Le chef d’état-major de l’armée malienne a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de la mort de trois prisonniers djihadistes pendant leur transfèrement vers un camp militaire, ont indiqué samedi les forces armées maliennes. Fréquemment accusées d’exactions dans l’exercice de leur fonction, les FAMa pourront-elles faire l’exception en rendant au plus vite les résultats de cette enquête ?
Le chef d’état-major des armées a indiqué que « dans la matinée du mercredi 13 janvier, à l’issue d’une rude phase de combat dans le cadre d’une opération militaire antiterroriste, quatre éléments des Groupes armés terroristes (GAT, désignation habituelle des groupes djihadistes par les autorités maliennes) ont été faits prisonniers dans le secteur de Kobou, village situé à 25 kilomètres au sud-ouest de Boulkessi », près de la frontière avec le Burkina Faso. « Trois des quatre prisonniers ont perdu la vie au cours de leur transfèrement de Boulkessi », où agit le groupe GSIM affilié à Al-Qaïda, « vers Sévaré », où l’armée dispose d’un important camp, toujours selon le même communiqué. Le chef d’état-major a « instruit l’ouverture d’une enquête afin de déterminer les circonstances de ces décès. Il présente ses condoléances aux familles des victimes », ajoute le communiqué.
Pour le commun, les enquêtes ont une histoire particulière au Mali. Elles sont pour la plupart du temps ouvertes, mais peu aboutissent. Si des enquêtes telles la mort d’une dizaine de jeunes à Badalabougou n’a jusque-là abouti, des questions se posent sur l’issue d’une liée aux djihadistes de surcroît.
Les militaires tombeurs du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta le 18 aout dernier gèrent le pouvoir. Ils se sont engagés à combattre les exactions dont l’armée malienne est accusée depuis des années. Le communiqué de l’état-major ne précise pas cependant, si ces événements ont un rapport avec les opérations qui ont permis à l’armée française de tuer une quinzaine de djihadistes, d’en interpeller quatre et de saisir armement, motos et diverses autres ressources le week-end dernier dans la même région de Boulkessi.
Toutefois, il convient de souligner que la situation au Mali reste très précaire, comme l’a relevé dans son dernier rapport le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se disant préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire. En témoigne la mort de cinq Casques bleus tués entre le 13 et le 15 janvier au Mali. Entre fin décembre et début janvier, cinq militaires de la force française Barkhane y ont aussi été tués dans l’explosion d’un IED (engin explosif improvisé) au passage de leur véhicule blindé léger, et six autres blessés par une voiture piégée conduite par un kamikaze.
Bourama Kéïta
Source : LE COMBAT