C’est devenu une habitude : les périodes de chaleur sont accompagnées de délestages électriques intempestifs au Mali. Cette année, la situation est allée de mal en pis. L’électricité est devenue presqu’un luxe pour le Malien.
« Nous payons le noir. Chose curieuse, le coût de ma facture ne varie pas même avec les délestages. Je ne peux pas comprendre cela », se plaint une cliente qui attendait son tour dans une file indienne pour payer sa facture d’électricité mensuelle. Sur les réseaux sociaux, les plaintes adressées à l’Énergie du Mali (EDM-S.A) ne manquent pas.
Qualifié de ministre du « délestage et des coupures d’eau » par les internautes, Sambou Wagué, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, n’a pu apporter satisfaction aux besoins en électricité des Maliens depuis septembre 2018, date de sa nomination.
L’EDM-S.A ne fait pas la différence entre les saisons pour plonger ses clients dans le noir. La chaleur doublée du délestage électrique constitue notre pire cauchemar. Les clients se posent des questions multiples sans réponses. Les ministres et directeurs de l’Énergie du Mali se succèdent, mais le problème demeure.
Mêmes discours sans changement
Invité sur le plateau de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), le 6 mai 2020, le directeur général de l’EDM-S.A, Boubacar Keïta, qui manquait visiblement d’arguments, n’a trouvé mieux que de s’excuser : « Permettez-moi tout d’abord de présenter nos sincères excuses à toute la population pour les désagréments causés ces derniers temps par les coupures. Les lignes sont surchargées, les centrales sont sollicitées. Et c’est la même contrainte pour toutes les sociétés d’électricité dans le monde », affirme le directeur. Cette intervention a provoqué un véritable tollé sur la toile. Certains se sont même sentis « insultés » par le directeur.
Face à la présentatrice de l’ORTM, le directeur de l’EDM-S.A n’a eu aucune échappatoire. Elle lui a rappelé que les Maliens entendaient les mêmes discours chaque année sans changement notoire. En mai 2019, des Bamakois avaient marché pour dénoncer la situation. Une année après, les choses se sont presque empirées.
L’énergie solaire, l’alternative
Avec la décrue, la souffrance des abonnés ne fera que s’empirer. Rares sont les quartiers qui reçoivent l’électricité au moins 12 h sur 24h. La chaleur est intenable. Les personnes du troisième âge sont les plus touchées.
Certains Maliens ont compris qu’il fallait penser à une alternative pour atténuer ce supplice. Comme Adama Djiré, habitant à Bamako, beaucoup ont opté pour une installation solaire : « Avec mon installation de moins 1000 watts, ma maison est électrifiée. Je n’ai pas de climatiseur, mais toutes mes quatre chambres sont électrifiées. L’indépendance énergétique réside dans le solaire ».
Avec une petite installation individuelle, des ampoules et des ventilateurs peuvent continuer à marcher pendant le délestage. Ces petites initiatives peuvent pousser EDM-S.A à prendre sa clientèle au sérieux. Si tout le monde avait sa propre installation solaire, EDM-S.A trouverait forcement une solution.
Ce vendredi 22 mai, une marche contre les délestages électriques est prévue, à 10h, organisée par le collectif Trop c’est trop. Selon les organisateurs, elle débutera au Pont des Martyrs à Badalabogou pour prendre fin à la Direction générale de l’EDM-S.A.
Source : Benbere