Les dérives de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) que chacun aime dénoncer à tort ou à raison sont celles que les régimes politiques successifs du Mali démocratique ont rendu possibles parce qu’ils en tiraient profit.
En effet, après la chute du régime autocratique de Feu Gal. Moussa Traoré, les Leaders de l’AEEM avaient des revendications légitimes dont voici une copie ci-dessous. Au lieu d’apporter des réponses efficaces et efficientes à ces revendications pour “X” ou “Y” raison, les Présidents démocratiquement élus ont préféré faire du “diviser pour mieux régner” en utilisant tous les stratagèmes pour monter les Étudiants les uns contre les autres transformant ainsi l’espace scolaire et universitaire en un champ d’affrontements où toutes les armes étaient utilisées.
Les Étudiants les plus studieux ont été progressivement écartés au profit des médiocres qui n’avaient
d’autres agendas que de semer le trouble afin de servir l’intérêt du locataire de Koulouba. Ce n’est donc
pas l’AEEM qui est en cause pour être dissoute mais les milieux mafieux qui l’ont toujours instrumentalisé à des fins politico-politiciennes.
Chacun vient dans l’espace scolaire avec l’éducation qu’il a reçu dans sa famille et ce n’est pas de
la responsabilité des dirigeants de l’AEEM d’éduquer les militants de ladite structure mais de revendiquer pour eux les meilleures conditions possibles d’études. En un mot comme en mille mots la dissolution
de l’AEEM n’est pas une solution car ce ne sont pas les textes qui la régissent qui sont en cause mais le
choix des hommes chargés d’assurer son bon fonctionnement dans l’intérêt des élèves et Étudiants et
dans celui de l’école malienne.
Par ailleurs, dans la Constitution malienne le coup d’Etat est considéré comme un crime imprescriptible mais dans l’armée malienne on trouve toujours des militaires pour faire des coups d’État en violation
de tous les textes régissant le fonctionnement d’une armée républicaine. Malgré les différentes réformes apportées à notre outil de défense national il existe toujours des militaires prêts à faire un coup
d’État. C’est quoi le problème quand on sait qu’au Sénégal voisin les militaires restent toujours à la
disposition et au service de la République ?
Ce qui se passe au sein de l’espace scolaire et universitaire est le reflet de la société malienne. La cupidité et la boulimie du pouvoir font que les textes de la République et de nos différentes structures politiques n’ont jamais été respectés par ceux-là mêmes qui sont chargés de veiller sur leur respect.
PS: Mé MORANDUM DE L’AEEM signé sous la transition après la chute du
Général Moussa Traoré.
L’AEEM (Association des élèves et étudiants du Mali), victorieuse du régime de l’UDPM et désormais
consciente tant de son importance que de sa force politique, présenta aux autorités de la transition un
éventail de revendications présentées sous forme de cahier de doléances. Ces doléances furent
examinées et débattues en toute sérénité par un aréopage de 27 (vingt-sept) personnalités techniques dont le Ministre de l’éducation nationale ( président de la séance), son directeur de cabinet, son conseiller technique, les représentants respectifs de la DAF (un), de la DNESGTP (un), de la DNEF
(un), de la DIPN (un), de la DNES (un), de l’APE (quatre), du SNEC (six), de l’AEEM (huit), de l’ORTM
(un). À l’issue des travaux, les différentes parties ont convenu de ce qui suit :
1- Augmentation du taux des bourses des étudiants : 50% à partir de Mai 1991 et 75% à partir de Janvier 1992. Il reste entendu que les bourses de l’enseignement normal, compte tenu du niveau de recrutement sont alignés sir celles de l’enseignement supérieur. L’augmentation porte sur toutes les rubriques de la bourse de l’enseignement supérieur.
2- Réinstauration des bourses dans les établissements d’enseignement secondaire général, technique et professionnel.
Augmentation de 50% pour octobre 1991 et 75% pour janvier 1992. Détermination des critères d’attribution des bourses. Prendre en compte les propositions faites par l’AEEM. Pour les établissements
d’enseignement secondaire général, technique et professionnel où la bourse existe déjà, la même
hausse doit intervenir : 50% en Mai 1991 et 75% en Janvier 1992.
3- Réouverture des internats dès octobre 1991 dans les établissements où les structures existent déjà (accord de principe) :
• Lycée de Badala
• Lycée de jeunes filles
• Lycée de Markala
• Lycée de Banamba
• Lycée de Bougouni
• Une cantine à Dioïla
Pour l’enseignement supérieur :
• EHEP
• ENPT
• ENMP et IPR (amélioration des
conditions).
• État des lieux et évaluation
• Les comités AEEM, le SNEC et les APE seront associés aux investigations sur le terrain pour l’ouverture des internats là où les structures existent déjà. Ils seront également associés aux investigations pour l’ouverture des internats dans les écoles non citées.
4- Ouverture et/ou approvisionnement effectif des cantines scolaires
: accord de principe. La commission d’investigation qui sera créée et comprenant notamment les représentants des APE, du bureau exécutif du SNEC, des ministères de l’Action Sociale, des travaux pu-
blics, de l’économie et des finances, de l’intérieur et de l’administration territoriale et de l’éducation nationale, déterminera les lieux d’implantation des cantines scolaires (en zone rurale et dans les écoles où les structures de l’internat n’existent pas encore) et en fera des études approfondies.
La gestion des cantines scolaires existantes en milieu rural sera améliorée et L’AEEM y participera.
5- Prise en charge par l’État des frais de mémoire (dactylographie, papier, stencils, reliures, couverture). Accord de principe ( il appartient à chaque école de s’organiser dans ce sens).
6- Effectivité de la gratuité des soins : consultation et traitement accord de principe (solution liée à
l’augmentation du taux de la bourse, il appartient à l’AEEM de faire une proposition au ministère de l’éducation). Associer le Ministre de la santé dans la recherche des solutions. L’AEEM propose la création d’infirmerie dans tous les groupes scolaires ou écoles et leur approvisionnement en médicaments de base et en personnel compétent. Elle sollicite la gratuité du traitement et des frais d’hospitalisation.
7- Port de la tenue non obligatoire.
8- Dotation effective des écoles en matériels didactiques et fournitures
scolaires.
9- Prise en charge par l’État des frais de stage, nourriture, logement, transport et soins : (accord de principe). Les écoles concernées doivent s’organiser dans ce sens. Les écoles percevront à cet effet les indemnités de stage des élèves et étudiants en année terminale.
10- Amélioration des conditions d’étude dans les établissements privés y compris les medersas.
11- Création et/ou réaménagement de centres culturel et sportif dans les écoles- accord de principe (
ceci devra se faire en rapport avec le département des sports).
12- Construction en nombre suffisant de locaux convenables afin de pallier la pléthore de l’effectif dans
les classes, conformément aux recommandations de L’UNESCO. Estimation des besoins. Faire un
programme de réalisation par an.
13- Affectation d’enseignants de qualité et en nombre suffisant et arrêt des systèmes de double vacation et de double division par la construction de locaux.
14- Équipement effectif des laboratoires et des bibliothèques pour un bon déroulement des travaux dirigés et des travaux pratiques. Les points 12, 13 et 14 trouveront leurs solutions dans le cadre du 4ème
Projet Éducation ( 275 nouvelles salles de classe) et du projet avec la banque islamique (construction de 300 salles de classes).
15- Effectivité des stages avec l’existence d’un rapport de stage obligatoire.
16- Report à Septembre de la deuxième session.
17- Suppression de la moyenne d’exclusion automatique.
18- Orientation de tous les admis au DEF et au Bac notamment des candidats libres- critères à déterminer avec l’AEEM.
19- Représentation des élèves et étudiants à travers leur syndicat dans toutes les instances traitant de leurs problèmes.
20- Orientation des élèves dans les écoles secondaires indifféremment de leur région d’origine en tenant
compte de leur demande et en fonction des capacités d’accueil des écoles.
21- Constitution d’une commission d’enquête indépendante pour déterminer les responsabilités dans la
mort des élèves afin que les auteurs soient punis conformément à la loi. ( Voir avec le ministre de l’intérieur et de l’administration territoriale). La proposition faite par l’AEEM quant à la composition de
la commission d’enquête a été acceptée.
22- Appellation du lycée de Segou « Lycée Abdoul Karim CAMARA dit Cabral » (LAKC) et du second
cycle de Djenné « Second cycle Sory THIOCARY”. Des dispositions seront prises de concert avec les populations concernées pour obtenir leur accord.
23- Suppression de la ruralisation dans sa forme actuelle (acquise) et réflexion à une nouvelle forme de
concert avec tous les partenaires (AEEM, APE, SNEC).
24- Octroi d’un siège à l’AEEM (accord de principe).
25- Accord pour la reprise des cours le vendredi 12 Avril 1991.
En conclusion, les différentes parties se sont engagées à respecter les engagements pris et à mettre
en place une commission de suivi composée de représentants de l’AEEM, du ministère de l’économie
et des finances, du SNEC, de l’APE, du ministère de la santé publique, de l’Action Sociale et de la promotion féminine, du ministère des travaux publics et des transports et du ministère délégué au Budget. C’est l’ensemble de ces engagements dûment signés par tous les participants dont l’AEEM et
les représentants attitrés de l’État qui sont contenus dans cet acte final appelé MEMORANDUM.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate