L’élection présidentielle arrive à grands pas. Après celle de 2013 qui a permis au candidat du Rassemblement pour le Mali (Rpm) Ibrahim Boubacar Keita accéder à la magistrature suprême du pays, celle de 2018 s’annonce rude. Le bilan d’IBK en ce qu’il est très contesté par le peuple ainsi que la classe politique malienne, l’alternance semble nécessaire afin de redonner au Mali sa grandeur et sa dignité à l’échelle mondiale. D’un côté, l’ancienne classe politique aux affaires depuis près de 30 ans se bat pour conserver son trône, de l’autre, la nouvelle classe politique qui ne veut rien lâcher pour conquérir le trône.
L’ancienne classe politique au bord du gouffre
Depuis la chute d’ATT en mars 2012, le peuple malien n’a pas caché son souhait de changer l’équipe dirigeante du pays. La gestion des affaires du Mali démocratique est jusque-là très critiquée par les Maliens. Ils dénoncent entre autres la corruption à ciel ouvert, le favoritisme à tous les niveaux de l’administration publique. Et pis, le bilan de l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita est très mitigé avec l’aggravation de l’insécurité sur le territoire national, le pillage des ressources publiques à des fins politiques, et le manque de vision pour sortir le Mali de l’impasse.
Malgré tout, IBK et ses camarades du mouvement démocratique se battent pour conserver la gestion du pays. Il s’agit, entre autres, de l’honorable Soumaïla Cissé, président de l’Urd, de Modibo Sidibé, président des Fare «AN KA WILI», Tièbilé Dramé, président du Parena ainsi que de l’Adéma-Pasj.
Si l’Urd semble être forte sur ses appuis en raison des adhésions qu’elle enregistre, depuis plusieurs mois, il n’en est pas de même pour le président sortant, qui ne fait que perdre ses soutiens et pas des moindres. À ce niveau, on peut noter entre autres les démissions d’Etienne Fakaba Sissoko, un des leaders de la société civile malienne, des ministres Mohamed Aly Bathily de l’association APM et de Me Mamadou Ismaël Konaté, de Racine Thiam du parti CAP et surtout le parti ADP-Maliba qui a été le premier à claquer les portes de la majorité présidentielle avec ses quatre députés.
Les rangs du parti de l’honorable Amadou Thiam ont été renforcés par cinq autres députés du Rpm. Le parti SADI aussi de l’honorable Oumar Mariko a, dans la foulée, claqué les portes de la majorité présidentielle. Récemment, le président du Haut conseil islamique du Mali Mohamoud Dicko et son ami Cherif Ousmane Madane Haïdara ont semblé dire non au président de la République. C’est dire que celui-ci et son parti le Rpm iront très affaiblis à l’élection présidentielle de juillet prochain, avec moins de chance de l’emporter. Un autre aspect, non le moindre, est l’envie des Maliens de voir une nouvelle tête à Koulouba.
Aliou Boubacar Diallo arrive à grands pas
Homme d’affaires, entrepreneur, opérateur économique, Aliou Boubacar Diallo a un parcours hors du commun en politique. Sans carrière dans l’administration publique ni formation politique, l’opérateur économique est en train de se frayer un chemin sur la scène politique. Une des rares personnalités dans la galaxie des entrepreneurs de cette trempe sur le continent, engagée pour le changement.
En effet, engagé pour la cause du Mali et soucieux du développement socio-économique du pays, le Patron de Wassoul’or a fait son entrée dans la politique à la veille de l’élection présidentielle de 2013, où il a soutenu, sans réserve, sur tous les plans, la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta. Il a investi plusieurs centaines de millions pour le soutenir. Malheureusement, quelques mois après la prise de fonction d’IBK, M. Diallo s’est rendu compte que les promesses n’étaient pas sur le point d’être tenues. Il s’est alors battu, à travers son parti, pour tenter de changer la donne. Peine perdue !
Pour ces raisons, il prendra ses distances avec IBK. L’homme d’affaires, qui a construit un empire dans le secteur de l’industrie extractive, bénéficie aujourd’hui de l’appui de sa jeune formation dirigée par un jeune. Avec désormais 9 députés et 300 conseillers municipaux, l’ADP-Maliba constitue pour lui une base politique solide. M. Diallo a aussi la confiance des leaders religieux à travers le Cherif de Nioro du Sahel.
Quelques jours avant la présentation de vœux du nouvel an du président de la République à la société civile, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mohamoud Dicko, a fait savoir qu’ils ne soutiennent plus le président IBK. Il ajoute que les religieux suivront les consignes du Cherif de Nioro du Sahel lors de l’élection présidentielle de 2018. Cela pour ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2013, où ils avaient appelé à voter pour le candidat IBK.
En plus de ces soutiens de poids, Aliou Boubacar Diallo peut compter sur l’accompagnement de plusieurs coalitions regroupées dans une large plateforme pour faciliter l’alternance tant attendue par le peuple malien. Dans la course à Koulouba, l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo, PDG de Wassoul’Or, président de la fondation Maliba et président d’honneur de l’ADP-Maliba, présidé par l’honorable Amadou Thiam, peut créer la sensation en juillet 2018. Encore que son parti soit en train de se déployer à pas de géant sur le territoire national.
Favori caché !
Aliou Boubacar Diallo fait certes un peu figure d’ovni en politique, mais il est connu pour ses actions humanitaires, à travers la fondation Maliba, en faveur des plus défavorables au Mali. Par le canal de sa fondation, plusieurs centaines de millions ont été investis en vivres et en vêtements pour soutenir les déplacés du nord du Mali à Bamako et à l’intérieur du pays. Des actions de développement comme le curage de caniveaux dans la ville de Kayes à hauteur de plusieurs dizaines de millions, la construction de routes et d’écoles, l’appui financier aux leaders musulmans à travers la construction de sièges, mosquées et centres pour l’apprentissage coranique au Mali, et la mise en place de plusieurs associations et organisations de jeunes et de femmes, sont à l’actif du milliardaire.
De par ses nombreuses actions de bienfaisance, l’homme d’affaires est en passe de devenir le Patrice Talon du Mali. Celui-ci, qui a soutenu l’ancien président béninois Yayi Bony durant deux campagnes successives (2006-2011), a finalement pris ses distances d’avec lui en 2012. Avec une idée politique et une nouvelle vision des choses, l’homme est venu largement en tête à la dernière présidentielle du Bénin. Ce scénario n’est pas à écarter au Mali.
Aliou Boubacar Diallo, opérateur économique et entrepreneur d’une trempe rare, passe désormais comme un modèle de réussite chez les Maliens. Le phénomène béninois risque d’influencer les Maliens. En somme, Aliou Boubacar Diallo est aujourd’hui l’homme qui répond au mieux aux aspirations du peuple malien.
André TRAORE
Source: Soleil Hebdo