Avec le sens de l’amalgame propre aux moments de passions et de tensions, le lâche assassinat de Kidal du samedi sera imputé à n’importe quel porteur de turban. Pourtant on ne peut pas incriminer n’importe quel visage Touareg. On ne peut pas, sans que l’enquête le révèle, incriminer déjà le  Mnla en tant que mouvement. On ne peut pas dire que Mnla égale Ansardine et qu’Ansardine égale Aqmi, car ici c’est la nuance qui fait la différence. On ne peut, non plus faire le raccourci entre la mort de Ghislaine Dupont et celle de Jean Daniel.

Jean Daniel a été tué en journaliste chevronné et scrupuleux devant être réduit au silence par le démon pouvoiriste. Ghislaine Dupont payé, non pour ce qu’elle disait, mais pour sa nationalité. Elle et Claude Verdon ont été assassinés parce qu’ils étaient Français. Ce n’est pas moins grave. Ce n’est pas moins triste. Ce n’est pas moins révoltant. Et c’est dur d’admettre qu’on n’entendra plus  les coups de gueule de cette passionaria du micro qui était, qu’on l’aimât ou non, l’avocate d’une Afrique lisible et respectable. A cet égard, il est incontestable qu’ elle vient allonger la liste des martyrs de la guerre du Sahel. Il est aussi évident qu’elle et son technicien sont les victimes regrettables de la bête humaine qui a craché son feu cette fois à Kidal mais qu’on peut rencontrer partout. Là s’arrêtent les certitudes et naissent les prismes et les mirages de l’Adrar où la vérité absolue n’existe pas. On se prend simplement à souhaiter que cette fois, l’assassin paie son forfait et que la mort de Ghislaine soit le déclic pour débat objectif et serein sur Kidal et sa place dans la République du Mali. Les larmes du Président du Mali qui sont celles de toute la nation, pleurent certes la mort de Ghislaine qui était chère à beaucoup d’Africains. Mais ce sont aussi des larmes versées pour un pays qui a tout pour reprendre et se repositionner, divers mais uni, face aux défis du Sahel  que l’ombre de Ghislaine pacifiera, nous en sommes certains.

Adam Thiam

Pour arawane.express.com