Le seuil des 500 morts a été franchi en six mois d’épidémie Ebola dans l’est de la République démocratique du Congo, où le ministre de la Santé a parlé à l’AFP des difficultés de la riposte.
« Au total, il y a eu 502 décès et 271 personnes guéries », a indiqué vendredi soir le ministère de la Santé dans son bulletin quotidien.
Le ministère avance le chiffre total de 800 cas confirmés ou probables de fièvre à virus Ebola, qui se traduit par des vomissements, des diarrhées, des nausées et des saignements internes et externes.
L’épidémie a été déclarée le 1er août 2008 à Beni-Butembo, dans cette partie du Nord Kivu fief de nombreux groupes armés, à la frontière de l’Ouganda et du Rwanda.
Le passage de 400 à 500 morts a pris moins d’un mois, depuis le 15 janvier. « Ces dernières semaines, le nombres de cas en plusieurs endroits du Nord Kivu est monté en flèche », a écrit samedi la branche espagnole de l’ONG Médecins sans frontière (MSF).
« Des pays (voisins) comme le Soudan du Sud, l’Ouganda et le Rwanda sont en alerte », poursuit MSF-Espagne sur Twitter. Plus de 3.000 membres du personnel de santé ont été vaccinés à titre préventif en Ouganda depuis novembre.
« C’est actuellement la plus grosse épidémie après celle de l’Afrique de l’Ouest », a rappelé le docteur Michel Yao, coordonnateur de la riposte contre Ebola pour l’Organisation mondiale de de la Santé (OMS).
– 11.000 morts en 2014 principalement dans 3 pays –
L’épidémie d’Ebola avait tué 11.000 personnes en 2014, principalement en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée.
Le ministère de la Santé, l’OMS et des ONG comme MSF se coordonnent depuis août pour tenter d’enrayer la propagation du virus, qui se transmet par le moindre contact avec les fluides corporels des personnes malades ou récemment décédées.
Leurs activités ont parfois été suspendues pour des raisons sécuritaires après des attaques à Beni contre des civils attribuées aux miliciens armés des ADF (Forces de défense alliées).
Ebola et le contexte sécuritaire ont entraîné un report des élections générales du 30 décembre au 31 mars, ce qui a nourri en retour la colère de la population.
Ce ne sont pas les seuls obstacles. « Ce qui pose le plus de problème, c’est la grande mobilité de la population », souligne le ministre congolais de la Santé, Oly Ilunga Kalenga.
– Fortes réticences de la population –
Le docteur Ilunga insiste tout autant sur les fortes « réticences » d’une partie de la population envers la prévention, les soins et les enterrements sécurisés des victimes.
C’est notamment le cas à Katwa près de Butembo, nouvel épicentre de la maladie après Mangina et Beni. « Ce qui est particulier c’est la forme violente de l’expression du déni par certaines catégories de la jeunesse, qui attaquent des centres de santé, des équipes de riposte, et même les familles qui collaborent ».
Les autorités sanitaires veulent voir des signes d’espoir. Pratiquée pour la première fois, la vaccination a protégé 76.425 personnes et permis d’éviter des « milliers » de morts, selon le ministre de la Santé.
« Je crois qu’on a évité la propagation de l’épidémie dans les grandes villes. L’épidémie n’a pas atteint les grandes villes comme Bunia, Kisangani et Goma. Les équipes sont également parvenues à contenir la propagation de l’épidémie dans les pays voisins », poursuit le ministre Oly Ilunga Kalenga.
« Je crois qu’une fois que la situation à Katwa sera maîtrisée, on ira vers la fin de l’épidémie », poursuit-il, sans avancer de date.
Des signes d’inquiétudes persistent. Des cas ont été enregistrés récemment dans l’armée, avec deux militaires guéris après un passage dans un Centre de traitement (CTE).
« Tant qu’on n’aura pas contrôlé l’épidémie dans toutes les zones, aucune des zones n’est à l’abri, y compris même celles qui ne sont pas dans la province du Nord-Kivu et de l’Ituri », prévient le responsable de l’OMS, Michel Yao.
lalibre