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Dioncounda Traoré: « Le bilan de l’intervention française au Sahel est très positif »

Dioncounda Traoré, l’ancien président du Mali de 2012 à 2013, était l’invité du Forum de Rhodes, organisé par le Dialogue of civilisations Research institute.
Ce centre de réflexion basé à Berlin est dirigé par Vladimir Iakounine, ancien patron des chemins de fer russe, réputé proche du Kremlin.

La Croix : Vous étiez président par intérim du Mali au moment de l’intervention française, en janvier 2013, contre les groupes djihadistes qui s’étaient emparés du nord du pays. Pouvez-vous revenir sur les conditions de cette opération ?

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Dioncounda Traoré : Au départ, la communauté internationale estimait qu’il s’agissait d’un problème malien qui devait être réglé par les Maliens eux-mêmes, et à la limite par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), voire l’Union africaine. Pendant des mois, j’ai insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une menace globale et qu’en nous aidant, nos partenaires s’aideraient eux-mêmes. En parallèle, la France a mené une action intense auprès du conseil de sécurité des Nations unies afin de sensibiliser les membres permanents sur les risques d’un effondrement du pays.

Le 10 janvier 2013, les insurgés islamistes d’Aqmi, du Mujao et d’Ansar Dine progressent vers le sud du Mali et chassent l’armée de la localité stratégique de Konna… Comment réagissez-vous ?

D.T. : Nous avions défini avec les autorités françaises une ligne rouge qui ne devait en aucun cas être franchie par les terroristes. Nous savions que les Nations unies étaient une lourde machine qui se réveillerait trop tard. Soixante-douze heures avant l’offensive des djihadistes, François Hollande m’a appelé. Il m’a dit : « Mon frère, tu penses qu’ils vont attaquer ? ». Il était sceptique. J’ai dit oui car les terroristes se sentaient forts. Le président français m’a assuré de son soutien en disant : « D’accord, mais j’ai besoin que tu me dises de venir. » J’ai rédigé une lettre en ce sens. Trois jours après, ça n’a pas loupé. Quand ces gens (NDLR : les groupes insurgés) ont défoncé nos lignes, j’ai envoyé la lettre et la France est intervenue avec le soutien unanime du conseil de sécurité. Si elle n’avait pas lancé l’opération Serval, ils seraient arrivés à Bamako.

Quel bilan faites-vous des interventions militaires étrangères au Mali ?

D.T. : C’est un bilan très positif. Le Mali était à genoux. Grâce à l’intervention de la France appuyée par la sous-région, les territoires ont été libérés. Mais les problèmes ne sont pas réglés pour autant : une guerre asymétrique contre la civilisation se poursuit, au Mali comme ailleurs, avec des pays du Moyen-Orient qui financent les groupes armés et transposent à l’étranger leurs querelles. Si les opérations militaires restent indispensables contre ces groupes qui sèment la terreur, il faut mettre en place un dialogue franc et sincère avec les populations du Nord.

Reste qu’en multipliant des projets d’aide aux populations du Nord pour démontrer que leurs habitants n’étaient pas des citoyens de seconde zone, on a créé des sentiments de frustration dans le pays, et plus particulièrement dans la région du centre. On peut craindre que les problèmes du Nord ne fassent tache d’huile car de Kidal à Kayes, les problèmes de développement sont les mêmes.

La présence française s’éternise au Mali quatre ans après les débuts de l’opération Serval. N’est-ce pas une forme d’échec ?

D.T. : Initialement, la France ne devait pas rester indéfiniment. Avec François Hollande, nous avions jeté les bases d’une sortie de crise rapide et graduée. Tout avait été pensé en amont. Mais on a raté la transition du fait principalement de certains hommes politiques maliens. Ils n’avaient pas compris la nature du problème, ils pensaient qu’on pouvait se débrouiller sans la France. Quand ils se sont rendu compte qu’ils faisaient fausse route, on avait déjà perdu deux ans. Tout le travail a été réduit à néant et il a fallu recommencer à zéro.

Entre-temps la mission de maintien de la paix de l’ONU est venue à la place de l’opération Serval. Vous avez très bien comment ça se passe : ces casques bleus sont des fonctionnaires qui gagnent leur vie. Pour certains, plus une mission de maintien de la paix dure, mieux c’est.

Peut-on aujourd’hui évoquer un retrait des forces françaises du Sahel ?

D.T. : La présence des troupes étrangères va devoir se prolonger un peu. Nous n’avons pas d’armée. Dans la sous-région, la plupart des pays sont dotés d’armées d’opérette, capables simplement de défiler les jours de la fête nationale de l’indépendance, de perpétrer des coups d’État ou de s’attaquer à des civils sans défense. Nous ne pouvons pas faire face aux défis sécuritaires. C’est dommage pour le Mali, pour la France et pour tous les pays de la région. Ils nous ont aidés à exister. Nous autres Maliens ne jouons pas notre rôle dans l’affaire. Nous avons le devoir d’utiliser nos petits moyens et nos petites responsabilités.

Par la-croix.com

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