L’histoire entre le nouveau PM et les enseignants est assez délicate. La synergie syndicale n’avait pas encore fini de lui demander ses comptes sur des « machinations » sur leur salaire. Dans cette situation, nous sommes en droit de se demander sur l’avenir de l’école malienne. Les enseignants vont-ils accepter d’aller en négociation avec celui qui « mentait » publiquement sur leur salaire et qui avait fini par les bloquer ? Avec cette nomination de Boubou Cissé, l’horizon d’une année blanche semble clair.
La synergie syndicale de l’éducation signataire du 15 octobre 2016 commence sa deuxième semaine de grève de leur mot d’ordre de 23 jours. On se rappelle que ce mot d’ordre a été déclenché alors que les syndicats et le gouvernement étaient en bâton rompu à cause du blocage de leur salaire depuis au mois de février. Un blocage effectué sous l’ordre de celui qui vient d’être nommé Premier ministre en remplacement de Soumeylou Boubeye Maïga. Nous savons que c’était à cause de ce blocage que les syndicats avaient subordonné l’ouverture des négociations au déblocage de leur salaire. Chose qui a été finalement faite sous l’ordre du chef de l’État le lundi 15 avril 2019. Dès lors, les négociations avaient été prévues pour le 19 avril, mais la démission de Boubeye et de son gouvernement bien avant, le 18 avril, a tout chamboulé jusqu’ici. En conséquence, les syndicats poursuivent leur mot d’ordre en entendant la formation du nouveau gouvernement. Mais la question qu’on doit se poser est de savoir si les enseignants seront tendres avec Boubou Cissé. En effet, la chance du PM avec les syndicats est minime à moins qu’il donne satisfaction aux points de doléances de ces derniers.
En termes de concession, la synergie syndicale acceptera-t-elle des concessions avec celui qui a osé donner de faux chiffres concernant leur salaire devant l’Assemblée nationale. Dans leur conférence de presse du 9 avril dernier, le porte-parole des syndicats signataires du 15 octobre 2016, Adama Fomba, a laissé entendre à propos de cette machination du gouvernement : « Nous vous informons que les sommes de 280 000 et 226 000 F comme salaire brut d’un débutant annoncé par le fameux ministre de l’Économie et des Finances est une fabulation et est le signe d’un vol organisé ». Il poursuivait en ajoutant : « Le ministre Boubou dans sa comparaison scénique a volontairement omis les primes et indemnités des autres fonctionnaires. »
Dans tout ça, ce qui peut paraître un signe de couteau tendu entre les deux parties se trouve exprimer à travers cette phrase : « Les syndicats signataires saisissent cette opportunité pour se donner tous les moyens nécessaires afin de réclamer la différence entre les salaires perçus et ceux annoncés par le ministre de l’Économie et des Finances. »
IBK aurait-il opté pour Boubou comme PM pour punir les enseignants et avec eux les enfants des pauvres du Mali ? Ce qui est sûr, cette nomination risque de compromettre les négociations entre les syndicats enseignants et le nouveau gouvernement. Les syndicats n’hésiteront nullement à demander des comptes au Premier ministre avant toute autre négociation sur la différence entre les salaires perçus et ceux qu’il a annoncés pendant qu’il était encore ministre de l’Économie et des Finances. Ce qui est sûr, celui qui a osé bloquer complètement les salaires des enseignants pendant qu’il était ministre de l’Économie et des Finances parce qu’ils sont en grève est capable de faire pire étant Premier ministre. Or, l’année a à peine fini sa carrière. Nous sommes déjà au mois de mai. S’il décide de tirer la ficelle, alors l’option d’une année blanche ne sera pas à écarter.
La seule chose qui peut sauver la situation est que Boubou Cissé arrive à comprendre vite l’urgence de la situation en reconnaissant ses anciennes erreurs et accepter ainsi de partir sur de nouvelles bases avec les enseignants.
Fousseni TOGOLA
Source: lepays