Tandis que la population toujours plus paupérisée du Mali devient une proie très facile pour les groupes djihadistes, des campagnes de désinformation et de dénigrement systématique contre la France – mais pas seulement – dégradent fortement l’attractivité du pays et rendent urgent un nécessaire Renouveau…
« À l’initiative du club PPP Afrique, structure qui regroupe entreprises, acteurs économiques, responsables sociaux et experts panafricains et internationaux, un webinar consacré au Mali a permis à de nombreux responsables de s’exprimer sur la situation du pays. À cette occasion, l’ensemble des intervenants a souligné l’inquiétude grandissante de l’opinion internationale quant à la crise multi-facettes que traverse le pays, homme malade du G5 Sahel.
Aux principales causes connues de cette situation, aux victimes chaque jour hélas plus nombreuses auxquelles les populations locales et les forces militaires nationales et étrangères – dont la France en particulier – payent un lourd tribut, s’ajoute une crise endémique qui a pour noms : mal gouvernance, corruption, faiblesse de l’État, insécurité quotidienne grandissante, enlèvements – dont celui de Soumaïla Cissé, ancien ministre et ancien Président de la commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), considéré comme le leader principal de l’opposition, enlevé avec onze membres de son équipe lors de la campagne des élections législatives de mars dernier, et toujours aux mains des rebelles.
Le climat d’insécurité dans lequel est plongé le Mali s’explique notamment par la faiblesse du dispositif de défense national, par la dégradation des institutions juridiques et par une crise sociale due à une situation économique stagnante depuis une dizaine d’années.
La France, objet d’un dénigrement vindicatif et de critiques systématiques
Sans perspectives d’avenir et quasiment sans ressources, une partie de la population devient une proie facile pour les fanatiques islamistes et les bandes armées. Ceci provoque aussi un phénomène de dénigrement et de rejet profond, non seulement des structures nationales, mais aussi des amis et alliés du Mali, en particulier de la France, qui fait l’objet d’un discours anti-français et d’une critique systématique de l’aide française dans le domaine militaire.
À ce dénigrement vindicatif s’ajoute aujourd’hui un dénigrement entrepreneurial inquiétant, avec mises en cause et attaques systématiques du tissu économique national et des entreprises étrangères encore présentes au Mali.
Après Total qui en a été une des cibles, s’ajoute depuis quelques mois le dénigrement d’Oryx, opérateur international d’énergie pétrolière et gazière d’origine suisse, avec des rumeurs infondées, invalidées à de nombreuses reprises, l’accusant de collusion avec les plus hautes sphères du pouvoir. D’autres groupes économiques sont visés par des campagnes de désinformation et de fausses nouvelles et cette atmosphère n’incite évidemment pas les investisseurs potentiels à venir au Mali.
Pour mettre fin à la situation actuelle et faire en sorte que le pays s’engage sur la voie d’un vrai Renouveau, il faut un vrai changement de la gouvernance. Pour cela, il est impératif que le secteur privé soit partie prenante d’une profonde réforme de l’Etat et de son fonctionnement, que les acteurs économiques en symbiose avec les acteurs politiques issus d’une nouvelle génération gèrent ensemble la crise actuelle et engagent une profonde et nécessaire réforme à même de restaurer l’Etat et ses principales missions.
Aujourd’hui plus que jamais, le Mali a besoin d’un quadruple P : un Partenariat Politique Public Privé».
Une contribution de Mamadou Sinsy Coulibaly, président du Conseil du patronat malien,
et de Marc Teyssier d’Orfeuil, président de Com Publics (Paris), Créateur des clubs PPP Medafrique
Source : Africapresse.Paris