« Un français vaut il mieux que des Maliens » A cette déclaration du président de l’AMDH (Association malienne des Droits de l’homme) le très respectable Maitre Mariko, comme moi, certains ont dû sursauter. Le sujet mérite donc réflexion. Ainsi donc, sans passion nous faisons notre part d’analyse.
En effet, la libération de Serge Lazarevic, dernier otage français au monde, a fait rougir certains membres de la société civile malienne du fait qu’en échange le président français François Hollande avait demandé et obtenu de son homologue malien Ibrahim Boubacar Kéita, en échange la libération de deux prisonniers terroristes, Mohamed Aly Ag Wadoussène et Haïba Ag Acherif.
Ceux qui spéculent autour de la courageuse, très courageuse concession faite par notre président Ibrahim Boubacar Kéita semblent ne rien comprendre, ou peu au sens de cette démarche de reconnaissance. En prenant cette difficile décision, le président IBK savait bien qu’il le faisait au péril de sa côte de popularité tant le contexte socio politique et lourd de plusieurs charges que nous ne citerons pas. Mais voyons. Comment peut-on oublier l’attaque sanglante de Konan où nos forces de défense et sécurité ont perdu plusieurs hommes et ne parvenaient plus à contenir l’intensité et la puissance de feu de l’assaillant? Où serions-nous aujourd’hui, si la France n’avait pas intervenu ce jour là?
Comment oublier le sacrifice d’un certain Damien Boiteux (qui peut être ne connait personne au Mali) mais qui a payé de sa vie en nous sauvant de l’invasion djihadiste ?
Les réponses ? Tout le monde les connaît, Maitre Mariko aussi. Notre pays est un pays de reconnaissance. Nous rendons à la France ce salut.
Croire que nous sommes les seules victimes, de cette fratricide guerre est une gravissime erreur qu’il nous faut éviter de commettre. Ainsi donc, autant nous pleurons et saluons la mémoire de nos victimes, autant des familles françaises sont éplorées par la perte des leurs tombés loin de leur famille, de leur pays. L’amertume du président de l’AMDH est bien légitime, mais il nous faut mesurer la portée de nos actes et paroles pour éviter d’insulter la mémoire de tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines des ignobles assaillants d’AQMI, Ansardine et autres.
Qui n’a pas vu le visage attristé du Fils du défunt Philippe VERDON compagnon d’infortune de Serge abattu lâchement à l’accueil à l’aéroport ?
Comment peut-on croire que la France toute entière a soutenu SERVAL ?
Je m’incline au passage, devant la mémoire de nos confrères Gislain Dupont et son compagnon avant de poursuivre.
Concédons donc à notre président la lourde responsabilité qu’il a prise d’accéder aux doléances du président de ceux qui, jusqu’aujourd’hui, nous garantissent le sommeil au péril de leur vie.
François Hollande avait besoin de sauver Serge Lazarevic, pour proclamer la guerre totale aux djihadistes et se libérer des caprices du minuscule mouvement MNLA dont les derniers combattants sont réduits à la guerre pour la survie.
IBK, notre président avait aussi besoin de ce soutien de la France pour s’assurer que le nord de notre pays sera enfin nettoyé, pour que le Mali soit enfin un Nation souveraine.
En acceptant de libérer les deux criminels, IBK (pour ceux qui le connaissent) s’est certainement d’abord assurer de certains soutiens dans le cadre de la stabilisation du nord du Mali. Sans insulter nos braves soldats qui triment sous le chaud soleil de Tégargar, de Tinzawatin, nous savons bien qu’ils besoin de l’appui des forces françaises pour récupérer leurs différentes positions.
Ne soyons pas dupes de croire que le Mali, sera Mali, sans le nord. Nous en avons besoin, et le président IBK a promis qu’aucun centimètre de notre territoire ne sera cédé à quelque diable que ce soit. Pourquoi, ne l’accompagnons nous pas dans ce combat ?
Si l’on convient que la Paix n’a pas de prix, laissons couler tout en restant vigilant.
A notre avis, IBK n’a pas eu tord de concéder la libération des deux prisonniers. Rappelons que l’une des plus grandes puissances militaires du monde, l’Israël a plusieurs fois libérer des centaines de présumés terroristes appartenant au HAMAS. Suivez donc mon regard !
Abdoulaye Niangaly
Source : La Dépêche