Le djihadisme qui s’est installé sous la forme du terrorisme, s’est attiré la convergence contre lui des forces antiterroristes. Mais comment combattre les conflits entre les communautés, le malaise destructeur au relent interethnique ? Comment rétablir l’ordre et la sécurité au nord et au centre du Mali, tout en enclenchant une relance économique dans une parfaite implication des populations locales ?
Si l’on se réfère aux récentes communications de Barkhane et des Forces armées maliennes, le terrorisme serait en perte de vitesse et de terrain au nord du Mali et au centre, depuis des raids ayant occasionné la disparition de responsables du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (Katiba Ansar Eddine du Macina); et la traque engagée par la coalition MSA/GATIA dans la région de Macina contre Idnan Abou Sahraoui de l’Etat islamique du Sahara.
Cependant, en décembre dernier la région de Ménaka a connu une folie meurtrière des assaillants qui ont tué une quarantaine de personne, selon le MSA. Les attaques se suivent, des exécutions sommaires de civils aussi, et les groupes armés sont très impliqués dans les patrouilles anti-terroristes. Le jour de l’an le village de Koulogon dans le cercle de Bankass a été plongé dans le deuil, 37 personnes y ont été massacrées par un groupe armé dit des ‘’donzos’’. Enseignement, le nord aussi bien que le centre s’incrustent dans la pagaille, et du côté des hautes autorités ça cafouille toujours : le mal s’est métastasé. On ne parle plus du parc d’aéronefs acquis à coûts de milliards de FCFA et dont on ne voit pas l’incidence sur la réduction de la violence. Les communautés du centre, elles-mêmes, ont pris le relai des terroristes et tentent de pérenniser un terrorisme manipulé.
A son réveil crépusculaire, le Conseil national de la Société civile (CNSC) a dit ses quatre vérités : « seules les Forces de Défense et de Sécurité du Mali disposent du droit et de la légitimité d’être armées dans le cadre de leur mission régalienne de protection des personnes et de leurs biens », et poursuit le CNSC, « toute unité irrégulière non-étatique est illégale. Par conséquent, la Société civile invite l’Etat à prendre toutes ses responsabilités et à considérer tout autre détenteur d’arme de guerre comme terroriste ». Le message de Boureima Allaye Touré, président du CNSC qui a donné un point de presse le 15 janvier, avant d’annoncer un meeting pour le 19 janvier prochain, est on ne peut plus clair : il faut désarmer et dissoudre tous les groupes armés. Mais, cela est plus facile à dire qu’à faire, et ce n’est pas le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga qui dira le contraire. A l’hémicycle, il a soutenu qu’il ne peut pas promettre zéro militarisation. Les députés voulaient juste un engagement à désarmer les groupes armés du centre. Mais certaines milices sont plus anciennes que celles du centre. Peut-on avoir une bonne et une mauvaise milice ? Autant de groupes armés opèrent au Mali et s’appellent Mnla, Maa, Gatia, Msa, Dana amassagou, Katiba du Macina. Triez ceux qui vous paraissent bons, pour les désarmer.
B. Daou
Le Républicain