartie, a décidé d’une gestion parcimonieuse de ces subventions qui ne seront plus, désormais, cette tontine à ciel ouvert où chacun se servait à sa guise. Des dizaines milliards de nos francs étant été ainsi engloutis par la mafia scolaire. Il y a depuis lors, du côté du gouvernement, une sorte de rétention des subventions scolaires destinées au secteur privé de l’enseignement car on veut y voir plus clair. En attendant, depuis le début de l’année, des promoteurs d’écoles, bien qu’étant en règle et donc éligibles à cette subvention, n’ont reçu un seul kopek. Entre les arriérés de paiement de la location du local, les factures d’eau et d’électricité et même l’ardoise d’endettement pour acquérir un groupe électrogène afin d’éclairer les salles de classe et ne pas laisser les élèves suffoquer de chaleur, avec notamment les délestages intempestifs de l’EDM-sa, en plus des charges salariales, les promoteurs et gestionnaires d’écoles privées ne savent plus où donner de la tête.
Pendant ce temps, contre mauvaise fortune bon gré, les enseignants essaient, tant bien que mal, d’honorer leurs engagements. Ils assurent les heures de cours programmées, tout en espérant, chaque jour, une amélioration de la situation. Mais accepter de souffrir stoïquement au nom du devoir ayant des limites, ils commencent à ronger leur impatience et en appellent aux autorités en charge de l’Education pour faire le geste qui va les sortir de la galère sans précédent qu’ils sont en train de vivre. En effet, la privation de salaire, combinée aux difficultés économiques quotidiennes, cela fait un peu trop pour eux.
Amadou Bamba NIANG, Journaliste et Consultant