Cette feuille de route engage l’État et la société à améliorer l’impact des politiques publiques et à maximiser les ressources nationales disponibles, afin que les Maliens, puissent développer leur plein potentiel et contribuer au bien-être collectif tout en étant des citoyennes et citoyens égaux en droits et en devoirs
Le Grand hôtel de Bamako a abrité hier les travaux du Forum sur les stratégies et programmation genre et les mécanismes de financement des interventions pour l’égalité homme et femme au Mali. La cérémonie d’ouverture de la session était présidée par le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Ba. C’était en présence de la représentante de la directrice régionale de l’Onu-femmes, Mme Rachelle Mian, et de nombreux invités.
Initiée par la représentation d’Onu-femmes dans notre pays, la rencontre d’une journée s’est révélée un bon cadre d’échanges et de partage des expériences sur les défis liés à l’opérationnalisation du concept genre dans le contexte des interventions humanitaires et de développement dans notre pays. Les participants ont également passé en revue les avancées et reculs enregistrés en lien avec les objectifs fixés par le gouvernement dans le cadre du programme de relance durable (PRED).
Ils ont exploré les opportunités et cycles de financement disponibles pour les organisations de la société civile désireuses de participer à la réduction des inégalités de genre dans le pays. De même, une réflexion a été menée pour identifier les approches et méthodologies les plus efficaces pour une transformation sociale en profondeur, gage d’une meilleure intégration d’une approche genre dans notre pays. Lors de la rencontre, le rôle des acteurs clés a été également souligné, à savoir le gouvernement, les agences des Nations unies, les organisations de la société civile, les communautés de base, le secteur privé ainsi que la communauté internationale.
Notre pays dispose depuis 2010, d’une politique nationale genre (PNG). Elle vise la consolidation de l’Etat de droit par la promotion et la protection des droits des femmes et la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). A cet effet, il a été élaboré un plan d’action et une lettre circulaire prioritaire de l’aide juridique dans les cas de VBG.
Cependant, il a été constaté que les organisations féminines et les réseaux des femmes n’ont pas toujours la capacité technique requise pour gérer de façon satisfaisante des niveaux et volumes d’activité à la mesure des besoins.
Quels sont les facteurs qui empêchent les organisations de la société civile d’une façon générale de jouer pleinement leur rôle de levier du changement ? Que peuvent faire les partenaires techniques et financiers pour aider le mouvement social malien à mieux promouvoir l’égalité des sexes ? Ce sont autant de questions qui ont motivé l’organisation du présent forum. Cette rencontre a ainsi permis de mieux appréhender la situation et d’explorer les actions nécessaires pour atteindre les objectifs assignés dans la PNG, en terme d’égalité homme et femme.
SITUATION DE DEPENDANCE. Mme Rachelle Mian est revenue sur la crise qui a secoué notre pays et ses graves répercussions sur les droits des femmes et des filles. Au plan économique, les femmes qui avaient été économiquement très actives ont été laissées dans une situation d’insécurité totale. La majorité d’entres elles ont été contraintes d’abandonner toutes leurs activités économiques et se sont retrouvées dans une situation de dépendance totale, ce qui a accru leur vulnérabilité dans les zones de départ ainsi que dans les communautés d’accueil.
C’est pourquoi depuis plusieurs mois, le gouvernement, les agences des Nations unies, en particulier Onu-femmes, ainsi que les partenaires en synergie avec la société civile et parfois avec le secteur privé, mettent en œuvre des politiques de développement qui répondent spécifiquement aux nouveaux défis du genre liés à la crise, notamment la lutte contre les violences sexuelles. Toutes ces interventions, dira Mme Rachelle Mian, opérationnalisent en partie la politique nationale genre et le plan d’action de lutte contre les VBG. Elle a salué les efforts des Maliennes qui continuent à se battre pour le retour définitif de la paix et sa consolidation. Et assuré de l’accompagnement de son organisme d’autant plus que le Mali est un pays stratégique pour l’Onu-femmes.
Le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille est revenu sur l’historique de la création de son département. Mme Sangaré Oumou Ba a brossé la situation d’une Malienne toujours confrontée à sa faible présence dans les instances de décision. Or, selon elle, pour rendre effectif le potentiel que les femmes représentent, celles-ci doivent avoir la possibilité, comme les hommes, de développer pleinement toutes leurs capacités, d’influencer les processus de décision, de gestion et de contrôle et d’y faire valoir leurs préoccupations et expériences. L’enjeu pour notre pays est que chaque Malien prenne conscience de ses responsabilités et de ses capacités et que les institutions et les organisations les mettent à l’œuvre pour le développement du pays.
Pour atteindre ces objectifs, la PNG a été adoptée en 2010. Ce document, rappelle Mme Sangaré Oumou Ba, constitue la feuille de route que notre pays entend suivre pour relever son niveau de développement humain et économique. La Politique nationale genre vise à engager l’État et toute la société à améliorer l’impact des politiques publiques et à maximiser les ressources nationales disponibles afin que les Maliens puissent développer leur plein potentiel et contribuer au bien-être collectif tout en étant des citoyennes et citoyens égaux en droits et en devoirs.
Elle offre également un cadre conceptuel et opérationnel qui permettra d’assurer une cohérence, une harmonisation et un meilleur impact des actions liées à l’égalité entre les femmes et les hommes à travers des reformes nationales et les politiques sectorielles. Cette politique, précise Mme Sangaré Oumou Ba, représente aussi un cadre qui permettra à notre pays de marquer des progrès concrets dans la mise en œuvre de ses engagements au regard des conventions et engagements internationaux et régionaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violences envers les femmes.
Par ailleurs, a noté le ministre, dans ce document de politique, le rôle de chaque acteur est défini afin que la synergie d’action permette d’atteindre des résultats significatifs. Mme Sangaré Oumou Ba a annoncé que le Conseil des ministres a approuvé récemment la mise en place du mécanisme institutionnel de la PNG. Elle a souhaité l’appui des partenaires pour la réalisation concrète des activités et plaidé pour une mise en œuvre coordonnée des différentes activités du plan d’action de la PNG.
M. A. TRAORE
source : essor