C’est ce qu’on pourrait appeler un bon film à rebondissements. Sauf qu’ici, c’est l’avenir de millions de maliens qui se joue. Mais les groupes armés ne semblent pas s’en rendre compte. Ils continuent leur jeu sournois et prennent en otage la paix.
Depuis lundi, il était prévu des discussions directes entre le gouvernement et les mouvements armés du nord du Mali. Malheureusement, de cette date à aujourd’hui on assiste à des réunions qui, si elles ne sont écourtées par certains groupes, sont boycottées par d’autres. Ce ralentissement des négociations est dû aux multiples trahisons au sein des mouvements armés.
La source de ces dissensions vient d’un protocole d’entente signé entre tous les mouvements armés, à l’exception de la CMFPR originel. Il ressortait de cette convention que le MNLA, le HCUA, le MAA-dissident, la CMFPR2, le MAA et la CPA, s’entendent pour réclamer ensemble un « système fédéral » comme mode de gestion institutionnelle des régions du nord du Mali.
« Les parties ont convenu d’un statut politique et institutionnel pour l’Azawad à travers le système fédéral à faire reconnaitre par l’Etat malien et à la communauté internationale », pouvait-on lire dans le protocole d’entente.
Mais seulement, voilà que juste après la signature de ce protocole des voix discordantes se sont fait entendre dans les rangs du MAA et de la CPA.
Les frondeurs de la Coalition pour le Peuple de l’Azawad (CPA) ont même sorti une décision dans laquelle ils excluaient « définitivement » Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, Aboubacar Hagadoumbou Touré, Mohamed Ousmane Mouhamedoune pour avoir fait « le choix unilatéral et sans aucune forme de concertation quelconque de rejoindre le groupement des mouvements armés de la déclaration d’Alger du 09 juin 2014 », c’est-à-dire la coordination des mouvements MNLA-HCUA-MAA dissident.
La réaction de l’exclu Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, le président de la CPA, ne s’est pas fait attendre.
Il a, à son tour, sorti un communiqué dans lequel il prononce, après « une réunion extraordinaire du bureau politique et militaire tenu le 16/09/2014 à 22h 00 à l’Hôtel Al Aurassi », l’exclusion de Hamady Ould Chieck , Abdoulaye Seydou Dicko, Mahmoud AG Mohamed. Ces nommés sont les auteurs de la mesure d’exclusion du président de la CPA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh.
A croire que la traitrise est une seconde nature chez les leaders des groupes armés.
En effet, le même Ibrahim Ag Mohamed Assaleh qui est tant lié aujourd’hui au MNLA était un farouche dissident de ce mouvement qu’il a quitté pour fonder sa CPA. Comment comprendre qu’il soit celui qui engage, au prix de l’existence de son mouvement, ses militants sur la voie criminel du MNLA ?
Tout ce cinéma est la preuve que les groupes armés ne se soucient guère du retour de la paix au nord du Mali. Leurs membres ne sont intéressés que par des intérêts qui malheureusement sont également changeants au fil des heures.