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Dr. Moussa Coulibaly sur la crise Mali-Côte-d’Ivoire : Un test pour les religieux ?

Selon le sociologue, Dr Moussa Coulibaly, la dynamique des religieux maliens et ivoiriens autour des valeurs de l’islam peut être un levier non seulement pour régler ce conflit, mais pour entretenir la même dynamique en la transformant en force d’opposition idéologique au fondamentalisme djihadiste dont Kouffa et Iyad sont les ténors. Pour lui, la partie malienne tout en jouant la carte de la prudence, doit accorder une parcelle de manœuvre aux religieux de ces deux pays et analyser sérieusement leurs propositions de sorties de crise.

Depuis quelques semaines, les religieux maliens et ivoiriens sont en train d’accorder leur violon pour créer les voies et les moyens d’un dialogue fécond pouvant aboutir à un règlement pacifique du conflit diplomatique entre les peuples ivoirien et malien, dans l’affaire des 49 mercenaires.

Si des contestations et manifestations isolées autour des activités culturelles d’artistes maliens en côte d’ivoire ont été signalées, notre Sociologue Dr. Coulibaly estime qu’il y a des raisons d’espérer un dégel de la tension par l’intervention de la sphère religieuse des deux pays dont l’un est une continuité historique, géographique et culturelles de l’autre. A ses yeux, le contexte sécuritaire actuel doit militer pour une baisse de tension quand on sait que le djihadisme est en train de se déplacer de plus en plus vers le sud et vers les régions du Golfe de Guinée.

Il rappellera que depuis une dizaine d’années, on n’a pas assisté à une descente aussi significative des religieux dans l’arène politique et sociale au niveau sous régional pour ensemble fédérer leurs efforts pour la paix. « En général, les religieux ont été des acteurs au niveau de leur propre pays comme au Mali, mais cette fois ci une coordination de leurs efforts au plan sous régional doit être encouragée pour qu’ils jouent leur partition pour plusieurs raisons », dit-il. D’abord l’islam prêche la paix mais surtout les populations de ces différents pays sont unies très souvent par des liens de parenté qui résistent à toutes les épreuves.

Il croit fort qu’une mauvaise paix entre ces deux pays vaut mieux qu’une bonne guerre. « Un éventuel conflit ne ferait que renforcer les conditions d’instabilité en ouvrant une brèche à ces djihadistes, qui tentent de se réorganiser pour mieux frapper. Ce djihadisme a des cellules dormantes en Côte d’ivoire, au Burkina, au Ghana et au Togo », prévient-il. Toutefois, notre sociologue reste convaincu que l’erreur serait d’aller dans le sens de l’orgueil.

Le Mali se remet des plus dures épreuves de son histoire postindépendance et les Ivoiriens ont du mal à présent à se remettre de la douloureuse épreuve de la crise postélectorale. A ses dires, « un conflit avec le Mali risquerait, au regard des réalités anthropologiques et sociologiques de devenir “la deuxième partie” du conflit postélectoral de la Côte d’Ivoire qui pourrait aussi s’étendre à la guitare Conakry et au Burkina Faso ». Par ailleurs, Dr. Coulibaly, reconnait les efforts du gouvernement de la transition qui selon lui, a eu la sagesse de faire preuve de retenue et de donner une chance aux négociations.

Ibrahima Ndiaye

Source : Mali Tribune

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