A ses compatriotes, Soumaïla Cissé propose toute une batterie de mesures et de chantiers de réformes devant aboutir à la refondation du Mali. Sa vision repose sur cinq piliers qui résument les aspirations des Maliens. Le premier est la restauration de la paix, la sécurité du pays et l’autorité de l’Etat.
Un engagement inspiré du contexte dans lequel intervient cette bataille électorale où les effets pervers de la crise de 2012 sont encore perceptibles. «Il faut sauver le Mali», dit-il dans son programme qui indique clairement que l’action du prochain gouvernement devra être consacrée à la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, et ce dans une démarche inclusive et le dialogue avec la population.
Pour le candidat de l’URD, le plus urgent est de réformer profondément notre Armée, notre gendarmerie et nos autres services de sécurité qui doivent être mieux équipés et mieux entraînés pour faire face aux menaces de l’heure. «Il en va de la souveraineté nationale», estime Soumaïla Cissé. Ainsi, promet-il la création de brigades d’intervention rapide (BIR), l’amélioration du budget de l’armée et l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité. Il entend également affecter des ressources budgétaires supplémentaires pour améliorer les conditions de vie des hommes (logements dans les casernes, quotas renforcés dans les logements sociaux, prise en charge renforcée des veuves et orphelins de guerre, etc.) et mettre en œuvre un programme ambitieux de modernisation des camps militaires.
Puisque la seule voie militaire ne suffira pas à sortir le Mali du gouffre, le deuxième pilier du programme prévoit d’instaurer un véritable dialogue entre tous les Maliens. « C’est par le dialogue que nous réussirons ensemble », se dit convaincu le candidat Cissé qui, une fois à Koulouba, travaillera à faire disparaitre les ferments de division, en renouant avec la tradition malienne qui repose sur l’échange et le partage. La mise en œuvre de cet axe se matérialisera notamment par l’organisation d’assises nationales sur les grands problèmes de la nation, l’exécution d’un mécanisme pour la concertation entre le gouvernement, le patronat et les salariés sur toutes les questions relatives aux conditions des travailleurs et à leur rémunération et la mise en place d’un cadre institutionnel pour l’action et la responsabilisation des ONG.
Le troisième pilier, «Mettre l’Etat au service des populations», est d’autant plus important que les conditions de vie de nos populations «restent encore très en deçà des objectifs d’un développement économique et social de nature à vaincre la pauvreté». Selon Soumaïla Cissé, le Mali est encore parmi les derniers dans le classement du PNUD sur l’indice de développement humain (175ème sur 186 pays classés). Afin de changer la donne, notamment sur le plan sanitaire, son programme prévoit l’augmentation du budget de la santé, mais aussi la médicalisation de tous les CSCOM par le recrutement systématique des diplômés en médecine et le renforcement du système de protection sociale.
Le candidat entend également donner aux jeunes et aux femmes toute la place qui leur est due dans la société. Cet engagement constitue le quatrième pilier de son programme dans lequel il s’engage à ériger le Conseil national des jeunes en un organe consultatif pour toute décision importante à caractère réglementaire ou législatif relative à la jeunesse. Un fonds sera mis en place pour permettre aux jeunes de développer des activités et un quota de 20% leur sera réservé à l’Assemblée nationale. En outre, il promet de faciliter l’installation de jeunes entrepreneurs, d’appuyer l’installation de jeunes diplômés dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et le tourisme et d’instaurer l’obligation pour les entreprises bénéficiaires de marchés publics d’inclure un certain pourcentage de travailleurs de moins de 30 ans. Aux femmes, Soumaïla Cissé promet le respect et l’application de la loi sur le genre. Il veillera également à leur accès équitable aux ressources nationales notamment le crédit pour développer des activités génératrices de revenus.
Enfin, le cinquième pilier est consacré à la construction d’une économie performante et solidaire. En la matière, la stratégie du candidat s’appuiera notamment sur un secteur privé dynamique qui optimise le potentiel de nos ressources naturelles et qui fournit des emplois décents. «Notre économie doit à chacun et à chacune d’entre nous un avenir à la mesure de ses ambitions et de ses talents», estime Soumaïla Cissé dans ce programme ambitieux dont le coût de mise en œuvre est estimé à 7310,1 milliards de Fcfa.
Issa DEMBELE
BIOGRAPHIE
Né le 20 décembre 1949 à Tombouctou, Soumaïla mène une brillante scolarité et se distingue très tôt dans les sciences. Après son diplôme universitaire d’études scientifiques de l’Université de Dakar en 1972, il s’inscrit à l’Université de Montpellier où il obtient, quatre ans plus tard, une maîtrise en méthodes informatiques appliquées à la gestion (MIAGE). En 1977, il est ingénieur en informatique et en gestion et major de sa promotion de l’Institut des Sciences Informatiques de Montpellier. Sa carrière universitaire est couronnée par un certificat d’aptitude d’administration des entreprises obtenu en 1981 à l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.
Seulement âgé de 32 ans, le jeune Cissé est engagé chez IBM-France, au Groupe Pechiney France et au Groupe Thomson France, avant d’être recruté comme analyste et chef de projet informatique chez Air-Inter-France en 1984. Fort de cette expérience, il retourna au pays et intègra la Compagnie Malienne pour le Développement de Textile (CMDT) où il gagne des galons et devient Directeur des programmes et du contrôle de gestion, puis Directeur Général par intérim, en 1991.
A l’avènement démocratique, Soumaïla Cissé milita dans l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) dont il est membre fondateur. Ainsi, après les premières élections démocratiques, Soumaïla Cissé est nommé, en 1992, Secrétaire général de la Présidence de la République avant d’être promu ministre des Finances en charge également du commerce. Il boucle son cycle gouvernemental avec le super ministère de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’environnement et de l’Urbanisme qu’il a dirigé de 2000 à 2002.
Après les deux mandats du président Konaré à la tête de l’Etat, Soumaïla Cissé se porte candidat à la présidentielle d’avril 2002. Parmi les 24 candidats en lice au premier tour, il arrive second avec 21,3% des suffrages contre 28,71% pour Amadou Toumani Touré, qui sera élu au deuxième tour.
En 2003, le président de la République le nomme commissaire pour le Mali et le fait élire en janvier 2004 à la présidence de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA). Il créa en juin 2003, l’Union pour la République et la Démocratie (URD), considérée qui passe pour la 2ème formation politique du pays. Parti membre de la mouvance présidentielle, l’URD ne présente pas de candidat à l’élection présidentielle de 2007. Elle appuie la réélection du Président Amadou Toumani Touré et se voit octroyer trois postes ministériels dans le gouvernement.
Soumaïla Cissé fut également gouverneur de la Banque Africaine pour le Développement (BAD) pour le Mali, gouverneur de la Banque Mondiale pour le Mali, gouverneur du Fonds Monétaire International (FMI) pour le Mali et gouverneur de la Banque Islamique pour le développement (BID) pour le Mali. Fort de ses expériences, Soumaïla Cissé prend en 2004 la tête de la Commission de l’UEMOA qu’il dirigera de main de maître pendant huit ans. Il est élu député en 2013 et devient chef de file de l’opposition.
Grand Officier de l’Ordre national du Benin et de la Guinée Bissau, Grand officier de l’Ordre national du Mali, puis Commandeur de l’Ordre national du Mali, Soumaïla Cissé est aussi Commandeur de l’Ordre national du Bénin et Officier du Mérite de l’Ordre national du Lion (Sénégal). Passionné de sport, de lecture, il parle bamanan, peulh, sonraï, français, anglais etc. Soumaïla est marié et père de quatre garçons.
Source: Essor