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Diéma : Avec le froid, attention au charbon de bois

Diéma, 10 Nov (AMAP) Pour échapper au froid, certaines personnes s’enferment dans leur chambre, la nuit,  avec un fourneau rempli de charbon de bois allumé. Cette pratique ancestrale, vieille de plusieurs siècles, peut provoquer la mort par asphyxie. Selon les spécialistes, le gaz carbonique qui se dégage du charbon de bois, pollue l’air comprimé dans la chambre et le rend irrespirable.

Dans le cercle de Diéma, selon les constats, chaque année ou presque, on enregistre dans des villages et hameaux, des cas de décès liés à l’utilisation du charbon de bois, dans la chambre, pendant la nuit.

Cette année, déjà en octobre, le froid a déja pris une certaine allure dans le cercle de Diéma. Il a commencé à s’intensifier. La température affiche parfois 12°C, la nuit. Cette fraicheur persiste jusqu’au matin,  voire toute la journée. Souvent, les rayons du soleil refusant de de se pointer.

Selon certains observateurs, l’intensité du froid s’explique par l’abondance de la pluviométrie. L’année où il pleut abondamment, le froid devient plus intense. La présence de collines, de rivières et de cours d’eau, dans une localité, favorise également, le froid, de même l’état sablonneux des sols.

Généralement, le froid affecte les couches vulnérables que sont les personnes du troisième âge, les femmes et les  enfants. C’est pourquoi, il est déconseillé aux mamans de laver leurs enfants à l’air libre. Elles doivent, aussi, prendre soin de les habiller chaudement pour les protéger du froid.

Le froid est une période difficile à supporter pour de nombreuses autres personnes. Il peut entraîner des maladies respiratoires, avec leurs corolaires de rhume, toux, bronchite et pneumonie, sans exclure le rhumatisme.

Alassane, lui, trouve que pour résister au froid, il faut bien manger. « Le froid atteint les os de celui qui est affamé », lance-t-il.

Ousmane Diallo raconte que son cousin, jeune marié et sa « Diombadio » (nouvelle mariée en peul), qui habitaient dans un campement peul, ont été retrouvés morts asphyxiés, sous leur tente. « Cette nuit-là, explique notre interlocuteur, il faisait un froid à ne pas mettre un chien dehors ».

Après avoir trait ses vaches, la victime est allée se coucher, épuisé par une longue marche, à la recherche de ses moutons égarés. « Sa femme a pris un peu de braises et y a ajouté du charbon de bois. Mon cousin s’enferma avec son épouse, bouchant même les moindres trous de leur abris sommaire par des chiffons pour empêcher toute infiltration d’air », poursuit l’homme.

Le matin, à l’heure d’attacher les veaux pour les empêcher de téter, lorsque les enfants n’ont pas vu sortir leur père, ils se sont inquiétés. L’aîné a frappé, plusieurs fois, à la porte en bois d’ébène de la tente. Sans succès. Alors, il a décidé de  forcer l’entrée.

C’est ainsi qu’il a découvert les corps sans vie de ses parents. Des cris de détresse, en peul, ont envahi le petit campement.

Tous nos interlocuteurs interrogés sur le sujet reconnaissent les dangers de cette pratique. Ils conseillent de prendre des dispositions pour sensibiliser davantage les populations, afin d’y mettre fin.

Kantara Diawara ne se lasse pas de dire à ses femmes de ne pas allumer le charbon de bois, dans leur case, pendant la nuit. « Ne le faites jamais, même s’il neige », repète l’homme.

A Tinkaré, la pratique avait cours. Issa Tounara, gérant de l’adduction d’eau de ce village, raconte que lorsqu’arrive le froid, les membres de la famille s’installent, généralement, autour du feu de bûche dans la cour de leur maison. Ils prennent du thé, décortiquent, souvent, l’arachide ou épluche du dah. Au moment d’aller se coucher, personne ne s’enferme du feu dans sa chambre, quel que soit le degré du froid.

A en croire Coumba Diarra, élue à Dianguirdé, avant que les gens ne comprennent, la pratique faisait de nombreux dégâts dans la commune, « mais, actuellement, avance-t-elle, elle est si devenue rare ». Certains allument du bois, dans la cour de leur maison. Ils entretiennent la causerie, souvent, jusqu’à une heure indue, avant d’aller se coucher.

Lors de ses visites à domicile, l’infatigable Thiéssama Fofana, relais communautaire à Fangouné Kagoro, s’entretient avec les populations des pratiques néfastes, notamment l’utilisation du charbon de bois dans la chambre, durant cette période de fraicheur. Ami Magassa, relais communautaire, mène le même combat, quotidiennement, à Diéma.

La radio Jamana joue un rôle capital en matière d’information et de sensibilisation afin de parvenir à un changement radical de comportements, dans le cercle de Diéma.

Aujourd’hui, beaucoup de femmes préfèrent brûler de l’encens dans leur chambre pour se réchauffer que de s’enfermer avec du charbon de bois allumé. Surtout si l’encens, commente Diouldé, est du « Goyékounan », une substance en forme de pois sucré, qui a un triple rôles. « Il apporte non seulement de la chaleur, permet d’éloigner les moustiques, mais aussi atténue les mauvaises odeurs », déclare la dame, en promettant d’en faire venir de Kayes, pour renouveler  son stock épuisé.

De l’avis d’Aïchata Dia, Présidente de l’Association de santé commmunautaire (ASACO) de Fassoudébé, cette mauvaise pratique qui détruit plus qu’elle n’arrange, est en train de disparaître dans sa commune. « Beaucoup de femmes, explique-t-elle, brûlent de l’encens. Et, au moment de dormir, elles font sortir le « béloni » (l’encensoir), pour ne pas provoquer d’incendie ».

Pour que cette pratique, vieille de plusieurs siècles, disparaisse définitivement des habitudes des populations, il faut l’implication totale de tous les acteurs, ONG, élus, chefs traditionnels et religieux, Réseau des communicateurs traditionnels pour le developpment (RECOTRADE), radios de proximité, associations de femmes et de jeunes, pour renforcer la sensibilisation auprès des populations.

OB/MD (AMAP)

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