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Destruction des mausolées de Tombouctou : réparations en faveur des victimes

Le président de la Transition, Bah N’Daw, a présidé hier au Centre international de conférences de Bamako, la cérémonie de remise de l’euro symbolique à notre pays et à la communauté internationale par le fonds au profit des victimes. Ce fonds met en oeuvre le programme de réparation du préjudice matériel et moral subi par le peuple malien avec la destruction des mausolées et autres biens culturels et religieux à Tombouctou en 2012.

Première dans le monde en termes de réparations pour les victimes de crimes contre des biens culturels, cette cérémonie a eu lieu suite à la condamnation d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi par la Cour pénale internationale (CPI). Ce dernier a comparu devant la juridiction internationale pour son rôle dans la destruction des mausolées de Tombouctou en 2012. La procureure Fatou Bensouda avait indiqué lors de son procès que diriger des attaques contre des monuments historiques et bâtiments consacrés à la religion constitue un crime de guerre réprimé par le Statut de Rome. Le 27 septembre 2016, l’accusé a été condamné à 9 ans d’emprisonnement et la CPI a ordonné l’octroi de réparation individuelle, collective et symbolique en faveur de la communauté de Tombouctou. Ensuite, la Cour a reconnu que la destruction des bâtiments protégés a causé des souffrances à toute la population du Mali et à la communauté internationale. C’est pourquoi, elle a évalué la responsabilité de l’accusé aux fins de réparation à 2,7 millions d’euros (1,775 milliard de Fcfa).

Dans son intervention, la procureure de la CPI a indiqué que cette cérémonie était à la fois symbolique et historique. Elle atteste de l’importance cruciale de la réparation pour les victimes dans les procédures judiciaires devant la CPI. Mais aussi, de son importance dans la reconstruction sociale dans les sociétés violentées par les crimes atroces. Selon Fatou Bensouda, c’est au Mali que la Cour a connu sa première expérience en matière de protection de patrimoine culturel et de réparation de victimes ayant souffert de crimes de destruction de biens et de bâtiments historiques et religieux.

Pour sa part, Harber Kounta, porte-parole des victimes a indiqué que ces mausolées vandalisés n’ont pas seulement une dimension religieuse mais ils sont aussi un facteur de cohésion sociale pour tout le Mali. Il a rappelé que le programme de réhabilitation de l’Unesco en collaboration avec le ministère de la Culture a permis de reconstruire les édifices détruits. Cependant, il a attiré l’attention des autorités sur le fait que le paysage architectural de Tombouctou qui faisait la fierté du pays est victime d’agression de nos jours.

UN PROGRAMME DE 1,775 MILLIARD DE FCFA-De son côté, la présidente du conseil de direction du fonds au profit des victimes a précisé que ce fonds, au même titre que la CPI a été créé par le Statut de Rome. Selon Mme Doumbia Mama Koïté, la CPI a un rôle judiciaire et le fonds, un rôle de réparation.
Pour elle, ce fonds a été créé par les États partie à côté de la Cour pour honorer leurs engagements au profit des victimes. Elle se réjouit que cette cérémonie concrétise l’ordonnance de réparation des juges de la CPI rendue dans l’affaire Ahmad Al Faqi.

Mme Doumbia Mama Koïté a indiqué que les réparations pour les victimes de Tombouctou s’articulent autour de trois axes : un dispositif de restauration du patrimoine, un dispositif de commémoration et un dispositif d’appui économique. Elle a annoncé qu’il sera donné à Tombouctou un programme de 1,775 milliard de F cfa pour la réparation des préjudices dont les activités ont commencé le 1er janvier et dureront trois ans.

Le directeur général adjoint de l’Unesco, quant à lui, a souligné que le patrimoine millénaire du Mali a été pris pour cible car il racontait une histoire complexe, plurielle, fascinante, riche de sens et symbole pour le peuple malien. Pour Qu Xing, en 2016, pour la première fois dans l’histoire, des destructions de patrimoine culturel ont été reconnues comme crimes de guerre en faisant l’objet d’une condamnation par la CPI. Il a rappelé que l’Unesco s’est mobilisée aux côtés du peuple malien avec l’aide de ses partenaires pour reconstruire et sauvegarder le patrimoine détruit.

Prenant la parole, le chef de l’État a apprécié la détermination de la CPI qui fait de la lutte contre l’impunité son cheval de bataille en jugeant et condamnant les personnes accusées d’avoir commis les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale. Bah N’Daw a dit accepter avec honneur l’euro symbolique en réparation du préjudice matériel et moral subi par le peuple malien. « Cette remise de l’euro symbolique n’est que le couronnement d’une décision de justice qui sanctionne la destruction des biens culturels comme crime de guerre», a-t-il déclaré.

Pour le président de la Transition, la condamnation d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi et l’ordonnance de réparation collective et individuelle serviront d’exemples à ceux qui dirigent et accomplissent intentionnellement une attaque contre les biens culturels dans le monde. La cérémonie a pris fin par la remise de l’euro symbolique au président Bah N’Daw au compte du Mali et à Qu Xing au compte de la communauté internationale par la présidente du fonds, Mme Doumbia Mama Koïta, ainsi que par la signature du certificat de remise.

Dieudonné DIAMA

Source: Essor
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