La ministre italienne de la Défense s’est rendue mardi en Libye pour réaffirmer le soutien de Rome à la réconciliation nationale libyenne, en dénonçant les « ingérences étrangères ».
« L’Italie est proche de la Libye, pas devant. Et nous l’aiderons à résister aux ingérences étrangères », a déclaré Elisabetta Trenta à la presse à son retour à Rome, dans une critique à peine voilée à l’appel pressant de Paris en faveur d’élections dès le mois de décembre, que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian était revenu marteler lundi à Tripoli.
« Nous ne croyons pas qu’une accélération du processus électoral puisse apporter la stabilité (à la Libye) si elle n’est pas accompagnée » de la réconciliation des Libyens et du retour à la sécurité, a insisté Mme Trenta.
« L’Italie a réitéré son soutien aux efforts de réconciliation nationale en Libye et à l’aboutissement d’un processus politique consensuel », a indiqué à la presse à Tripoli le porte-parole du gouvernement d’union nationale (GNA) Mohamad al-Sallak, après l’entretien entre la ministre italienne et le chef du GNA, Fayez al-Sarraj.
Les médias n’ont pas été admis au siège du GNA à Tripoli, où a eu lieu la rencontre, et n’ont pas accès à la ministre italienne.
Ancienne puissance coloniale, l’Italie s’implique fortement dans les tentatives de rétablissement d’un Etat stable en Libye mais surtout pour lutter contre les arrivées de migrants sur ses côtes.
Arrivée à Tripoli à bord d’un C-130 au côté du chef d’état-major des armées, le général Claudio Graziano, Mme Trenta a également évoqué cette question avec M. Sarraj qui a « de nouveau réitéré le refus de l’installation de migrants en Libye » selon le porte-parole du GNA.
« Il a été question aussi de la coopération dans le domaine (de la lutte contre) la migration clandestine, l’appui au centre d’accueil (de migrants) et la formation et l’équipement des gardes-côtes libyens », a indiqué M. Sallak.
« L’immigration incontrôlée et le terrorisme sont les deux faces de la même médaille. Le risque existe que des jihadistes arrivent (en Europe) à travers l’immigration incontrôlée et c’est pourquoi nous apporterons tout le soutien nécessaire aux Libyens pour augmenter leur capacité d’action », a insisté Mme Trenta.
Sept ans après l’intervention militaire occidentale et la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est en proie au chaos et plongée dans l’instabilité politique, avec deux autorités rivales: le GNA à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un cabinet parallèle dans l’est du pays, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.
Mme Trenta a précisé mardi soir qu’elle avait l’intention de rencontrer aussi M. Haftar.
Lundi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait fait le tour des principaux responsables politiques en Libye pour pousser à des élections en décembre, conformément à la feuille de route établie lors d’une réunion à Paris le 29 mai en présence de MM. Sarraj et Haftar.
La rédaction