Jusqu’à présent la Cenco s’était contentée d’affirmer que les résultats du scrutin ne correspondaient pas à la vérité des urnes. Jeudi, elle a transmis un premier rapport détaillé de sa mission d’observation à la Commission électorale. La quinzaine de pages que RFI a pu se procurer étayent cette déclaration : selon les évêques, Felix Tshisekedi n’est pas celui qui a remporté le plus grand nombre de votes.
La Conférence épiscopale nationale indépendante (Cenco) s’était jusque-là limitée à prendre acte des résultats de la présidentielle et à affirmer au lendemain du scrutin et devant le Conseil de sécurité que ces derniers ne correspondaient pas à la vérité des urnes. Désormais les évêques étayent leur propos.
Tableau à l’appui, circonscription par circonscription. Sur les 26 provinces, la Cenco publie le comptage parallèle des voix qu’elle a effectué pour la présidentielle.
D’abord sur un échantillon de 10,72 % des bureaux de vote, puis sur 42,92 % des suffrages exprimés. Enfin, dernier niveau de vérification, les résultats sur 71,53 % des votes.
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A chaque fois, c’est le même candidat qui arrive en tête : Martin Fayulu, bien devant avec 62 % des voix sur l’échantillon le plus large, puisFelix Tshisekedi deuxième et Emmanuel Ramazani Shadary troisième. Avec sur ce même échantillon, respectivement 16,88 % et 16,93 % des voix.
Une technique de comptage parallèle utilisée dans plusieurs pays
Comment la Conférence épiscopale a-t-elle pu compiler des résultats avec autant de précision ? Depuis 2015, elle affirme s’être dotée de techniciens spécialisés dans cette méthode de comptage des votes ; des experts qui ont à leur tour formé les près de 40 000 observateurs déployés.
Enfin, 7 886 observateurs ont été chargés de se concentrer uniquement sur le comptage des votes à la présidentielle dans leurs bureaux pour dégager cette première photographie du vote sur 10 % des bureaux. Des tendances confirmées ensuite avec les deux autres échantillons.
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La Cenco rappelle que d’autres pays ont eu recours à cette technique de comptage parallèle des voix pour renforcer la crédibilité des résultats. Au Ghana en 2016, mais aussi au Nigeria ou encore en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso en 2015.
Le problème, c’est que dans le cas de la RDC, les résultats compilés par la Cenco ne correspondent pas du tout à ceux de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Une nouvelle fois, les évêques demandent donc à la Commission électorale de publier les PV bureau de vote par bureau de vote.
C’est ce vendredi que la Cour constitutionnelle doit rendre son arrêt sur le contentieux électoral après les recours déposés notamment par Martin Fayulu, qui conteste les résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre 2018.